LE PRIX DU SILENCE
The Great Gatsby – Etats-Unis – 1949
Support : Bluray & DVD
Genre : Drame
Réalisateur : Elliott Nugent
Acteurs : Alan Ladd, Betty Field, Macdonald Carey, Ruth Hussey, Barry Sullivan, Shelley Winters…
Musique : Robert Emmett Dolan
Image : 1.37 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Durée : 91 minutes
Editeur : Éléphant Films
Date de sortie : 26 mars 2024
LE PITCH
Pour reconquérir son ancienne fiancée, mariée à un millionnaire, Jay a lui aussi décidé de grimper l’échelle sociale. Pour cela il est prêt à tout, vraiment tout…
Modestement magnifique
Eclipsé par les productions de 74 (avec Redford) et 2011 (avec DiCaprio), l’adaptation hollywoodienne de 1949 de Gatsby Le Magnifique fut même longtemps considéré comme perdue. Une copie miraculeusement retrouvée qui permet de redécouvrir un Alan Ladd plutôt convaincant dans une approche clairement moins flamboyante que ses successeurs.
Même si le formidable roman de F. Scott Fitzgerald est loin d’avoir connu le succès escompté à sa sortie, il fit l’objet dès l’année suivante d’une première adaptation cinéma réalisé par Herbert Brenon et avec Warner Baxter dans le rôle-titre. Un essai qui déplu largement au romancier et son épouse et qui de toute façon disparu rapidement des mémoires… et des archives le film étant aujourd’hui considéré comme totalement perdu. Ce fut cependant aussi assez longtemps le cas de cette seconde tentative, mise en boite quelques années après le décès de l’auteur, qui pour le coup doté d’un joli petit succès en son temps, ne fut retrouvé que tout récemment, en 2012 pour être exact. Entre temps, le grand (trop) classique Jack Clayton avec Robert Redford et Mia Farrow avait eu le temps de faire son œuvre et surtout de l’éclipser totalement. Pourtant celui qui fut re-titré assez bêtement Le Prix du silence en France, reste tout à fait intéressant et en l’occurrence beaucoup moins scolaire. C’est à la fois la première qualité et le plus grand défaut du métrage d’Eliott Nugent (La Brune de mes rêves, Le Docteur et son toubib…) qui ne se préoccupe pas vraiment de savoir s’il va froisser les puristes en cours de route.
Année folles et cosy
Pour des questions aussi bien de censure de l’époque, d’économie (ce n’est pas une très grosse production) et de mode général du cinéma américain de l’après-guerre, le script en partie rédigé par le talentueux Cyril Hume (La Flibustière des Antilles, Tarzan, La Planète interdite, La Rançon…) élague largement le texte, élimine certains personnages et des trames secondaires, et surtout aseptise constamment le propos. Pas vraiment question ici de brosser le portrait acide d’une bourgeoise bouffie d’ennui, de s’attarder sur leurs larges faiblesses morales, ni même sur leurs mœurs particulièrement légères comme en fait cruellement l’expérience l’excellente Shelly Winters franchement sabrée dans son rôle de maitresse honteuse, n’apparaissant plus que deux fois à l’écran. Impossible de critiquer aussi ouvertement que dans le roman la vacuité des profiteurs du libéralisme américain, ni même de reproduire à l’écran la frénésie presque décadente des soirées ou des disputes entre le quatuor principal, ce Prix du silence doit alors se reporter plus généreusement sur l’histoire d’amour tragique entre Gatsby (exposé sans une once de mystère dès les premières minutes) et Daisy Buchanan, et conférer à l’ensemble une atmosphère moins frivole que retenue. Ici Gatsby Le Magnifique devient un film noir atmosphérique élégamment photographié par John F. Seitz (Assurance sur la mort, Boulevard du crépuscule…), mais souvent trop bavard pour son bien, porté par les larges épaules de la star du polar de l’époque : Alan Ladd (Le Dahlia bleu, Tueurs à gage, Lutte sans merci…).
L’approche unique du film, témoin de son temps il est vrai, et ses grandes libertés prisent avec le chef d’œuvre littéraire de Fitzgerald en font donc à la fois une adaptation assez terne et trop sage, mais tout de même une proposition intéressante et qui tranche, forcément, avec les deux longs métrages suivants, et en particulier le sublime opus de Bazz Lurhman (qui reste, n’en déplaise à Mr Dionnet, la seule à avoir embrasser la folie et la colère du texte). Pris séparément cela reste un film noir plutôt carré, assez agréable et plaisant qui mérite effectivement la redécouverte.
Image
Comme chez les australiens d’Imprint, la copie proposée par Éléphant est celle qui fut redécouverte il y a une dizaine d’années et dont les négatifs ont récemment été scannés en 4K. Du grand luxe même si l’image reste encore très marquée par de nombreux défauts de surface (scratchs, taches, points noirs…). Une restauration a manifestement été effectuée (les bords sont tout de même très stables) mais peut-être pas au maximum des possibilités ou se sont heurtés à des défauts trop coûteux. En l’état cela reste tout de même une belle prestation avec une définition le plus souvent bien creusée et marquée, et surtout un mélange de grains et d’argentiques qui redessinent admirablement les contrastes du très beau noir et blanc d’origine.
Son
Comme pour l’image le résultat final n’est pas parfait avec là encore quelques restes des années (petites saturations, légères variations…), mais relativement discrets tout de même. Les dialogues sont très clairs et nets, et le DTS HD Master Audio 2.0 emballe le tout avec douceur. Pas de version française.
Interactivité
Les disques Bluray et DVD proposent une nouvelle intervention de Jean-Pierre Dionnet, toujours dans sa fameuse posture façon Cinéma de quartier. Le Monsieur revient bien entendu sur le travail d’adaptation effectué pour le film en présence, le choix porté sur Alan Ladd et des autres acteurs, la mise en scène d’Elliott Nugent ou l’écriture du scénariste et en suivi quelques comparaisons avec les deux autres longs métrages toujours visibles. Ça part un peu dans tous les sens, mais c’est toujours aussi sympa.
Liste des bonus
Un livret (24 pages), Le Film par Jean-Pierre Dionnet (13’), Bandes annonces.