LE PRINCE ESCLAVE
Le meravigliose avventure di Guerrin Meschino – Italie – 1952
Support : Bluray & DVD
Genre : Aventure
Réalisateur : Pietro Francisci
Acteurs : Gino Leurini, Leonora Ruffo, Aldo Fiorelli, Anna Di Leo, Camillo Pilotto, Tamara Lees…
Musique : Nino Rota
Image : 1.37 16/9
Son : Italien et français LPCM 2.0 mono
Sous-titres : Français
Durée : 83 minutes
Editeur : Artus Films
Date de sortie : 06 février 2024
LE PITCH
Un jeune garçon enlevé par des pirates puis vendu comme esclave se retrouve échanson à la cour de Constantinople, alors assiégée par les Turcs. Alors qu’un accord de paix est enfin trouvé, le jeune garçon a une vision, provoquée par un astrologue : il serait le fils du roi de Durazzo, enlevé jadis par le fils du Duc de Bourgogne. Il va se lancer dans une quête initiatique qui l’amènera à reconquérir son trône.
Les aventures oubliées de Guerrin Meschino
Aventure chevaleresque méconnue en provenance d’Italie, Le Prince esclave n’a certes pas tous les atouts pour s’imposer comme un classique, mais garde quelques charmes, désuets, qui en font une petite bande familiale tout à fait plaisante.
Dans le sillon du succès de la production Ivanhoé (1952) l’industrie italienne, tout comme le modèle Hollywood, va se mettre à produire de nombreuses aventures médiévales hautes en couleurs, en héroïsmes et en idéalisations historiques. A ce titre, ce Prince esclave arrive relativement tôt mais n’a pas forcément les mêmes moyens que les inaccessibles productions américaines et ne peut ainsi s’offrir de somptueux et riche Technicolor, devant se contenter d’un cadre bien plus étriqué en noir et blanc. Une absence de couleurs effectivement handicapante, qui ne permet pas au film d’affirmer totalement son atmosphère féérique et son approche par une photographie chatoyante et des enluminures qui rappelleraient, comme le pendant américain, celles des tapisseries d’autrefois. Mais le noir et blanc permet cependant de dissimuler la modestie du budget, de rendre les décors, les quelques effets spéciaux (peinture sur verre, maquettes, collages…) plus crédibles… Un mal pour un bien en somme pour cette unique adaptation d’une célèbre saga littéraire médiévale en huit tomes publiées pour la première fois en 1473 par Andrea da Barberino : Il Meschino da Durazzo. Un classique à priori toujours très populaire en Italie de nos jours, mais qui dû forcément être largement compressé et réduit pour tenir dans les moins de 90 minutes de ce long métrage.
Geste à l’italienne
Ce dernier se concentre donc sur le cœur du roman, soit la reconquête par Guerrino de son identité, de ses origines et donc de son héritage royal. Un chemin semé d’embuches naturellement puisque le jeune homme sans passé, revendu enfant à la cour de Constantinople, doit réussir à sauver le royaume de la menace belliqueuse des voisins turcs, puis vaillamment défendre l’honneur de la jolie princesse… sa dulcinée qui n’hésite d’ailleurs pas à pousser la chansonnette. Ce n’est que lors d’un flashback permis par la potion de l’astrologue de la cour (sorte de Merlin local) que le brave héros découvrira son noble lignage et décidera de partir vers le nord sur la trace de ses parents et du seigneur félon qui a volé le trône. Un programme bien chargé qui inclut dans ce périple un tournoi de chevaliers, quelques traquenards de brigands et même un crocodile géant et une sorcière tentatrice, jusqu’à un grand final bondissant à la Robin des bois et un indispensable happy end. Bientôt consacré pour sa participation remarquable à la vaste mode du péplum avec des essais comme Les Travaux d’hercule ou Hercule et la reine de Lydie (avec Mario Bava à la photo), l’artisan Pietro Francisci délivre un spectacle tout à fait agréable et divertissant. Avec une certaine science du cadrage, la mise en valeur de la moindre prouesse (guerrière ou fantastique) et un humour jamais très loin de la pantalonnade amené par un duo de serviteurs échappés de la Camedia del Arte, il arrive ainsi à dépasser les limitations budgétaires et un duo de jeunes premiers, Gino Leurini et Leonora Ruffo, un peu niais et fades.
Certes désormais un peu kitch, cette fable chevaleresque fortement influencée, comme tous les autres films médiévaux des années 50, par l’incontournable comicstrip de Prince Vaillant signé Harold Foster, reste une proposition sympathique, soignée et qui peut encore combler les nostalgiques et les jeunes publics.
Image
La présente sortie HD est une petites exclusivité mondiale signée Artus Films. Même du coté du support DVD on ne trouve pas beaucoup de traces de ce Prince esclave. Belle surprise donc, même s’il faut forcément temporiser les enthousiasmes car la copie présentée n’est pas exempte de défaut. Un nouveau master 2K soit mais où persistent encore quelques restes de griffures horizontales et où surtout la définition manque cruellement de mordant avec un piqué mollasson qui ne se réveille que pour quelques extérieurs plus dessinés. Les contrastes noirs et blancs ne sont pas toujours non plus des plus intenses et l’ensemble reste relativement flou. Léger donc.
Son
Les pistes sonores font elles aussi un peu leur âge avec pour la version italienne un rendu légèrement étouffé avec une post-synchronisation qui semble plaquée sur des ambiances et des musiques plus vives. Le doublage français est peut-être plus sympa avec ses excès et son jeu emprunté, jouant parfaitement la carte de la nostalgie et du spectacle familial, mais est atteint par de petites ruptures sonores régulières.
Interactivité
Comme toujours l’éditeur propose un très joli digipack avec fourreau. A l’intérieur on y trouve un livret assez consistant confié à François Amy de la Bretèque (Le Moyen âge au cinéma) qui s’attarde surtout sur les origines littéraires du film, ses liens très fantaisistes avec quelques faits ou représentations historiques et culturelles connues et l’inscrit dans les codes du cinéma de chevalerie qui faisait alors florès. Un document très intéressant et documenté, que vient compléter Christian Lucas dans une présentation vidéo qui se tourne plus volontiers vers la carrière de Pietro Francisci, les filmographies de tout le beau monde engagé, les qualités et les défauts du spectacle et son charmant caractère hybride.
Liste des bonus
Le livre « Les Merveilleuses Aventures de Guerrin Meschino » par François Amy de la Bretèque (62 pages), « L’Homme sans nom » : Présentation du film par Christian Lucas (23’), Diaporama d’affiches et photos (1’).