Le studio Disney ne travaille pas uniquement sur des adaptations live de ses grands classiques animés, mais aussi sur des versions grand écran des plus célèbres lieux de leurs parcs d’attraction disséminés dans le monde. Mais si Pirates des caraïbes a réussi à devenir une entité propre et une licence plus que lucrative grâce à une première trilogie particulièrement réussie, les autres essais ont clairement loupé le coche que ce soit un Jungle Cruise juste divertissant, ou un méritant A la poursuite de demain passé totalement sous les radars du public. Sorti la même année que le premier Pirates des caraïbes, le précédent Le Manoir hanté et les 999 fantômes avec un Eddie Murphy en fin de course, laissait effectivement les coudées franches pour une nouvelle tentative, plus ambitieuse et clairement plus animée. Véritable trésor d’inventions, de trucages dignes des anciens manèges et du cinéma des origines, The Haunted Mansion reste un concentré du savoir-faire des équipes Disney regorgeant de trésors et de poésie macabre. Et bien plus que le film de Rob Minkloff qui le réduisait à deux-trois séquences de rattrapage, celui de Justin Simien (Bad Hair, Dear White People…) entend bien se vautrer généreusement dans tout cet héritage en reproduisant en version grandeur nature la célèbre maison, son jardin et son cimetière, et en s’appropriant sans vergognes les sublimes décors, les nombreux accessoires iconiques et le cheptel de fantômes plus ou moins visibles.

Stay dead

Associés à des costumes particulièrement riches (les tenues des revenants mais aussi la robe de Madame Leota, la tenue causy du héros Ben Matthias…) et des effets spéciaux mêlant agréablement effets concrets et images de synthèse solides, Le Manoir hanté retrouve une bonne part de la richesse visuelle de son modèle, approchant doucement de son atmosphère joyeusement gothique, de son mélange d’effets inquiétants, voir graphiquement macabre, et d’un esprit plus cartoon, « effrayant mais pour rire ». Malheureusement, il ne fait que l’approcher trop timidement, ne parvenant jamais à véritablement trouver le bon point de bascule entre quelques (rares) jaillissements purement horrifiques (la découverte du grenier et la tueuse à la hache) et le divertissement gentiment familial et ses fantômes carrément trop sages. Annoncé « tout public » le film insère tout de même quelques passages trop tendus pour les plus jeunes, mais l’ensemble met trop en avant l’humour et le fantastique sobre pour les pré-ados. Quand aux parents, aguichés par une première scène de caractérisation joliment amenée, ils en seront quitte pour suivre un scénario terriblement standard jusque dans ses grands élans de bons sentiments. Il semble évident que le potentiel fantasque et charismatique de la petite bande de bras-cassés de l’ésotérisme, qui plus est incarné par un casting carrément réussi (Rosario Dawson, LaKeith Stanfield Owen Wilson, Danny DeVito et Jamie Lee Curtis), semblait pourtant évident, mais il n’est jamais approfondi comme il le devrait, les laissant, là encore, aux rives de la comédie polissée, standardisée. Coscénariste de l’embarrassant SOS Fantômes de 2016, Katie Dippold se montre à nouveau incapable de reproduire l’alchimie loufoque et irrévérencieuse des fameux Ghostbusters.

Seconde itération (troisième si on compte le Special des Muppets) dérivée du ride des Disneyland, ce Manoir Hanté se montre bien trop indécis entre les petits frissons, les petites blagounettes et les rares installations d’un drame plus sensible sur le deuil, ne trouvant que trop rarement sa cible et son identité. Pas désagréable pour autant, mais facilement oubliable, le film a au moins le mérite d’en mettre techniquement plein la vue.