LE TONNERRE DE DIEU
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France, Italie, Allemagne – 1965
Support : Bluray
Genre : Comédie
Réalisateur : Denys de La Patellière
Acteurs : Jean Gabin, Lili Palmer, Michèle Mercier, Robert Hossein, Georges Géret, Paul Frankeur, Daniel Ceccaldi…
Musique : Georges Garvarentz
Durée : 89 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français pour Sourds et malentendants
Editeur : Coin de Mire Cinéma
Date de sortie : 4 février 2025
LE PITCH
Léandre, vétérinaire misanthrope et alcoolique, recueille Simone, une jeune prostituée qu’il défend contre Marcel, son protecteur. Sa femme, Marie, qui n’a pu lui donner d’enfant, accepte cette incartade. Simone se plaît à la ferme, s’entend bien avec Marie et fait en sorte de rapprocher les époux.
Le sauveur d’Angélique
Même s’il peut faire office de film mineur dans l’immense filmographie de Jean Gabin, Le Tonnerre de Dieu demeure pourtant l’un de ses plus grands succès populaires, dû notamment à la présence au générique du couple star d’Angélique, marquise des anges : Michèle Mercier et Robert Hossein.
Habitué à jouer des rôles de patriarche bourru à partir des années 1960, Jean Gabin retrouve en 1965, avec Le tonnerre de Dieu, cette figure paternaliste. A l’instar du Monsieur de Jean-Paul Le Chanois sorti en 1964, où il remettait dans le droit chemin l’adorable Mireille Darc qui jouait une prostituée, Gabin sauve cette-fois ci la non moins exquise Michèle Mercier des griffes de la Pègre et de son souteneur incarné par Robert Hossein. La réunion de ces trois têtes d’affiche par les producteurs Raymond Danon et Maurice Jacquin se révéla être un astucieux pari puisque malgré une réception critique mitigée, le film fit un triomphe dans les salles françaises en réunissant plus de 4 millions de spectateurs. Il convient de rappeler que la sortie d’Angélique, marquise des anges, sorti un an plus tôt, fut un succès qui fit de Michèle Mercier un « sex-symbol » tout en consolidant la stature de Robert Hossein. Nous pourrons d’ailleurs sourire de retrouver ce duo si romantique jouer ici un couple peu conventionnel de maquereau-gagneuse !
Se déroulant dans la région Loire-Atlantique, dont est originaire le réalisateur Denys de La Patellière (qui avait donné son premier grand rôle d’actrice à Michèle Mercier en 1956 avec Retour de manivelle), notamment dans les superbes décors extérieurs du Château de Bois Chevalier, l’intrigue nous entraîne dans la douce folie de Léandre, ancien vétérinaire alcoolique qui fait de son manoir une véritable Arche de Noé où il recueille aussi bien animaux, ivrognes…et donc une prostituée ramassée dans un minable bar de Nantes ! Retrouvant un désir de liberté au contact de la campagne, la belle Simone tente alors de refaire sa vie…
Roue libre
Malgré une première partie prometteuse avec comme sommet la bagarre entre Hossein et Gabin, le film se perd peu à peu en pleine campagne et ne repose finalement plus que sur les épaules et la gouaille d’un Gabin omniprésent et cabotinant. A la fois point fort et faiblesse du film, les dialogues de Pascal Jardin, qui collabora avec Michel Audiard, vampirisent le film à force de « punchlines » misogynes et rétrogrades. Le romancier Bernard Clavel, dont le roman Qui m’emporte fut adapté ici, n’avait d’ailleurs guère apprécié la transformation. La vision de la prostitution, dans un film qui tend au dramatique, manque clairement de vraisemblance. Ainsi, le manque de combativité du souteneur et le caractère « fleur bleue » de sa « fille » nous laisseront pantois, tout comme une absence de rythme malheureusement signalée par l’excellente composition musicale, épique et classique, de Georges Garvarentz, bien trop lyrique par rapport à l’action présente à l’écran.
Finalement, la grande réussite du film tient principalement de la qualité de son casting. Lors d’une interview sur le tournage du film, Denys de La patellière (Un taxi pour Tobrouk, Du rififi à Paname...) soulignait d’ailleurs l’importance des acteurs dans ce film. Outre les têtes d’affiche qui remplissent à merveille leurs rôles respectifs, l’allemande Lili Palmer compose un joli personnage de femme forte et délaissée, et Georges Géret nous surprendra dans un rôle à contre-emploi d’amoureux transi ! On retrouve également avec plaisir les trognes de Paul Frankeur en gendarme compréhensif, et de Daniel Ceccaldi en curé du village faisant face à l’anarchisme du vétérinaire alcoolique.
Image
Alors que le film n’était seulement disponible en DVD (datant de 2011), il est désormais disponible dans une version restaurée en HD 4K par Studio Canal avec l’aide du CNC, à partir du négatif image. Le format 2.35 permet également une belle cure de jouvence au long-métrage qui n’affiche ici aucun défaut, une définition correcte et de beaux contrastes.
Son
Réalisé à partir du négatif son français, le Master proposé ici permet une écoute optimale pour savourer les saillies verbales de grandes voix du cinéma français.
Interactivité
Présenté dans un boîtier avec fourreau, cette nouvelle édition de Le tonnerre de Dieu (disponible également en DVD) fait partie de la collection La Séance de l’éditeur Coin de mire. Cette collection présente ainsi toujours les films « comme à l’époque » avec journaux d’actualités correspondant à la sortie du film ainsi que des publicités.
Les actualités d’alors abordent différents sujets comme la mort de l’architecte Le Corbusier, inventeur des grands ensembles si critiqués. Sont évoqués également la crise politique en Grèce deux ans avant le Coup d’état des généraux, le programme Apollo et un insolite reportage sur Iris Clert, galeriste d’avant-garde pratiquant l’astrologie pour recruter ses artistes !
Les publicités de l’époque font évidemment la part-belle aux en-cas propres aux cinémas : les glaces Miko ou les nouveautés comme le Mi-Cho-Ko ! Le fameux Port-Salut ou encore le Grand Marnier, présenté comme un atout de séduction, sont également de la partie. Enfin, on pourra être surpris de voir une publicité pour les téléviseurs Radiola, pourtant concurrents du cinéma en salles…
Enfin, Coin de mire a déniché deux documents d’époque savoureux avec les interviews de Denys de La Patellière et Jean Gabin, entrecoupées d’images de tournage. Le réalisateur rappelle l’importance de ses acteurs et bien connaître la région du tournage où semblent exister des « originaux » comme le personnage star du film. Gabin, de son côté, se défend d’avoir d’avoir fait « un numéro Gabin » sur ce film, se trouve des liens avec son personnage (« Je suis un peu anar, c’est vrai »). Enfin, il évoque son « adaptation » des dialogues de Pascal Jardin : « J’arrange mes dialogues pour les mettre dans l’estomac et les ressortir, les dialoguistes mettent des points de suspension, alors il faut bien les boucher les points de suspension ! ».
Liste des bonus
La séance complète (20’), Interview de Jean Gabin sur le tournage (9’), Interview de Denys de La Patellière sur le tournage (2’),Bandes-annonces.