LE MAGNIFIQUE
France, Italie – 1973
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Comédie, Aventure
Réalisateur : Philippe de Broca
Acteurs : Jean-Paul Belmondo, Jacqueline Bisset, Vittorio Caprioli, Hans Meyer, Monique Tarbès, Mario David, Jean Lefebvre…
Musique : Claude Bolling
Image : 1.66 16/9
Son : Français et Allemand DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Allemand, Français pour sourds et malentendants
Durée : 93 minutes
Éditeur : Studiocanal
Date de sortie : 31 octobre 2023
LE PITCH
Devant sa machine à écrire, François Merlin laisse déborder son imagination… Au Mexique, un agent secret téléphone d’une cabine publique quand une grue l’emporte et le jette dans l’océan où il sert de pâture aux requins. Tel est le début de la nouvelle aventure de Bob Saint-Clair, héros du romancier François Merlin…
« Je suis l’auteur. J’écris ce qui me plaît. »
Grand classique de la comédie française, succès populaire jamais contesté et grand tournant dans la carrière de la star, malgré ses 50 balais Le Magnifique ne vieillit pas vraiment. Grâce à son astucieuse, voir brillante, idée de départ et par la bonne humeur incroyable de ses interprètes embarqués, forcément, par l’énergique Belmondo.
C’est un grand duo de cinéma qui se reforme ici, soit Jean-Paul Belmondo et Philippe de Broca, huit ans après le précédent Les Tribulations d’un chinois en chine, qui lui même suivait les inoubliables L’Homme de Rio et Cartouche, autres films d’aventure enlevés où la comédie restait un ingrédient primordial. Mais si l’acteur n’a cessé depuis ces dernières années de voir son aura croitre de succès en succès, le cinéaste lui est encore très marqué par les échecs cruels de ses propositions les plus personnelles et mélancoliques comme Le Roi de cœur ou Chère Louise avec Jeanne Morreau. Et pour la première fois coproducteur du film avec sa structure Cerito Films, l’acteur appuyé par Alexandre Mnouchkine, commence à véritablement imposer sa marque… Comme le soulignera habilement le camarade publiciste René Château en proposant en remplacement du titre initial Comment détruire la réputation du plus célèbre agent secret ? par un beaucoup plus sobre Le Magnifique, venant confondre pour la première fois le personnage et la tête d’affiche.
« La routine, mon général, la routine… »
Une superposition qui innerve toute le film, proposition double où après une vingtaine de minutes totalement explosives et délirantes, parodie jubilatoire de film d’espionnage à la James Bond et de mauvais romans façon SAS, apparait en pleine fusillade sur une plage paradisiaque mexicaine une femme de ménage affairée avec son aspirateur. Celle de François Merlin, écrivaillon de son état, qui tente de trouver l’inspiration pour ce 43ème opus des aventures du sémillant Bob Saint-Clair, surhomme au service de l’état et de ces dames. Une projection fantasmée de la virilité, de la conquête, de la séduction et de l’héroïsme, que l’auteur fait massacrer ses ennemis du jour (le plombier et les électriciens récalcitrants), séduire sa belle voisine d’en face (Jacqueline Bisset parfaite en étudiante et/ou bond-girl) ou contrecarrer les plans diaboliques d’un vilain Karpof à qui il prête les traits de son éditeur / esclavagiste. De la grisaille parisienne, de la petite vie d’un romancier raté qui rêve toujours de son grand œuvre, d’un célibataire maladroit mais sympathique, aux paysages ensoleillés et paradisiaques où se déroulent les grands aventures de l’Eurospy, Le Magnifique joue les vases communicants, les péripéties de Saint-Clair se muant en forfanteries premier degré, en délires outrageusement gores (avec ralentis à la Peckinpah) ou en farces ridicules et vachardes au grès de l’état d’esprit et des derniers déboires de son créateur.
La belle astuce d’un film qui fera de nombreux émules (d’OSS 117 avec Jean Dujardin au Dr Wai avec Jet Li), et qui sous l’accumulation de cascades, de gags plus ou moins poussifs, venait illustrer toute la dualité de Jean-Paul Belmondo, ici aussi fragile et simple que Merlin puis flamboyant et excessivement théâtral que Saint-Clair (il faut le voir allumer une cigarette !), qui composait alors une belle carrière entre films d’auteurs (Pierrot le fou, Un Homme qui me plait, La Sirène du Mississipi…) et grosses productions populaires (Borsalino, Le Cerveau, Le Casse, La Scoumoune…) avec une aisance désarmante. Jusqu’au suivant Stavisky d’Alain Resnais, gros échec commercial, qui poussera alors Belmondo à laisser presque définitivement la place à Bebel. Par cet aspect involontairement visionnaire, Le Magnifique en est forcément que plus savoureux.
Image
Studiocanal continue avec brio ses rééditions de grands titres de son catalogue en 4K. Là encore la restauration a été effectuée par le studio de L’image retrouvée avec un scan 4K des négatifs 35mm originaux, suivi d’un nettoyage en règle et d’un réétalonnage de circonstance. Plus fluide et pimpant que jamais, le film affiche désormais des cadres d’une imparable propreté et d’une stabilité des plus fermes. Le grain de pellicule, assez discret, reste cependant présent avec une patine organique qui révèle admirablement les reflets argentiques. Surtout, les couleurs se dotent désormais d’intensités et de variations inédites (merci le Dolby Vision). Du bel ouvrage.
Son
Le mono d’origine a depuis longtemps laissé place à une stéréo légèrement plus énergique. On la retrouve ici dans un DTS HD Master Audio d’excellente facture avec des dialogues toujours clairs et posés, des effets et des musiques qui s’intègrent avec fluidité et une petite dynamique bienvenue.
Interactivité
Le Magnifique reprend le même packaging que le précédent Persepolis avec fourreau cartonné, digipack comprenant les disques UHD et Bluray et un fin livret laissant essentiellement à la journaliste Guillemette Odicino (France Inter), le soin de livrer un petit texte critique tout à fait pertinent. Sur les disques proprement dit pas grand-chose de très neuf cependant, quasiment tous les bonus, excellents cela-dit, étant hérités de l’ancien DVD de 2013. Le commentaire audio de Philppe de Broca se montre particulièrement intéressant et complet, autant sur les coulisses, les choix d’écriture que le dispositif de tournage, et les meilleurs moments sont directement repris dans le documentaire « Comment détruire la réputation du plus célèbre agent secret », exercice très complet qui entre les interventions de Jacqueline Bisset, du monteur, de Jean-Paul Rappeneau et de journalistes spécialisés, retrace solidement l’aventure du film. Du coté des inédits, ce sont donc deux documents d’archives, captés pendant le tournage à Paris et au Mexique, avec de courtes interviews de Belmondo et de De Broca et surtout quelques vrais instantanés des coulisses, entre décontraction et petites tensions.
Liste des bonus
Un livret rédigé par Guillemette Odicino, critique cinéma (24 pages), Présentation du film par Michel Gondry (8’), Commentaire audio de Philippe de Broca et Jérôme Wybon, « Comment détruire la réputation du plus célèbre agent secret » (37’), « Belmondo agent secret » : sur le tournage – archive de l’émission “Pour le cinéma” (INA, 1973, 5’), Sur le tournage – archive de l’émission « Pour le cinéma » (INA, 1973, 12’).