LE SURVIVANT
The Survivor – États-Unis – 2021
Support : Bluray
Genre : Drame, biopic
Réalisateur : Barry Levinson
Acteurs : Ben Foster, Vicky Krieps, Billy Magnussen, Danny DeVito, Peter Sarsgaard, John Leguizamo…
Musique : Hans Zimmer
Durée : 128 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Anglais, français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Editeur : Metropolitan
Date de sortie : 21 octobre 2022
LE PITCH
Harry Haft est un boxeur d’origine polonaise qui a été transféré dans le camp de concentration d’Auschwitz. À l’image des combats de gladiateurs dans l’Antiquité, au sein du camp, il devait se battre, littéralement, pour sa survie. En effet, s’il gagnait, il était nourri et autorisé à participer au prochain combat tandis que ses adversaires étaient conduits à la chambre à gaz. À la sortie de la guerre, il devient boxeur professionnel en Allemagne puis il s’installe aux États-Unis. Hanté par la culpabilité, il reprend goût dans la pratique de son sport en participant à des combats de boxe très médiatisés comme, par exemple, avec Rocky Marciano.
Combat d’une vie
Le dernier film de Barry Levinson (Sleepers, Rain Man, Godd Morning Vietnam…), sorti en 2021, n’a même pas eu le droit à sa sortie en salles françaises…A partir d’un sujet à priori maintes fois traité (la Shoah et les camps de la mort), ce long-métrage se révèle pourtant être d’un grand intérêt avec l’exhumation d’une histoire peu connue et grâce à l’interprétation sans faille d’un grand Ben Foster.
En 2013, le film français Victor Young Perez de Jacques Ouaniche, incarné avec force par l’ancien boxeur Brahim Asloum, avait à l’époque soulevé le voile sur un sujet rarement évoqué : la vie des sportifs, en l’occurrence un boxeur, dans les camps de concentration allemands durant la Seconde Guerre Mondiale. Avec une autre approche, Levinson s’attaque à un sujet similaire en adaptant la biographie de Harry Haft décédé en 2007, Harry Haft : survivant d’Auschwitz, challenger de Rocky Marciano, écrite par son fils Alan Scott Haft.
Tourné en Hongrie et aux Etats-Unis, The survivor prend le parti d’évoquer deux périodes distinctes de la vie de cet ancien boxeur : sa survie dans les camps par et grâce à la boxe ainsi que sa difficile reconstruction au lendemain de la guerre dans un pays étranger. En alternant les scènes de flashbacks dans le passé dans un noir et blanc quasi-documentaire et les scènes présentes en couleur (avec une belle reconstitution de l’Amérique de la fin des années 1940), Levinson au lieu de s’appesantir sur la grande Histoire cherche surtout à cerner au plus près l’histoire de son personnage principal et de ses combats. Alors que les combats américains, en couleur, sont chorégraphiés, rythmés et n’ont rien à envier aux canons du genre, les matchs pour la survie à Auschwitz dévoilent au contraire une violence brutale et sèche, rehaussée par la musique sobre de Hans Zimmer, des dialogues rares et une sublime photographie de George Steel.
Trauma
Au-delà de l’aspect purement sportif du film, qui nous permet de croiser Danny DeVito et John Leguizamo en entraîneurs de boxe, The survivor s’intéresse finalement surtout à l’après, à la fin de la guerre et à la tentative de reconstruction d’un homme traumatisé par ce qu’il endura…et par ce qu’il fit endurer. En effet, tel des combats de gladiateurs les matchs de boxe au camp impliquent que le perdant soit tué, Haft se retrouvant ainsi obligé de signer l’arrêt de mort de ses codétenus par la force de ses poings. Isolé dans les camps à cause de ce rôle trouble, il ne le sera pas moins ensuite lorsqu’il racontera son histoire à un journaliste intrigué qu’on ait pu survivre plus de six mois dans un camp où la moyenne de vie n’excédait que rarement un mois…
Héros ou traître, celui qui se faisait nommer « le juif de Schneider », le nazi qui le recruta pour se faire de l’argent via des paris clandestins, dans les camps ne survit que grâce à l’espoir de retrouver Leeah, sa fiancée disparue pendant la guerre. Son seul but qui lui fera affronter le grand Rocky Marciano, futur champion du monde, dans l’espoir d’un battage médiatique qui arriverait jusqu’aux oreilles de son amour perdu.
Esseulé sur une plage lors de la première séquence du film, Haft durant la dernière séquence finale sera entouré de sa famille, celle qu’il s’est créé aux États-Unis malgré son antipathie, son autoritarisme et ses traumas. N’ayant rien à envier à Christian Bale ou Joaquin Phoenix, Ben Foster a subi une profonde transformation physique pour incarner un boxeur bien bâti en fin de carrière et en même temps un survivant des camps n’ayant que la peau sur les os. Au-delà de son apparence, il domine le film qu’il marque de son interprétation d’un personnage complexe et tourmenté.
Loin du chantage aux pleurs qu’on aurait pu craindre, Levinson, à partir d’un sujet qui lui tenait à cœur (un de ses oncles connut les camps de la mort), signe au contraire un film sobre qui s’attache à son personnage et à ses démons tout en posant la difficile question du difficile témoignage d’une des époques les plus sombres de notre Histoire.
Image
Le Master présent ici est de toute beauté : cadres propres et stables, image nette et joli contraste des tonalités notamment sur les séquences en Noir & Blanc qui sont sublimes.
Son
Rien à redire aussi sur les Master Audio DTS-HD qui ont tous deux de l’ampleur et ne souffrent d’aucun défaut. On préférera toutefois la version originale, plus authentique.
Liste des bonus
Bandes-annonces.