LE MANOIR DES FANTASMES
Dark Places – Royaume-Uni – 1974
Support : Bluray & DVD
Genre : Epouvante
Réalisateur : Don Sharp
Acteurs : Christopher Lee, Joan Collins, Herbert Lom, Jane Birkin, Robert Hardy, Jean Marsh
Musique : Wilfred Josephs
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 91 minutes
Editeur : ESC Editions
Date de sortie : 10 mai 2023
LE PITCH
Un couple d’escrocs pense pouvoir cacher l’argent volé dans une vieille maison, malheureusement cette dernière est hantée.
Comme à la maison
Production de fin de cycle, Le Manoir des fantasmes arrivent sur les écrans alors que le cinéma d’épouvante anglais entame son crépuscule final. Entre maison hanté, thriller de machination et démence, le film du solide Don Sharp tire cependant joliment son épingle du jeu.
Ce petit film d’exploitation n’est d’ailleurs pas un ultime essai pour l’un des habituels studios du genre comme la Hammer ou la Amicus, mais un one-shot pour un producteur mystérieux, James Hannah Jr, aussi vite disparu. Don Sharp lui cependant n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il fait partie des meilleures signatures de la mythique Hammer justement avec quelques réussites comme Le Baiser du vampire, Les Pirates du diable et Raspoutine (on le retrouvera aussi bien plus tard sur la série Hammer House of Horror) et qu’il signa, en autres, les deux premiers opus de la saga des Fu Manchu alors incarné par Christopher Lee. Un acteur ami que l’on retrouve bien évidemment dans le Manoir des fantasmes, incarnant un docteur Ian Mandeville, peu sympathique voir inquiétant, manifestement uniquement motivé par l’appât du gain. Son but est comme beaucoup de mettre la main sur le magot que l’on pense caché dans les murs de la vieille maison abandonnée d’Andrew Marr, n’hésitant pas à envoyer sa sœur (pour qui il a manifestement quelques désirs incestueux) séduire le nouvel héritier des lieux. Joan Collins (Dynastie) en fait forcément des caisses face à un Robert Hardy pour le coup surtout troublé par les évènements étranges qui continuent de se dérouler dans les lieux.
Travaux en cours
Une sombre histoire de meurtres qui aurait rendu le propriétaire fou, suite à la disparition de ses enfants, dont on aperçoit des répercussions par des objets qui tombent, d’étranges silhouettes qui apparaissent aux fenêtres et surtout des flashbacks (permettant d’y apercevoir Jane Birkin et Jean Marsh) qui se font de plus en plus envahissants. Un casting des plus solides pour un métrage qui croise non pas les genres mais les époques en mélangeant autant la rigueur anglaise des films d’horreur classiques avec les thrillers psychologiques angoissants de la Hammer (et oui encore) sans oublier une bonne dose d’atmosphère trouble et de révélations jamais très loin des giallos de l’époque. Surtout, La Maison des fantasmes se montre particulièrement réussi dans sa manière de jouer sur le doute constant entre trame criminelle pure, récit surnaturel et exploration de la folie du protagoniste principal et des anciens habitants du manoir, en venant titiller les souvenirs de quelques textes d’Edgar Allan Poe. Entre héritage et modernité, passé et présent, réel et irréel, le film cultive constamment ses dualités et y fait naitre un suspens bien tenu et un mystère accrocheur. Si d’apparence la réalisation de Don Sharp et la photographie relativement austère, se montrent un peu trop en retrait, elles distillent cependant un classicisme de façade qui va progressivement laisser place à un habillage légèrement plus fiévreux, épousant l’état de plus en plus instable du personnage principal et la noirceur terrible des évènements dissimulés. On sent inévitablement ici que le film d’horreur anglais est en train de tirer sa révérence, composant avec peu de moyen et un lourd patrimoine, mais on a aussi connu des disparitions bien moins glorieuses.
Image
Longtemps diffusé dans des copies pas franchement officielles, tronquées, au format douteux et dans des copies vidéo en fin de vie, Le Manoir de fantasmes a finalement été réhabilité tout récemment grâce à la découverte d’une copie internégative en bonnes conditions. Si quelques séquences se montrent encore légèrement instables et avec un grain fluctuant, l’ensemble du film profite d’une très solide restauration et d’un réetalonnage de qualité. Sans se départir de son imagerie un peu sèche typique des productions britishs de l’époque, le film gagne clairement en solidité et en intensité avec une définition bien creusée.
Son
Les mono anglais et français nous parviennent dans des DTS HD Master Audio 2.0 très agréables et toujours clairs. Si le doublage français d’excellente qualité est marqué par une sonorité légèrement écrasée, la version originale se montre plus naturelle et vive mais avec quelques petits chuintements lorsque les voix s’élèvent.
Interactivité
Avec le succès du nouveau Midi-Minuit Nicolas Stanzick est désormais partout, en particulier dès qu’il y a du gothique dans l’air et il n’est donc pas étonnant de le retrouver ici. Une double intervention puisqu’en plus de livrer une habituelle présentation générale du film (production, acteurs, thèmes et inclusions dans le gothique anglais…), il se fend aussi d’un petit travelling bienvenu sur la carrière du réalisateur Don Sharp.
Pour les autres suppléments, ESC est directement allez chercher du coté de l’édition anglaise de Nucleus Films en reprenant leur commentaire audio de spécialistes locaux (en vost et ça c’est cool) et l’interview de Jonathan Rigby. Une pointure coutumière des éditions consacrées aux films d’horreurs anglais, l’auteur d’excellents ouvrages sur le gothique et qui vient ici raconter la confection de son livre d’entretiens avec l’immense Christopher Lee. A priori pas grand-chose de bien croustillant pour les amateurs français (surtout que l’ouvrage n’a pas été traduit), mais le monsieur se montre un conteur hors pair et un excellent imitateur de l’acteur, livrant de nombreuses anecdotes sur ses rencontres et ses échanges avec la légende, avec autant d’humour que de tendresse.
Liste des bonus
Commentaire audio de Nathaniel Thompson et Troy Howarth, spécialistes du cinéma d’horreur (VOST), Entretien autour du film avec Nicolas Stanzick, spécialiste du cinéma fantastique britannique (25’), Retour sur la carrière de Don Sharp (13’), « Rencontre avec l’icône Christopher Lee » par Jonathan Rigby (23’), Bandes-annonces.