LE LIMIER
Sleuth – Royaume-Uni, Etats-Unis – 1972
Support : Bluray
Genre : Policier
Réalisateur : Joseph L. Mankiewicz
Acteurs : Laurence Olivier, Michael Caine
Musique : John Addison
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Durée : 138 minutes
Editeur : Colored Films
Date de sortie : 13 décembre 2023
LE PITCH
Sir Andrew Wyke, un riche auteur de romans policiers anglais, a invité Milo Tindle, un coiffeur londonien d’origine plus modeste, à lui rendre visite dans sa somptueuse résidence, aménagée et décorée avec un art consommé du trompe-l’oeil. Maniaque de l’énigme et de la mystification, cachant mal son mépris pour ce parvenu dont il connaît la liaison avec son épouse Marguerite, Andrew lui propose de simuler un cambriolage pour toucher l’argent de l’assurance. Milo, impressionné par Wyke, accepte…
Les joueurs
Ultime réalisation du maitre Joseph L. Mankiewicz (Eve, On Murmure dans la ville, Un Américain bien tranquille…) et véritable tour de force que Le Limier qui oppose deux fabuleux acteurs pendant plus de deux heures, seuls dans un décor grandiose, dans un petit jeu de manipulations et de sadisme particulièrement brillant.
L’entreprise pharamineuse de Cléopâtre aura définitivement marqué la fin de la carrière cinématographique de Joseph L. Mankiewicz, laissé exsangue après un tournage particulièrement chaotique et tendu, interdit de la salle de montage (de deux films de trois heures on est passé à un seul de quatre heures) qui plus est pour un succès à l’époque relativement tiède. Ses dernières réalisations se feront alors certainement plus désabusées que jamais, décrivant une nature humaine peu reluisante et jamais rattrapée par la grandeur et le romantisme d’autrefois. Loin des ambitions pharaoniques du péplum, Le Limier s’apparente même techniquement à une véritable récréation pour le cinéaste qui en adaptant avec l’auteur Atnhony Shaffer (The Wicker Man et Frenzy) sa propre pièce, il s’assure une production beaucoup plus simple et confortable puisqu’ici tout repose sur seulement deux personnages visibles et un unique décor. Une épure sur le papier, mais qui permet surtout de faire éclore une incroyable sophistication dans l’écriture, le jeu des acteurs et la scénographie.
Cluedo
A commencer par cette gigantesque demeure aristocrate perdue dans la campagne anglaise, conceptualisée par Ken Adams (Barry Lindon, Rendez-vous avec la peur, Goldfinger…) qui se partage entre un gigantesque labyrinthe où se rencontrent les protagonistes dans l’ouverture, puis un enchainement de salles, des chambres à la cave, toutes habillés d’une masse de détails signifiants (tableaux, bibelots, meubles…). Et bien entendu cette armée d’automates, tour à tour rieurs et inquiétants, qui viennent régulièrement ponctuer par inserts la joute qui se déroule en huis-clos. Une joute qui oppose donc Andrew Wyke, auteur de romans policier à succès et anglais aussi fier que profondément raciste, et Milo Tindle coiffeur d’origines italiennes qui a une liaison avec sa femme. Une bonne dose de lutte des classe, aristo contre parvenu, comme un jeu d’échec où le plan se métrait en place un pion après l’autre. C’est aussi la confrontation flamboyante entre deux acteurs britanniques de très haute volée, Laurence Olivier toujours habité par son expérience shakespearienne, et le plus jeunes Michael Caine, nouvelle coqueluche du cinéma britannique et issus des quartiers populaires londoniens. Des performances fabuleuses, où les quelques cabotinages sont parfaitement voulus et dosés, où les rapports de force vont brutalement s’inverser en cours de film, le traquenard de l’un appelant la vengeance de l’autre, humiliation contre humiliation, comme un reflet à peine déformé de la réalité de la société anglaise de l’époque. Fable sociale en fond, mais aussi et avant tout partie endiablée, terriblement ludique, de deux grands enfants retors faisant passer les pires cruautés en jeux destructeurs et intenses, manipulant à loisir tous les codes du fameux récit policier à l’anglaise.
Admirablement mise en scène par un Mankiewicz inspiré, passionnant et surprenant de bout en bout, Le Limier est un sacré coup d’éclat, une tombée de rideaux sous une standing ovation.
Image
Difficilement visible depuis des années, avec une simple VHS en France sortie il y a bien longtemps, quelques diffusion TV et quelques DVD étrangers pas toujours très identifiables, Le Limier souffre de quelques problèmes de droits qui compliquent cruellement sa diffusion. Étonnant donc de voir débarquer en exclusivité mondiale un Bluray chez nous. Bon forcément le résultat est loin d’être parfait, mais il est évident aussi qu’un bel effort a été fourni. Pas possible de retourner à la source, la remasterisation s’est donc faite uniquement en numérique avec sans doute une belle batterie de logiciels et d’outils pas toujours des plus délicats. Si les images sont propres et délivrent de couleurs bien chaudes et contrastées (même si on note des excès sur les « rouge-roses »), le grain de pellicule a presque entièrement disparu et les matières hésitent entre un piqué dessiné et une douceur presque lissée. Effectivement pas à la hauteur du film, mais vu la rareté du métrage on va s’en satisfaire.
Son
La piste sonore d’origine mono anglaise laisse clairement entendre quelques variations de captation entre les différentes pièces et espaces. De légères dissonances qui dans un autre contexte auraient peut-être pu être égalisées, mais la restitution DTS HD Master Audio assure une bonne clarté, sobre et sans perdition. La version française d’époque, assez savoureuse, est marquée par un léger souffle.
Liste des bonus
Bande-Annonce.