LE TUEUR S’EST ÉVADÉ
The Killer is loose – États-Unis – 1955
Support : Blu-ray & DVD
Genre : Policier
Réalisateur : Budd Boetticher
Acteurs : Joseph Cotten, Rhonda Fleming, Wendell Corey
Musique : Lionel Newman
Durée : 73 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais, Français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Éditeur : Rimini Editions
Date de sortie : 23 août 2023
LE PITCH
Modeste employé de banque, Leon Poole a aidé une bande de gangsters à réaliser un braquage. Rapidement découvert, il est arrêté chez lui. Mais, lors de son interpellation, le détective Sam Wagner tue accidentellement sa femme. Condamné à dix ans de prison, Poole n’a qu’une obsession : s’évader et tuer à son tour la femme du policier.
Œil pour œil
Réalisateur renommé mais pas forcément célébré, Budd Boetticher s’est créé au fil des années un noyau dur de fans qui louent sans réserve ses qualités de metteur en scène pour les nombreux westerns qu’il a tournés. Rares sont ses exercices en dehors du genre. Raison de plus pour découvrir son incursion dans le film noir avec Le Tueur s’est évadé.
Une des caractéristiques du cinéma de Boetticher reste le tempo de ses films. Ne cherchez pas du gras, le gaillard épure ses films de toutes scènes superflues. Jamais considéré comme un auteur à part entière, il creuse son chemin dans les productions de séries B sans que cela le contrarie le moindre du monde. Il a bien raison. Ce format lui convient bien tout en lui donnant une relative liberté dans sa mise en scène pour des frais et risques minimums pour les studios. Tout le monde en sort vainqueur avec un retour sur investissement rapide. Loin d’être un tâcheron, il réussit malgré tout à imposer un style sec mais pas âpre, rapide mais pas nerveux. Un équilibre qu’il maîtrise film après film comme un lointain cousin de Sam Peckinpah. Sa faiblesse pourrait résider dans des scénarios pas toujours inspirés. Mais comme pour ceux-ci, il en est rarement l’auteur, difficile de lui en tenir grief.
Vengeance
Comme d’habitude, Budd Boetticher se retrouve à la tête de cette production par contrat. Les plaines sauvages de ces westerns laissent la place aux rues peuplées non moins dangereuses des grandes villes. Le Shériff est devenu inspecteur de police (Joseph Cotten) et le justicier s’est muté en serial-killer contre son gré (Wendell Corey). Un postulat de départ des plus intrigants. Un employé de banque aide une bande de malfrats dans un braquage. Pas de bol, il se fait rapidement choper et dans la confusion, son épouse se fait abattre par le policier censé l’arrêter. Sa condamnation à dix années de prison ne fait que nourrir sa haine et provoquer son évasion rapide. Les événements s’enchaînent et comme nous le disions en préambule, le metteur en scène ne met pas moins d’un quart d’heure pour tout boucler sans que ce ne soit confus. L’heure restante se concentrera sur la vengeance où le tueur n’a d’autre idée que de tuer la femme de l’inspecteur quitte à assassiner quiconque se mettra au travers de sa route. Semblant de rien, chemin faisant Le tueur s’est évadé explore des profondeurs de l’âme humaine. Un citoyen dérape pour arrondir ses fins de mois, s’ensuit une escalade de la violence aussi bien verbale que physique. Rien ne prédestinait Leon Poole à devenir un tueur, en cela, la justice l’a aidé. Si Joseph Cotten n’avait plus rien à prouver après ses rôles chez Alfred Hitchcock et Henry Hathaway, il se fait largement voler la vedette par le moins bien connu Wendell Corey. Impassible, le regard froid, il n’hésite pas à commettre des dommages collatéraux pour arriver à ses fins. Il interprète son rôle avec justesse si bien que le spectateur est incapable de le détester complètement. Pire, il en éprouve une compassion malsaine. Derrière tout cela se trouvent une mise en scène et une direction d’acteurs aussi discrète qu’efficaces. Un travail de commande peut-être mais un travail bien fait.
Longtemps invisible en nos contrées, le film s’offre un beau combo chez Rimini. Un bon complément de programme aussi bien pour les aficionados du metteur en scène que pour les amateurs de films noirs.
Image
Le film bénéficie d’une copie propre restituant la belle photographie de Lucien Ballard. Un noir et blanc appuyé et parfois très nettoyé. Les scènes nocturnes sont plus ciselées dans les détails rendant la copie bien propre (trop?).
Son
Un équilibrage classique mais efficace pour ce film assez rare. Dialogues clairs et piste d’ambiance d’un bon niveau. La VF tient également bien la route avec un doublage bien intégré à la bande-son.
Interactivité
La parole est donnée à Simon Gosselin œuvrant à l’Université de Rennes 2. Pas toujours à l’aise durant l’exercice, il articule longuement son intervention sur la carrière de Budd Boetticher avant d’attaquer de fonds Le tueur s’est évadé.
Liste des bonus
Interview de Simon Gosselin (31’).