LE GRAND AMOUR DU COMTE DRACULA
El gran amor del conde Dracula – Espagne – 1973
Support : Bluray
Genre : Epouvante
Réalisateur : Javier Aguirre
Acteurs : Paul Naschy, Rosanna Yanni, Haydée Politoff, Mirta Miller, Ingrid Garbo, Victor Barrera…
Musique : Carmelo A. Bernaola
Image : 1.85 16/9
Son : Espagnol DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Durée : 83 minutes
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 31 mars 2024
LE PITCH
Vers la fin du XIXème siècle, dans la Carpate orientale, en Roumanie – Après avoir traversé le col de Borgo, un carrosse perd une roue ; les chevaux, effrayés, tuent accidentellement le cocher avant de s’enfuir. Les cinq passagers, quatre femmes et un homme, se retrouvent isolés en pleine forêt. Imre convainc les passagères de se diriger vers un ancien sanatorium, afin de trouver de l’aide. Le groupe y fait la connaissance du nouveau propriétaire des lieux, le docteur Wendell Marlowe. Ce dernier accepte de les héberger. Mais le présumé médecin cache un lourd secret.
Amor y sangre
LA star de l’épouvante espagnole délaisse un temps le maquillage poilu du lycanthrope tragique Waldemar Daninsky pour revêtir les plus nobles apparats du seigneur des vampires : Dracula. Du gothique sexy à une époque où le genre boit la tasse, mais abordé avec une naïveté et un romantisme désuet qui force le respect.
Ancien lutteur devenu idole de ses dames et icones du cinéma d’horreur à une époque où l’Espagne se découvrait une passion nouvelle pour le fantastique, Paul Naschy est certes devenu acteur sur le tard, mais a cependant toujours été un véritable amour des classiques de l’horreur. Si sa figure de loup-garou, centrale dans une dizaine de productions, a fait sa légende, il s’est aussi forcément intéressé à d’autres monstres sacrés comme La Momie, le Dr Jekyll et, forcément le séduisant et magnétique Dracula. Petit et râblé, le visage plutôt épais, Naschy n’était à priori pas forcément la personne la plus évidente pour prendre la succession de Christopher Lee, mais c’est justement en jouant sur cette prestance moins évidente, une vision presque plus normative du personnage, que Le Grand amour du comte Dracula peut faire sa différence. Recueillant comme le veut la coutume les passagers égarés d’une carriole accidentée en pleine chaine des Carpates (« How ‘bout that ! »), dont quatre jeunes femmes parfaitement développées, celui qui se cache sous l’identité du Dr Marlowe découvre que l’une d’entre elle est peut-être le grand amour qui pourra le sauver de sa malédiction.
Happy Ever After
Un personnage peut-être plus sensible, plus délicat, plus fragile, acceptant même d’abandonner son plan sanglant pour les yeux de sa belle, que Naschy dépeint avec modestie et de longs monologues empruntés et théâtraux. Forcément avant d’en arriver là, il ne pourra pas s’empêcher d’essayer un peu les trois autres et d’en faire ses épouses vampires. Si le collaborateur et réalisateur Javier Aguirre, déjà choisi pour le précédent Le Bossu de la morgue, singe allégrement, et avec un certain talent, tous les tics de la Hammer anglaise et éclaire avec justesse et élégance les jardins et la cave de la superbe demeure qui sert de décors, nous sommes ici bel et bien dans une production du début des années 70 où la suggestion d’antan a laissé la place à un érotisme beaucoup plus démonstratif. Nos demoiselles en sont donc quitte pour une petite baignade partiellement déshabillée, de nombreuses nuisettes transparentes et des agressions nocturnes qui ne font que peu de mystère sur leurs symboliques sexuelles. Avec des ralentis flottants dignes d’un Jean Rollin, Le Grand Amour du Comte Dracula verse même, et des plus généreusement, dans les morsures et caresses saphiques torrides ou dans une séquence sadique à coup de fouet, où comme souvent la douleur se mêle aux plaisirs.
Rien de vraiment neuf sous la pleine lune, mais un mélange étrangement intemporel entre le vieux et le nouveau macabre, entre la crudité du film d’exploitation et le romantisme naïf, qui donne à ce petit film de vampire un charme tout particulier.
Image
Le Grand Amour du Comte Dracula fait partie de ces petits films d’exploitations souvent très mal diffusés, recoupés et essentiellement proposés dans des masters très limites. Presque inédit en France d’ailleurs (certains se souviennent de vague présentations il y a quelques décennies) le film a heureusement été restauré en 2K à partir d’une source 35mm interpositive (à priori la meilleure connue à l’heure actuelle). Celle-ci permet de redonner de belles intensité et chaleur aux couleurs, d’assurer un grain de pellicule naturel et de profiter d’une définition plus que satisfaisante. La source reste tout de même abimée avec quelques segments au piqué plus incertain, aux transition parfois marquées et peu stables, mais les sensations cinéma sont bien là.
Son
Seule la version mono espagnole est ici proposée. Malgré un DTS HD Master Audio 2.0 celle-ci est marquée par un léger ronflement et par quelques coupures abruptes. Surtout de très courts segments laissent entendre des bouts de dialogues en anglais, attestant d’un montage sans doute quelques peu ratiboisé pour le marché espagnol.
Interactivité
Aux USA les amateurs de gothique ont pu profiter d’une interview de l’actrice Mirta Miller et surtout d’un commentaire audio du réalisateur et de Paul Naschy. En France, il faut se satisfaire d’une présentation du film par Christophe Lemaire. Egal à lui même le vieux baroudeur du bis s’amuse de sa mémoire défaillante (il avait confondu ce film avec un autre), mais réussi par une pirouette bien négociée à raviver la flamme du Brady, de plonger dans l’âge d’or du fantastique espagnol et brosser un portrait des plus complets de la star Paul Naschy.
Liste des bonus
Souvenirs de Christophe Lemaire (28’), Bande-annonce.