LE PRINCE DES CHATS

Kocicí princ– Tchécoslovaquie, Allemagne – 1979
Support : DVD
Genre : Fantastique
Réalisateur : Ota Koval
Acteurs : Pavel Hachle, Zaneta Fuchsová, Winfried Glatzeder…
Musique : Lubos Sluka
Durée : 78 minutes
Image : 1.37 16/9
Son : Tchèque et français Dolby Digital 2.0 mono
Sous-titres : Français
Editeur : Artus Films
Date de sortie : 02 mars 2021
LE PITCH
En Bohême, une famille doit emménager dans un vieux château, les parents devant y travailler. Les enfants Raduk et Teresa explorent les longs couloirs avec leur petit chat, en évitant le ténébreux Albert, le maître des lieux qui n’aime pas les chats. Ce dernier blessant leur chat, les enfants trouve un passage derrière un tableau, qui les conduira dans un pays merveilleux, duquel ils devront ramener l’élixir de vie, après avoir affronté maints dangers.
Au-delà des frontières
Il y a des films pour enfants qui ont tendance à s’« auteuriser » en fonction de leur provenance, de leur époque ou de la difficulté à les trouver pour leur visionnage. Ce Prince des chats c’est un peu cela, une découverte pour satisfaire nos curiosités cinéphiliques, mais c’est surtout un conte universel qui ne s’embarrasse pas de ses préjugés.
Il y a fort à parier que ce film serait resté à tout jamais dans l’oubli sans les efforts de l’éditeur Artus qui sait exhumer des œuvres rares de contrées peu explorer cinématographiquement. Film hors du temps, cette coproduction appartient à des vestiges de l’histoire. D’un côté la république fédérale d’Allemagne, de l’autre la république Tchèque. Deux patries sous l’emprise du bloc communiste où le contrôle total prévalent sur l’indépendance de la pensée. Soyons honnête, mis à part Milos Forman peu d’entre nous sommes capables de citer des réalisateurs en provenance de Tchécoslovaquie. Bravo à ceux qui seront capables de nommer Oto Koval réalisateur du Prince des chats. Heureusement, les contes et l’imagination eux, n’ont pas de frontière, pas plus que l’enfance et les rêves d’évasion n’ont de partis politiques. C’est débarrassé de toutes ces réflexions clivantes que le spectateur peut embarquer sereinement dans ce film sans s’encombrer de préjugés pour se retrouver dans ses légendes tout ce qu’il y a d’universelles.
Contes et merveilles
Cette hybridation de conte est d’ailleurs ce qui frappe le plus à la vision de ce film où des enfants vont découvrir un passage vers un monde fantastique derrière un tableau entreposé dans un château. Partant de ce postulat à la sauce Monde de Narnia que C.S. Lewis écrivit trente plus tôt, le réalisateur Oto Koval va développer un scénario où les contes vont s’imbriquer les uns dans les autres. Au fil de leur pérégrination, les aventuriers en herbe rencontreront nombre de personnages aussi ressemblants que Blanche Neige, le Chaperon rouge ou un poulpe géant tout droit sorti de 20.000 lieues sous les mers !
Comme dans les contes, tout fait écho entre les mondes, comme un passage de relais. Le réel se répercutant inévitablement dans celui fantasmé du rêve, du fantastique. Les scènes se répondent les unes aux autres pour mieux évoquer les questionnements de l’enfance. Les éléments anodins de la réalité viennent prendre de l’ampleur dans le monde fantasmés de Morphée en se matérialisant dans les mécanismes du rêve. Les enfants y affrontent les dangers comme autant d’étape les préparant à rentrer dans le monde des adultes. En cela, Koval montre son habileté à diriger ses jeunes acteurs. Sans jamais les infantiliser, il les traite avec respect et maturité sachant très bien que le miroir déformant de ce monde de l’enfance devient celui de nos réalités une fois adulte. Le prince des chats fait partie de ses films traitant du passage des âges où la jeunesse atteint une certaine maturité. Cette thématique est apolitique, elle n’a pas de frontière. Et chaque adulte que nous sommes a dû l’affronter à un moment où un autre. Et si nous par nos expériences, nous étions le conte d’un autre ?
Image
On se doute que la conservation des films sous le bloc communiste n’était pas la préoccupation première de leur politique. La pellicule souffre régulièrement de griffures montrant les ravages du temps. L’image reste malgré tout plutôt correcte sans faire des merveilles.
Son
Comme pour l’image le film montre son époque. Néanmoins il ne souffre pas de souffle impromptu et le transfert privilégie avec succès la piste voix qui sait se faire clair et audible.
Interactivité
Un seul bonus mais pour le moins intéressant pour nous plonger dans l’univers de ce cinéma méconnu. Laurent Lucas nous partage son amour pour ce cinéma et nous explique les nombreux parallèles existants entre le film et les contes.
Liste des bonus
Présentation de Christian Lucas (19’), Diaporama (3’).