LE MANGEUR D’ÂMES
France – 2024
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Julien Maury, Alexandre Bustillo
Acteurs : Virginie Ledoyen, Paul Hamy, Sandrine Bonnaire, Malik Zidi, Francis Renaud, Cameron Bain…
Musique : Raphaël Gesqua
Image : 2.35 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0
Sous-titres : Aucun
Durée : 108 minutes
Editeur : Blaq Out
Date de sortie : 23 octobre 2024
LE PITCH
La commandante Élisabeth Guardiano est chargée d’aller enquêter sur un double meurtre d’une rare brutalité dans une petite commune des Vosges. Sur place, elle rencontre le capitaine de gendarmerie Franck de Rolan qui fait face à une série de disparitions d’enfants. Impuissants face à un village hostile, ils vont être contraints d’unir leurs forces pour découvrir la vérité, une vérité terrifiante empreinte de légendes occultes…
Enfants perdus
Septième long métrage déjà pour le duo formé par Julien Maury et Alexandre Bustillo qui s’efforce depuis bientôt 20 ans de faire survivre l’idée d’un cinéma d’horreur à la française. Et celui-ci, on le sait, se dilue parfaitement dans le creuset du polar sombre et opaque. Léger glissement de genre avec Le Mangeur d’âmes donc, mais l’envie est manifestement toujours là.
Depuis le tétanisant A l’intérieur, les deux réalisateurs n’ont ainsi de cesse d’expérimenter dans le cadre du cinéma d’épouvante local de Livide à The Deep House, et se sont même essayés à la production américaine avec Leatherface, énième prequel du séminal Massacre à la tronçonneuse. Mais convaincu par le producteur d’Aux yeux des vivants (certainement l’un de leurs films les plus intéressants et personnels), les voici qu’ils se lancent dans l’adaptation d’un roman d’Alexis Laipsker, spécialiste du thriller à grandes sensations, et descendant direct d’un certain Jean-Christophe Grangé, dont Mathieu Kassovitz proposa un Les Rivière pourpres qui changea la donne en 2000. Un modèle du genre, mélange effectivement d’enquête retors, d’éléments glauques et graphiques, mais constamment porté par l’efficacité de la série B. Presque de l’horreur pour le plus grand nombre que Maury et Bustillo gardent bien évidemment ici en modèle, rejouant l’affaire macabre sidérant la petite communauté d’un village de province montagneuse (les Vosges pour remplacer la Haute Savoie), la description d’une communauté pétrie de secrets et de vieilles légendes, et naturellement les deux enquêteurs (ici Virginie Ledoyen et Paul Hamy) dont les frictions cachent des fêlures à fleurs de peaux.
Les enfants perdus
Un exercice de style auxquels Le Mangeur d’âmes doit se livrer avec des moyens nettement inférieurs au blockbuster de la Gaumont, mais dont il réussit effectivement à retrouver le mélange d’ambiance poisseuse et de divertissement rythmé (les poursuites, scènes de combats et cascades sont bien tenues), d’enquête laborieuse et d’effluves plus mystiques. Si leur univers est forcément beaucoup moins brutal et sanguinolent que d’habitude, les deux réalisateurs mettent tout de même fortement l’accent sur les doutes « fantastiques » qui entourent l’affaire, sur cette légende d’un croquemitaine local (le fameux mangeur d’âmes) et les terribles exactions qu’il aurait causé sur des habitants « sans histoires », les poussant à s’entredévorer dans un orgasme mortel. Charmant. On n’est jamais très loin ici de la Folk Horror, mais malgré quelques dialogues parfois un peu maladroits et quelques indices trop visibles (dû au manque de personnages secondaires et donc aux moyens encore une fois), le scénario réussit à ménager ses effets pour enchainer dans le dernier tier une série de révélations assez surprenantes et bien senties où, on le savait mais on ne dévoilera rien, l’humain s’avère toujours bien plus monstrueux que n’importe quelle créature de légende.
Une réussite on ne peut plus honorable donc, dépassant d’une bonne tête le tout venant du pseudo-policier franchouille, voire du thriller bateau US, qui permet en outre de réunir à l’écran, trente ans après le terrible La Cérémonie de Claude Chabrol, Virginie Ledoyen et Sandrine Bonnaire. Bel héritage.
Image
Entièrement tourné en numérique, Le Mangeur d’âmes assure assez facilement un transfert d’excellente qualité avec son image limpide, ses contrastes bien dessinés, ses noirs puissants et un piqué très efficace qui ne manque pas d’une petite dose bienvenue de relief. Une prestation solide tout simplement.
Son
La version originale, française donc, est disponible aussi bien dans son DTS HD Master Audio 5.1 retrouvant l’énergie et les sensations enveloppantes (parfois bien lourdes et pesantes) des salles, que dans un DTS HD Master Audio 2.0 plus adéquate pour les installations de salon plus restreintes. Dans les deux cas, tout est clair et bien équilibré.
Interactivité
Une section bonus sobre mais tout à fait satisfaisante puisque le long entretien enregistré avec les deux réalisateurs brasse tranquillement tous les sujets importants attachés au film : leur passages d’un cinéma d’horreur au polar plus terre-à-terre, la découverte et l’adaptation du roman, la constitution du casting et les retrouvailles entre Virginie Ledoyen et Sandrine Bonnaire, un tournage à l’économie et la mise en boite des quelques scènes d’action, jusqu’à l’introduction des scènes coupées écartées justement pour leur aspect « horreur » trop marqué. Ces dernières sont donc proposées dans la foulée, avec quelques détails sanglants supplémentaires à la clef.
Liste des bonus
Interview de Julien Maury et Alexandre Bustillo (46’), Scènes coupées (7’).