LE SANG DES AUTRES
El Secreto de la momia egipcia – France, Espagne – 1973
Support : Bluray
Genre : Horreur, érotique
Réalisateur : Ken Ruder
Acteurs : George Rigaud, Teresa Gimpera, Michael Flynn, Catherine Franck, Frank Braña, Patrica Lee
Musique : Max Gazzola
Durée : 92 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Français et anglais DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Anglais
Éditeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 31 juillet 2022
LE PITCH
Angleterre, XIXème siècle. Plusieurs jeunes femmes ont disparu ces derniers temps dans le village jouxtant le château du comte de Dartmoor, scientifique féru d’occultisme, reclus dans son domaine avec John, son fidèle serviteur. Or, selon les rumeurs, la cause de ces disparitions serait liée au châtelain. Sous prétexte d’assister le scientifique, James Barton se présente à lui en qualité d’égyptologue…
Hors du tombeau
Quasiment invisible depuis quelques décennies et déjà relativement obscure lors de sa sortie, la coproduction franco-hispanique Le Sang des autres ravive le souvenir d’un cinéma européen gothique et nonchalant, passionné et fauché, qui faisait le bonheur des inconditionnels du Midi-Minuit. Une restauration 4k luxueuse et salutaire signée Le Chat qui fume.
Hantant encore les souvenirs de quelques férus de productions obscures et adeptes des cinémas de quartiers, Le Sang des autres, sous-titré La Volupté de l’horreur mais connu aussi sous le titre Perversion sexuelles pour sa ressortie opportuniste et sous le laconique El Secreto de la momia egipcia chez nos copains espagnols, est la seconde et dernière réalisation de l’inconnu Alejandro Martí après le plus rare encore Elisabet, qui signe ici sous le pseudo américanisant de Ken Ruder. Que du très classique dans ces changements de noms et appellations plus ou moins officielles pour un cinéma d’exploitation aux moyens extrêmement modestes et aux ambitions qui le sont beaucoup moins qui pullulaient justement dans l’esprit des bisseux européens en ce début des années 70. Nourri comme les confrères Michel Lemoine (Les Week-Ends Maléfiques du comte Zaroff), Jean Rollin (La Vampire nue) ou même Jess Franco (Les Nuits de Dracula), par les grands classiques du muet, la génération de monstres Universal et leurs résurrection plus sanglante de la Hammer, le réalisateur croise sa cinéphilie avec un mélange d’érotisme frontal mais suranné et des élans contemplatifs qui s’expliquent autant par les limites budgétaires que par une vision poétique du macabre. Une préciosité anglaise, des excès plus italiens, une écriture verbeuse française et un melting-pot on ne peut plus ibérique.
Mort éternelle
Reposant sur un scénario d’une minceur extrême, Le Sang des autres fait de sa créature centrale, un étrange égyptien revenu d’entre les morts, une compression entre les mythes de la momie et du vampire, tout en citant ouvertement la fièvre scientifique de Frankenstein par le biais d’un comte de Dartmoor (George Rigaud, vieil habitué des giallo) totalement dépassé par sa « création ». Une accumulation qui accentue encore la sensation constante d’abstraction, d’errance d’un récit où se répètent inlassablement les kidnappings de jeunes filles dans la campagne environnante, quelques tortures gratuites suivies d’un viol sous hypnose et de leur meurtre par sussions de sang sur les musiques expérimentales et cycliques de Max Gazzola (L’insolent, Le Corps a ses raisons…). Forcément trop languissant pour son bien, tournant régulièrement à vide au profit de quelques très jolies actrices présentées dans le plus simple appareil, Le Sang des autres dégage cependant une atmosphère très particulière par son sérieux absolu refusant les dingueries les plus Z et par sa plasticité soignée oscillant entre le gothique épuré et un naturalisme sensible dans ses extérieurs. Censé se dérouler dans une campagne anglaise perdue, Le Sang des autres semble surtout avoir été tourné sur des côtes bien françaises et sur des terres boueuses que la photographie pastelle feraient passer pour un hommage au Cousin Jules de Dominique Benicheti.
Une vraie curiosité, patchwork amoureux d’un cinéma disparu, œuvrette survivante confectionnée avec affectation.
Image
Nouvelle restauration interne chez Le Chat qui fume qui a ici dégotté les négatifs originaux et les a scanné en 4k. On connait le soin maniaque de l’éditeur pour ce type de travaux et une fois encore le résultat est éclatant avec une image débarrassée de la moindre imperfection mais toujours préservée dans ses atours organiques (grain, matières… ) et ses petites particularités colorimétriques. C’est aussi beau que possible et redore clairement le blason de ce petit film oublié.
Son
Parfait confort du coté des pistes sonores là aussi joliment ravivées. Les monos d’origines ont été disposés en DTS HD Master Audio 2.0 pour mieux profiter de leur clarté nouvelle. Quelques variations de distance s’entendent parfois sur la version française, mais cela n’est dû qu’à la captation d’époque. A noter aussi la présence d’une version anglaise et de sous-titres dans la même langue pour nos voisins anglo-saxons.
Interactivité
Ne faisant jamais les choses à moitié le petit chaton à redécouvert quelques trésors en même temps que les bobines du film. En l’occurrence des séquences tournées pour offrir aux distributeurs internationaux le loisir de choisir des montages plus ou moins osés. La version présentée en programme principal est donc le montage intégral avec la nudité exposée sans phare, les bonus proposent tour à tour les mêmes séquences d’agressions avec des demoiselles habillées en sous-vêtements historiques (pas franchement sexy), puis à demi-nues. On trouve aussi dans la foulée le petit montage explicite de scènes corsées du film qui ouvrait outrageusement le film lors de sa ressortie sous le titre Perversion sexuelles.
Liste des bonus
Séquences inédites non sexy (12’), Séquence inédites demi sexy (5’30), Séquences inédites du montage de Perversions sexuelles (2’), Bandes-annonces.