LE PLUS GRAND CIRQUE DU MONDE
Circus World – États-Unis – 1964
Support : Bluray & DVD
Genre : Aventure
Réalisateur : Henry Hathaway
Acteurs : John Wayne, Claudia Cardinale, Rita Hayworth, Lloyd Nolan, Richard Conte, John Smith
Musique : Dimitri Tiomkin
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 143 minutes
Éditeur : Rimini Editions
Date de sortie : 24 mai 2023
LE PITCH
Matt Masters est le propriétaire d’un grand cirque américain, célèbre pour ses numéros spectaculaires. Il décide de partir en tournée en Europe, où il espère retrouver Lili Alfredo, une trapéziste dont il a été amoureux. À son arrivée à Barcelone, le cirque est victime d’un grave incendie, qui détruit la plupart des équipements.
Tombé de rideau
Tout simplement le dernier film à grand spectacle imaginé par l’ambitieux Samuel Bronston pour ses fameux studios espagnol, Le Plus grand cirque du monde épuisa jusqu’à la corde les dernières économies récoltées par le magnifique Le Cid. Une énième célébration de la vie sous le chapiteau qui par ses relents de fin d’une époque se laisse envahir par une certaine mélancolie.
Finalement la gloire de l’empire Bronston n’aura duré que le temps de deux films : Le Roi des rois et Le Cid, deux grandes aventures historiques aux accents monumentaux qui firent les beaux jours de cette méthode de production hollywoodienne importée en Europe par un mogul à l’ancienne autant dans ces ambitions artistiques, sa vision du grand spectacle que dans ses petits à cotés un peu truands et magouilleurs. Les suivants Les 55 jours de Pékin et La Chute de l’Empire romain, ne rencontreront pas le même succès et surtout accumuleront les catastrophes en coulisses. Rien ne va plus et Bronston se fera même partiellement déposséder de ce Plus grand cirque du monde, devant laisser plus ou moins les rênes de l’aventure à son camarades, coproducteur et coscénariste Philip Yordan (La Lance brisée, Dillinger, l’ennemi public n°1…) à cause de poursuites juridiques. Un effondrement progressif d’une méthode et d’un rêve qui survient après le retrait de Nicholas Ray diminué depuis sa crise cardiaque et de tout façon fâché avec le producteur puis la tentative infructueuse d’offrir le projet au grand Capra, dont le développement ne convaincra personne. Pas beaucoup mieux du coté des scénaristes qui se lanceront dans un jeu de chaises musicales, incapables de raccommoder une trame qui prend l’eau de toute part, malmenée par les multiples réécritures et les changements d’orientations.
En fumée
C’est finalement John Wayne, grande tête d’affiche du film, qui aura la bonne idée de réclamer son ami Henry Hathaway (La Conquête de l’ouest, True Grit, Niagara, Prince Vaillant…), artisan plus que solide et extrêmement professionnel, rompu aux grandes entreprises, qui réussira à redonner un peu de forme à ce naufrage programmé, le pauvre scénariste Julian Halevy récoltant la lourde tache de peaufiner le script sur le plateau en suivant les indications d’à peu près tout le monde. Un capharnaüm qui ne se calmera pas vraiment une fois les prises de vues débutées puisqu’il faudra composer avec les soucis de santé (alcoolisme et début d’Alzheimer) de l’ancienne icône glamour Rita Hayworth (pourtant très convaincante à l’arrivée) et surtout d’un faux incendie qui se transformera en vrai manquant, selon certains témoignages, d’atteindre un John Wayne qui en gardera une toux monumentale tout le reste du tournage. S’il est indéniable qu’à l’arrivée le récit du film, se meublant autour d’un drame familial, d’une mère disparue et de secrets on ne peut plus mélodramatiques, de passionnera jamais vraiment malgré les efforts des acteurs, Le Plus grand cirque du monde reste cependant un spectacle particulièrement attachant. Sans doute parce que sa volonté de concurrencer le mythique Sous le plus grand chapiteau du monde ne pouvait que se heurter à un échec, sans doute aussi parce que les deux grands morceaux de bravoure du métrage, le naufrage spectaculaire et l’incendie catastrophe, viennent directement faire écho à la fin de la grande époque de Samuel Bronston.
Toutes les dernières économies y flambent de belle manière, pour le spectacle, pour le publique, et les nombreux numéro circassien (funambules, clowns, trapèzistes, cascades et mise en scène façon Bufallo Bill) sont toujours spectaculaires et réjouissant. A l’ancienne certainement… Et puis rayon jeunesse, comment résister à une Claudia Cardinale au début de sa carrière mais déjà au sommet de sa beauté, de son charme, venant constamment relever le film d’une fraicheur absolument irrésistible ?
Image
A priori Rimini reprend ici la même source usitée par Opening en 2013 lors de la première sortie Bluray d’un film étonnement toujours inédit sur le support aux USA. Retrouvant au passage son ouverture, son entracte et sa conclusion musicale, le film profite d’un master d’excellente facture avec une superbe restauration ne laissant échapper que quelques rares points blancs et petites fioritures de fondus, tandis que les couleurs sont chaudes et éclatantes, le piqué bien dessiné et qu’un grain naturel et harmonieux redonne une belle matière à l’objet. Un grand plaisir que de redécouvrir le film dans ces conditions.
Son
Un peu plus vieillissantes, les pistes originales anglaise et française se montrent forcément plus claires et stables qu’autrefois avec des DTS HD Master Audio 2.0 relativement sage. Les voix sont bien posées, même si parfois un poil trop en retrait sur la vo, et ce sont souvent les partitions de Dimitri Tiomkin qui y gagne le plus.
Interactivité
Le Plus Grand cirque du monde rejoint très naturellement les autres productions de Samuel Bronston chez Rimini avec un nouveau Mediabook particulièrement réussi. A l’intérieur deux DVD (film + bonus) et le Bluray, mais aussi un ouvrage de 100 pages piqué dans la reliure et retraçant la production (chaotique) du métrage, avant d’embrayer sur des portraits du réalisateur et du compositeur pour conclure sur une partie plus générale sur le monde du cirque au cinéma.
Sur les disques, l’éditeur propose deux suppléments vidéo inédits sous la forme d’interventions de Spencer Mc Andrew, écrivain et petit-fils de Philip Yordan. Le premier revient à son tour sur la création du film, ses nombreux faux départs, ses aventures sur le plateau et sa sortie difficile, tandis que le second permet à l’interviewé de retracer avec chaleur la carrière palpitante de son grand-père et de revenir avec précision sur la mauvaise réputation qui peut l’entacher depuis quelques décennies. Très intéressant et sincère.
Liste des bonus
Le livre « Il était une fois le cirque au cinéma » écrit par Rania Griffete et Stéphane Chevalier (100 pages), « La Dernière Représentation » (19’), « Le Cas Philip Yordan » (32’), Bande-annonce.