LE LOUP-GAROU DE LONDRES
American Werewolf in London – Etats-Unis, Royaume-Uni – 1981
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : John Landis
Acteurs : Frank Oz, David Naughton, Jenny Agutter, Griffin Dunne, Don McKillop…
Musique : Elmer Bernstein
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0, Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 97 minutes
Éditeur : L’Atelier d’images
Date de sortie : 24 août 2021
LE PITCH
Deux jeunes routards américains David et Jack se lancent dans un voyage en Europe de plusieurs mois. Mais, alors qu’ils se trouvent au beau milieu d’une campagne anglaise désolée, les gens du pays les mettent en garde : « Restez sur la route, ne vous aventurez pas dans la lande » et « Attention à la Lune ». Les deux garçons s’enfoncent pourtant dans l’obscurité, lorsqu’ils sont surpris par un hurlement terrifiant…
« un autre genre d’animal »
Multi édité, toujours collector, Le Loup-garou de Londres s’offre en France une petite exclue avec la sortie du film au format UHD de la dernière restauration 4K. Malgré les années, le film est plus séduisant que jamais, rappelant que mieux que la synthèse, il reste le latex… et l’inspiration.
Si après toutes ces années Le Loup-garou de Londres est resté dans toutes les mémoires, c’est en premier lieu pour son inoubliable séquence de transformation. Alors que l’exercice ne jurait depuis des années que par un enchaînement stoïque de plans en fondus-enchaînés, le génie des effets spéciaux Rick Baker (Greystoke, Men in Black, Hellboy) et le réalisateur John Landis, imaginent une vision plus construite et plus graphique. Le corps se transforme miraculeusement devant les yeux du spectateur avec un sens du détail révolutionnaire, tandis que le jeu de l’acteur, du montage et l’utilisation inspirée de la chanson Blue Moon lui confèrent une tonalité plus tragique qu’horrifique. Une mise en scène et une technique qui servent aujourd’hui encore de maîtres-étalons, mais qui alors s’avérèrent être un véritable choc pour les spectateurs. Une séquence culte, copiée à outrance, qui fait souvent oublier que la réussite de cet essai ne s’arrête pas à son avancée dans l’histoire des effets-spéciaux, mais tient surtout à sa réinvention du mythe lycanthrope.
American Beauty
Réalisateur reconnu et apprécié pour son sens implacable de la comédie, John Landis sort au début des années 80 de trois énormes succès populaires : Hamburger Film Sandwich, American Collège et Les Blues Brothers. Rien qui ne le destine dans le regard du public et du studio à la mise en scène d’un film d’horreur. Ce projet, il le trimballe pourtant depuis ses tout débuts. Landis ne renie en rien son sens du farfelu, voire de la grosse artillerie comique, puisque tout le pari du Loup-garou de Londres est justement de mélanger les genres et les tonalités, passant du rire de décalage à la romance délicate (sublime Jenny Agutter), de l’humour noir au comique de situation avec une décontraction sidérante. Rendant son dû aux classiques de « l’homme-loup » (en particulier à la tradition Universal Monsters), le long-métrage rejoue la séquence des landes écossaises, des villageois apeurés, de la malédiction, mais s’amuse à confronter cette mythologie d’un autre âge au monde urbain des 80’s, histoire d’accroître encore le fossé entre ce touriste américain et le flegme britannique. Toujours drôle, fantaisiste, cette comédie horrifique se montre particulièrement habile dans sa volonté constante d’ancrer la dramaturgie (aussi irréaliste soit-elle) dans un cadre presque naturaliste. Des transformations aux apparitions de la créature dans les rues de Piccadilly Circus, en passant par les interventions impromptues des anciennes victimes de la bête sous la forme de morts-vivants en décomposition, tout est exposé avec un naturel désarmant, perturbant et donc aussi crédibilisant que flippant. Maître du contre-pied (voir son clip pour le Thriller de Michael Jackson), John Landis atteint des sommets lors des séquences de cauchemars, dont la construction et la photographie ne dérogent pas au reste du dispositif malgré l’apparition de loups-garous nazi !
Plus qu’une scène culte, Le Loup-garou de Londres reste encore aujourd’hui un vrai petit chef d’œuvre.
Image
Reprenant la restauration 4K produite par Universal en 2019 (mais uniquement dispo en Bluray chez Arrow Video), L’Atelier d’images propose un disque UHD d’excellente qualité, d’autant plus appréciable chez nous qui n’avions eu que la première édition Bluray de 2009. Un travail désormais effectué à partir du négatif 35mm qui permet enfin un nettoyage minutieux, précis et préservant savoureusement les matières pellicules, le grain, la profondeur, et surtout des lumières beaucoup plus nettes et naturelles. Un gain spectaculaire doté désormais de couleurs plus vives et chaudes que jamais. Tout serait parfait si les multiples fondus enchaînés ne tranchaient pas autant, marqués pour le coup par l’utilisation d’un filtre numérique afin d’homogénéiser les transitions.
Son
Désormais proposé dans un DTS HD Master Audio plus net encore le remix moderne 5.1 est toujours aussi efficace dans sa retranscription des ambiances, écossaises et urbaines, venant ajouter quelques sensations effrayantes plus soutenues. Bonne nouvelle cependant pour les puristes qui peuvent enfin retrouver la stéréo d’origine dans un DTS HD Master Audio forcément plus frontal mais tout aussi joliment équilibré. Le doublage français lui, malgré une interprétation réussie, pèche toujours autant par un aplatissement des ambiances.
Interactivité
Décidément Le Loup-garou de Londres n’aura jamais vraiment eu à se plaindre du traitement de ses éditeurs. Il y avait déjà un bon vieux DVD collector plutôt chargé pour l’époque, puis un Bluray qui en plus d’en reprendre l’intégralité (commentaire audio peu passionnant des acteurs, featurette, reportage d’époque sur les SFX) y ajoutait une belle interview de Rick Baker rappelant sa passion pour les loups-garous au cinéma et un sacré making of presque aussi long que le film. Revenant sur le tournage à grands renforts d’images d’archives et d’interviews de toute l’équipe (acteurs, producteurs, monteur, mixeur, etc.) celui-ci se montre toujours aussi passionnant, analysant toutes les scènes importantes en suivant la chronologie du film. Une nouvelle fois, les effets spéciaux se taillent la part du lion, mais les sujets de la censure, de la sortie la même année de deux concurrents (Wolfen et Hurlements), des difficultés du tournage dans un froid implacable sont évoqués avec une nostalgie touchante. Forcément dans ce déluge de témoignage, c’est toujours John Landis qui séduit le plus, avide de détails croustillants et de bons mots imparables. Une masse directement reprise ici et glissée sur le Bluray du film.
Mais il faut désormais y ajouter une bonne pelleté d’items totalement inédits. Une première partie qui a été récoltée chez les voisins d’Arow Video avec une nouvelle introduction au film par le réalisateur (qui évoque surtout ses collaborations british), un thème étonnant mais pertinent sur le parallèle entre le loup-garou proscrit et les origines juives probables du héros, une découverte de props survivants ou une discussion entre le réalisateur Corin Hardy (La Nonne) et Simon Ward (qui est-il ?). Du menu fretin à côté du long documentaire La Marque de la bête opérant un voyage complet au travers de la figure du Loup-Garou dans l’histoire du cinéma fantastique, et en particulier les itérations de la Universal, donnant alors la parole à John Landis ou Rick Baker (encore) mais aussi à de nombreux collègues (Joe Dante…), historiens, producteurs ou spécialistes des effets spéciaux.
Un menu chargé que l’éditeur français n’a pas hésité à compléter par ses propres productions maison : Une rencontre du regretté Gil Jouin, immense affichiste créateur du nouveau visuel pour la jaquette de l’édition, une présentation assez complète du film par le journaliste Philippe Guedj et une nouvelle interview de John Landis. Un sacré client qui certes répète, forcément, un peu toujours les mêmes anecdotes sur le film, mais avec tellement de décontraction, de franchise et d’humour, que c’est parfaitement irrésistible.
A noter que cette sortie est aussi proposée sous la forme d’un coffret Prestige comprenant quelques goodies en sus : livret de 56 pages sur la création du film, livret de 44 pages tiré de la revue SFX avec une interview exclusive de Rick Baker, un lenticulaire, deux sous-bocks et une affiche réversible. Attention c’est limité à seulement 1981 exemplaires.
Liste des bonus
Commentaire audio de David Naughton et Griffin Dune, « Prenez garde à la Lune » (95’), Les coulisses du tournage (5’), Entretien avec John Landis (18’), Entretien avec Rick Baker (11’), J’ai marché avec un loup-garou (8’), Gros plan sur la technique (11’), Bêtisier (3’), Storyboards comparés au film (2’), Galerie de photos (3’), « La marque de la bête : l’héritage du Loup-garou d’Universal » (77’), Un cinéaste américain à Londres (11’), « Il doit être juif » : le secret du Loup-Garou (11’), « L’Appel du loup-garou » : entretien entre Corin Hardy et Simon Ward, Les Vestiges du film, Interview de John Landis par Jean-Pierre Lavoignat et Christophe d’Yvoire (10’), « Un monstre du cinéma américain en Angleterre » par Philippe Guedj, journaliste cinéma au Point Pop, « L’illustration en Héritage » : entretien avec l’illustrateur Gil Jouin, créateur du nouveau visuel.