LE ROBOT SAUVAGE

The Wild Robot – Etats-Unis – 2024
Support : Bluray
Genre : Science-fiction, Aventure, Animation
Réalisateur : Chris Sanders
Acteurs : Lupita Nyong’o, Pedro Pascal, Catherine O’Hara, Kit Connor, Bill Nighy, Stephanie Hsu, Matt Berry, Ving Rhames, Mark Hamill…
Musique : Kris Bowers
Image : 2.35 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, Dolby Audio DD+ 7.1 Français, Dolby Audio 5.1 Italien Néerlandais…
Sous-titres : Français, Anglais, Italien, Cantonais…
Durée : 102 minutes
Editeur : Universal Pictures Home Entertainment
Date de sortie : 14 août 2024
LE PITCH
Le Robot Sauvage suit l’incroyable épopée d’un robot – l’unité ROZZUM 7134 alias « Roz » – qui après avoir fait naufrage sur une île déserte doit apprendre à s’adapter à un environnement hostile en nouant petit à petit des relations avec les animaux de l’île. Elle finit par adopter le petit d’une oie, un oison, qui se retrouve orphelin.
La mécanique du coeur
Dreamworks a fait ses armes en s’appuyant sur une succession de divertissements potaches, référentiels et énervés se démultipliant, à l’instar des fatigants Madagascar, en licences souvent assez fructueuses. Entre un Kunfu Panda 4 particulièrement paresseux et un Shrek 5 que l’on imagine déjà cousu de fil blanc, le studio délivre pourtant cet étonnant et nettement plus ambitieux Robot Sauvage.
Une fable moderne entre science-fiction et considération écologique, inspirée d’un livre jeunesse éponyme signé Peter Brown, qui met certainement plus en valeur les sentiments que les situations. Un choix pas si étonnant lorsqu’on l’on sait que c’est à nouveau le très doué Chris Sanders qui est aux commandes. Un ancien de chez Disney ayant œuvré sur l’écriture d’Aladdin ou du Roi Lion, mais ayant surtout offert à ce dernier l’un de ses plus beaux, et drôles, films d’animation : Lilo & Stitch. Un regard tout particulier sur les familles reconstruites, sur le rapport à l’autre et ses différences, une volonté de faire tomber le manichéisme enfantin et de parler aux émotions que l’on a bien entendu retrouvé quelques années plus tard dans l’épique Dragon (la première rencontre entre Harold et Krokmou est restée dans les mémoires) et qui anime encore et toujours ce Robot Sauvage. L’histoire d’une machine conçue pour satisfaire tous les besoins humains et qui débarque au milieu d’ile restées animale, devant y trouver sa place malgré la crainte qu’elle suscite et une chaine alimentaire particulièrement prégnante autour d’elle. Apprendre le langage des habitants des lieux, leurs usages, mais aussi prendre soin d’un oison dont elle à tué par accident la mère, va peu à peu la faire dévier de sa programmation.
Mère-couveuse
Si les séquences d’apprentissages, en collaboration avec un renard charmeur et profiteur, pourraient laisser à penser que Jolibec pourrait être le héros de l’aventure, il n’en est rien puisque tout revient constamment aux cheminements de ROZZUM 7134, dite Roz, se réappropriant son destin, et donc son individualité… voir son âme. C’est elle qui va permettre à la petite oie de prendre son envol, malgré ses ailes amorphes, et trouver sa place parmi les siens, mais aussi de permettre à ses voisins bestiaux de renouer une organisation communautaire. On pourrait voir là un déluge de bons sentiments, voire effectivement une reprise de nombreux thèmes récurrents des grands divertissements familiaux, et pourtant en superposant constamment tous ces enjeux, essentiellement intimes, en jouant sur la corde sensible du drame de la parentalité, en amorçant quelques pointes d’anticipations, Chris Sanders trouve toujours le ton juste, presque une sublimation. Une sorte de sentimentalisme délicat, en retenue, où les déclarations sincères et les explosions d’amours ne se font qu’à demi-mots. Sensible, poétique, jamais naïf (le dévouement final est déchirant), Le Robot sauvage se laisse cependant bien volontiers emporté par des notes inattendues d’humour noir (hostile, la nature !) et des envolées aventureuses réjouissantes.
D’autant plus marquant que plutôt que de se satisfaire de l’école lisse et stériles des productions Dreamworks standards, le réalisateur a opté pour un travail sur les formes, les textures, les lumières, les contrastes et les couleurs qui s’efforce de revenir aux sensations de l’animation traditionnelle, voir mieux encore à la peinture (acrylique). La découverte de l’île et l’envolée de la multitude de papillons multicolores, l’arrivée de l’automne dans la forêt, la courses à travers bois pour rejoindre le départ de la migration des oies et même l’invasion mécaniques aux teintes plus artificielles, impriment durablement la rétine : échappées presque lyriques où l’artificialité mécanique de Roz, sa distance forcée avec le vivant, s’effacent, libérant son émotivité… touchant directement la nôtre.
Image
Pas de sortie UHD en France, et c’est bien dommage surtout quand on voit déjà les prouesses du Bluray. Certes il s’agit d’un film d’animation produit intégralement en numérique, mais l’esthétique toute particulière du film s’efforçant de retrouver des sensations plus organiques, des matières plus proches de la peinture, joue ainsi sur des textures et des détails peut-être un peu moins définis qu’une production classique. Cependant le rendu ici reste extrêmement pointu (on peut observer toutes les fourrures et poils des créatures de l’ile), avec une profondeur renversante et une sensation de relief des plus naturels. Le plus impressionnant reste le traitement des couleurs, riches et luxuriantes, maitrisant les contrastes et les teintes chaudes (toute la séquence automnale est sublime) autant que les jaillissements plus vifs, voir fluo, du final « futuriste ». C’est beau.
Son
La piste originale Dolby Atmos restitue à merveille les sensations cinéma, assurant une dynamique constante et enveloppante, rebondissant énergiquement sur la moindre scène de poursuite, d’envol ou de catastrophe naturelle pour en mettre plein les oreilles avec une amplitude démesurée. Le caisson de basse vrombit furieusement. Mais la piste se montre tout aussi réussie pour retranscrire avec précision et finesses les atmosphères naturelle, la richesse de la faune, les échos forestiers, le vent dans les plumes ou le ressac marin. Comme d’habitude, le doublage français en Dolby Audio DD+ 7.1 est techniquement un cran en dessous, en particulier dans ses variations d’intensité, mais l’ensemble est très plaisant et le doublage est parfaitement réussi.
Interactivité
Le Robot sauvage est accompagné d’une longue liste de bonus en tous genre. Ne cachons pas qu’une bonne partie est très anecdotique comme les deux featurettes sur le doublage ou sur les segments pour les enfants (Dessiner et Fabrique ton cerf-volant) où manque tout de même un doublage français pour que les petits français puissent suivre.
Heureusement, on dégote aussi deux séquences inédites (une ouverture alternative et un petit passage amusant très « maman poule ») en version de préproduction accompagnés par une explication du réalisateur, et trois items, qui réunis, donnent lieu à un petit making of assez convaincant de trente minutes : un retour sur le livre illustré d’origine, un regard sur l’orientation esthétique et les expérimentations graphiques, les thèmes du film et la nature des personnages, mais aussi un passage plutôt complet sur la composition et l’enregistrement de la musique. L’éditeur propose aussi un commentaire audio du réalisateur et de ses collaborateurs mais malheureusement, celui-ci n’est pas sous-titré.
Liste des bonus
Commentaire audio de Chris Sanders, Jeff Hermann, Mary Blee, Raymond Zibach, Heidi Jo Gilbert et Jakob Hjort Jensen (VO sous-titres anglais), Scènes d’ouverture alternative « Publicité pour Rozzum » avec introduction de Chris Sanders (4’), Coulisses du doublage (2’), Rencontre avec les acteurs (6’), Scène coupée du storyboard « La Mère poule » avec introduction de Chris Sanders (3’), « Assemblage requis : animer le robot sauvage » (10’), « Se sentir vivant » (9’), « Des sons sauvages » (6’), Dessiner (20’), Fabrique ton cerf-volant Joli-Bec (10’).