LE PÉRIL JEUNE
France – 1994
Support : Bluray & DVD
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Cédric Klapisch
Acteurs : Romain Duris, Vincent Elbaz, Julien Lambroschini, Nicolas Koretzky, Joachim Lombard, Lisa Faulkner, Hélène de Fougerolles, Elodie Bouchez, Jackie Berroyer…
Musique : Divers
Image : 1.66 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 106 minutes
Editeur : Rimini Editions
Date de sortie : 05 mars 2024
LE PITCH
Plusieurs années après avoir quitté le lycée, quelques jeunes hommes se retrouvent à l’occasion de l’accouchement de la compagne de leur meilleur ami, mort une semaine auparavant d’une overdose. C’est pour eux l’occasion de confronter leurs souvenirs.
« Au fait, c’est quoi la lutte des classes ? »
Second film de Cédric Klapisch, Le Péril jeune n’aurait dû être qu’un petit téléfilm de commande pour la toute jeune chaine Arte. C’est devenu un film culte pour plusieurs générations de vieux et d’anciens adolescents, portrait touchant et sincère de la jeunesse.
Conçu donc initialement comme une simple commande venant s’inscrire dans un programme « Les Années lycée » pour Arte où chaque film dépeignait une décennie différente, Le Péril jeune va finalement connaitre une bien plus belle carrière que cela en se faisant remarquer par divers festivals, dont celui du Festival du film d’humour de Chamrousse où il gagne le Grand Prix et le Prix de la Critique, lui permettant une inespérée sortie en salles. Une seconde vie, suivie d’une troisième, celle de la VHS accompagnée d’un bouche-à-oreille qui va perdurer d’années en années. Le réalisateur et les acteurs sont ainsi toujours étonnés de se faire encore accoster aujourd’hui par de jeunes fans qui les reconnaissent dans la rue et qui sont capables de rejouer des scènes entières de l’un de leurs films de chevets. Et la première raison de ce succès est certainement la sincérité avec laquelle il a été écrit, le scénario ayant été nourris des nombreux souvenirs d’adolescence de Klapish et de ses comparses d’écritures, ses authentiques potes de lycées, qui ont pris un malin plaisir à mélanger leurs propres frasques avec celle de leurs camarades de classes dont ils refont ici, tendrement le portrait.
« On s’regarde jamais proche… »
La bande de garçons (essentiellement) dépeint dans le film sonne, malgré la comédie et les petites caricatures, constamment vraie dans leurs dégaines de futurs adultes mal dégrossis, dans leurs hésitations de rêveurs limités, dans leurs blagues de gros lourds et leur je-m’en-foutisme aussi mignon qu’à baffer… Des gros lourds, des branleurs que l’on reconnait et où l’on se reconnait, qui certes s’inscrivent parfaitement en plein cœurs des années 70, prisonniers entre la fin des rêves de Mai 68 et les générations intéressées des 80’s, mais qui finalement ressemblent à rien de plus que n’importe quel adolescents qui les a précédés ou que ceux qui ont suivis : toujours un peu paumés, plein de convictions qui ne vont jamais bien loin, d’un désirs d’expériences diverses, dont les drogues, obsédés par la sexualités et les filles, ne vivant que par et pour les potes. Les tentatives de dragues malheureuses et les espoirs d’amour parfaitement foirés, les pauvres profs souvent désemparés devant l’impertinence malines de ces pieds nickelés pas bien dangereux, les grands élans féministes pas franchement convaincants, le rapport forcément conflictuels avec les parents dépassés… Le Péril jeune enchaine les scénettes et les dialogues tout en justesse, jusque dans ses élans les plus mélancoliques annoncés par un trip sous acides essentiellement aux airs de descentes, premier pas d’une transformation de la rebellion du leader charmeur du groupe, Tomasi, en futur junkie. Il y laissera sa vie, abandonnant ses copains qui devront alors affronter l’âge adulte, seuls.
Écris en deux semaines, tourné en 24 journées qu’on imagine bien remplies, le film est porté par l’énergie du souvenir, l’énergie d’un jeune metteur en scène qui annonce déjà la célébration contemporaine de L’Auberge espagnole et ses suites, et bien entendu par un casting de quasi débutants irrésistibles et culottés. S’en échapperont Vincent Elbaz, Hélène de Fougerolles, Elodie Bouchez (trois scènes mais un sourire qui laisse des marques) et surtout la révélation Romain Duris, futur acteur fétiche de Klapisch, au charme insolant, capturant à lui seul la joie et les douleurs silencieuses de ce fameux Péril jeune.
Image
Pour sa sortie (enfin) en Bluray, Le Péril jeune profite comme il se doit d’une restauration d’envergure à partir des négatifs originaux scannés 4K. Attention, il s’agit cependant là de pellicule 16mm, c’est-à-dire présentant des matières beaucoup plus présentes que sur le 35 mm et un grain bien marqué et vibrant. Cela étant dit le nettoyage, la stabilisation et le réétalonnage redonnent un sacré coup de peps au film, autrefois plus terne et neigeux. Le tout affirme une esthétique joliment brute, entre le gris réaliste et les teintes orangées de ces années là qui justement associés au grain de l’image capturent à merveille le Paris des années 70.
Son
On retrouve à nouveau le remixage 5.1 qui avait été mis en avant pour l’ancien DVD avec quelques atmosphères plus soulignées, mais un rendu général peut être un peu trop doux malgré l’apport du DTS HD Master Audio. On préfère nettement la version DTS HD Master Audio 2.0, tout aussi clair, mais plus proche du mono d’origine et qui affirme une énergie directe et paradoxalement une meilleure énergie.
Interactivité
Assez incroyable de se dire que ce film n’avait pas connu de ressortie depuis 2008 et son double DVD. Merci à Rimini donc, qui soigne qui plus est son objet avec en plus du digipack regroupant le bluray et le deux DVD (un pour le film, l’autre pour les bonus) un véritable petit coffret cartonné comprenant trois photos au format carte postale, mais aussi un livret comprenant une excellente interview inédite de Cédric Klapisch qui replonge avec bonheur dans ses souvenirs du film : projet d’origine, écriture du scénario, rencontre et direction des acteurs, ambiance dissipée, mise en place de certaines scènes, sortie et succès inattendu, le réalisateur y parle autant de cinéma que d’amitiés.
Du coté des bonus vidéo pas de nouveauté cependant, mais l’ancienne édition DVD collector était déjà particulièrement bien fournie avec un reportage réjouissant autour des retrouvailles entre les acteurs 10 ans après, un making of déjà bien complet sur les origines du film en compagne du réalisateur et du producteur, ainsi qu’une interview croisée rigolarde entre Klapish et ses deux comparses scénaristes et amis de jeunesse. Plutôt intéressant et assez rare aussi, cette édition reprend la longue compilation des essais des comédiens, s’essayant à quelques scènes, testant leur esprit de groupes et leurs personnages, et où on voit le talent brut de certains et les progrès fait pour le film.
Liste des bonus
Le livret « On a été sincères » avec interview de Cédric Klapisch par Marc Godin, critique et historien du cinéma (24 pages), 3 photos au format carte postale, « Le Péril jeune : Ten Years After » : retrouvailles des comédiens en 2004 (35’), « Nous sommes jeunes et beaux » : les essais des comédiens (38’), « Le Périple jeune » : la genèse du film (29’), « L’Âge bête ne passera pas » : entretien avec Cédric Klapisch Santiago Amigorena et Alexis Galmot (9’), Bande-annonce.