LE RAPACE
France – 1968
Support : Bluray & DVD
Genre : Thriller
Réalisateur : José Giovanni
Acteurs : Lino Ventura, Xavier Marc, Rosa Furman, Aurora Clavel, Augusto Benedico…
Musique : François de Roubaix
Durée : 107 minutes
Image : 1.66 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Editeur : Coin de Mire Cinéma
Date de sortie : 11 septembre 2021
LE PITCH
Le “Rital”, un mercenaire aventurier est engagé par l’avocat Calvez, éminence grise d’une bande de conjurés, pour abattre le Président d’une République d’Amérique du Sud. Il s’agit d’abattre le Président actuel pour faire un héros national du petit-fils de l’ancien Président, celui-ci devant partager l’aventure aux côtés du tueur à gages pour justifier sa renommée…
Le solitaire
Second long métrage réalisé par José Giovanni, Le Rapace n’est pas un polar comme on aurait pu s’y attendre, mais un film d’aventure âpre, un western Zapata contemporain avec Lino Ventura en mercenaire cynique.
Si Le Rapace est le second film signé de son nom après La Loi du survivant, Giovanni est déjà parfaitement installé dans le paysage du cinéma français en tant que scénariste de talent et auteur source de roman adaptable comme Le Trou de Jacques Becker, Classe tous risques de Claude Sautet, Symphonie pour un massacre de Jacques Derays, Un nommé La Roccade Jean Becker, Les Aventuriers de Robert Enrico, ou Le Deuxième Souffle de Melville. Et pourtant comme cinéaste, il a aura plutôt tendance à piocher lui-même, non pas du côté de ses propres bouquins, mais plutôt de ceux des collègues de la collection Série Noire. Ici en occurrence un roman de John Carrick qui lui permet effectivement de s’échapper de ses propres univers plutôt réalistes, proches de son vécu et de ses expériences, en versant dans le cas présent dans le film d’aventure. Pas de flics, pas de bagnards ou de gangsters à l’horizon, mais un mercenaire assassin envoyé dans un quelconque pays d’Amérique du Sud afin d’éliminer le dernier dictateur en place pour le compte d’un mouvement vaguement révolutionnaire. Déjà proches à la vie, le réalisateur retrouve ici Lino Ventura qui incarne ce « rital », figure minérale, froide, mais aussi parfois colérique, grossière voir cruelle, qui malmène l’idéaliste « Chico », censé devenir le héros de la nation, agacé pas sa croyance en une cause.
Oiseau de proie
Une opposition virile, idéologique, en forme d’écho direct au choc des générations qui occupe largement l’actualité française en cette belle année 1968. Une confrontation qui occupe comme un huis-clos tout le centre du film, alors que les deux bougres patientent avant l’arrivée de leur cible dans la villa d’en face, mais où glisse doucement les certitudes vers un rapprochement moins impossible qu’il n’y parait… En particulier lorsqu’il devient évident qu’ils sont tous deux eux-mêmes en joue. Les talents d’adaptation et de dialoguiste de Giovanni sont certains, l’intensité des acteurs impeccables, mais les amoureux de ciné de genre se sentiront sans doute plus excités par les deux actes qui entourent le face-à-face (oui Sergio Sollima n’est pas loin). Le film s’ouvre ainsi sur une longue introduction dans laquelle le taciturne Lino traverse le pays en silence, sans implication et observe les changements progressifs de la géographie. Giovanni autant que le personnage s’imprègnent d’un monde brut et cru aux airs de western spaghetti moderne, largement inspiré par la vague « zapata » et ses accents latinos. Note d’intention impeccable qui explosera enfin dans le dernier tier du métrage, où on laisse enfin parler la poudre dans une succession tendue et maîtrisée de fusillades dans une ferme isolée ou sur un pont alors que la guerre civile enflamme le pays. Le résultat final est certes inégal mais on ne peut plus intéressant, et permet au passage au compositeur François de Roubaix de marier ses habituelles expérimentations synthétiques avec des emprunts affirmés aux couleurs du western italien, Ennio Morricone en tête.
Image
Bénéficiant d’une nouvelle restauration 4K effectuée à partir d’un scan inédit du négatif original, Le Rapace se découvre une nouvelle jeunesse. Bien entendu les cadres sont d’une propreté totale, débarrassés de la moindre défaillance de pellicule, mais tout en préservant la nature même du film : le grain reste bien présent, tout autant que les reflets argentiques. Un rendu réjouissant pour un film à la photographie chaude, aux couleurs ocres et aux matières prononcées. Seules ombres au tableau, les plans de fondus enchaînés (nombreux dans la première partie) n’ont pas pu être retouchés avec autant de précision et affichent un aspect floconneux bien compréhensible.
Son
Préservée dans son mono d’origine, la piste son français d’époque a elle aussi connu un petit rafraîchissement bienvenu. Un DTS HD Master Audio sobre et clair, simple mais équilibré auquel il est difficile de faire le moindre reproche.
Interactivité
Élégamment serti dans son Mediabook noir et brillant, Le Rapace est accompagné comme il se doit d’un livret composé de documents d’archives ainsi que de reproductions de photos d’exploitation et d’un fac-similé de l’affiche. En plus de ces goodies, et d’un disque DVD, l’édition propose sur le disque Bluray l’attendue Séance avec ses actualités de début 1968 qui s’amusent un peu bêtement de ces agitations sans conséquences de la jeunesse ! Une petite bande annonce des Jeunes loups et on passe à une sélection d’ancienne pubs cinéma… d’une époque où l’on incitait les femmes à la mode à prendre une bonne cigarette Flash ou à shooter du zèbre un bon Martini à la main. Comme toujours ces documents ont tous été restaurés pour l’occasion.
Édition complément de Dernier domicile connu, celle du Rapace contient à nouveau une présentation inédite de Julien Comelli, soulignant les parallèles avec Les Aventuriers de Robert Enrico, et la même interview de Zazi Giovanni qui explore la carrière de son époux.
Liste des bonus
La séance complète avec actualités Pathé, réclames publicitaires et bandes-annonces d’époque, un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm), la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm), Présentation du film par Julien Comelli et interview exclusive de Zazie Giovanni.