LE FANTÔME DE L’OPÉRA (1989)
The Phantom of the Opera – Etats-Unis – 1989
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Dwight H. Little
Acteurs : Robert Englund, Jill Schoelen, Alex Hyde-White, Bill Nighy, Terence Harvey; Stephanie Lawrence…
Musique : Misha Segal
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français PCM 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 93 minutes
Editeur : BQHL Editions
Date de sortie : 29 juillet 2024
LE PITCH
Christine, jeune soprano, se retrouve transportée dans le Londres de l’ère victorienne – et dans les bras d’un maestro défiguré et reclus, déterminé à faire d’elle une star. Chanteuse à la voix d’or, Christine profite du succès qu’elle a obtenu grâce à son nouvel amant… jusqu’à ce qu’elle réalise qu’il a commis d’effroyables meurtres pour elle et qu’il ne s’arrêtera qu’une fois son oeuvre achevée… dans le sang !
Le chant du cauchemar
Pas forcément l’adaptation cinéma la plus classieuse ou la plus luxueuse du classique de Gaston Leroux, ce Fantôme de l’opéra marquait tout de même l’entrée de cette grande figure gothique dans un cinéma d’exploitation plus graphique, voir gore, grâce à la personnalité évocatrice de Robert Englund, star de la saga des Freddy.
Durant ces belles, et désormais lointaines, années 80, le cinéma d’horreur avait un visage, celui de Robert Englund. Un acteur au faciès atypique (grand nez, grand yeux, air reptilien…) révélé dans l’excellente série V de Kenneth Jonhson et passé à la postérité pour son inoubliable interprétation de Freddy Krueger, croquemitaine nouvelle génération des Griffes de la nuit et de ses suites. Une saga qui tient le haut du pavé durant toute la décennie mais qui se montre déjà quelque-peu encombrante. Le comédien imagine alors ajouter un personnage à son palmarès, mais aussi se confronter à une belle tradition du genre en devenant à son tour le fameux fantôme de l’Opera de Gaston Leroux. Du chef d’œuvre muet avec Lon Chaney à l’opéra-rock décadent Phantom of the Paradise de Brian de Palma, en passant par les classiques Universal et Hammer, ce mythe entre épouvante et romantisme lyrique peut-il justement se transformer en nouvelle licence horrifique lucrative ? Englund y croit, et le Menahem Golan de la défunte Cannon l’espère, y voyant là l’une de ses dernières chances de se refaire via sa nouvelle société de production 21st Century Film. A tel point d’ailleurs que cette adaptation place en introduction et en conclusion des séquences se déroulant dans le monde contemporain, jouant autant sur l’idée d’une malédiction traversant le temps qu’introduisant le cadre possible d’une suite dont les grandes lignes avaient déjà été écrite.
Petite musique sanglante
Une production bis certes, mais ambitieuse assurant ses arrières avec des décors victoriens (et non parisiens) tout à fait convaincants, des costumes luxueux, une photographie plutôt soignée et des effets de maquillages extrêmement efficaces signés Kevin Yagher (Le Cauchemar de Freddy, Hidden, Le Dentiste…). Ici le fantôme ne dissimule plus sa monstruosité derrière un simple demi-masque blanc, mais sous une couche de morceaux de chairs arrachés à ses victimes. C’est que si ce Fantôme de l’Opera reste assez fidèle à la trame et à la nature du roman original, il creuse plus volontiers ses aspects horrifiques, charpentant son scénario autour de la structure de ces slashers tant à la mode, jouant sur la proximité avec un certain Jack l’éventreur et multipliant les effets chocs faits d’éclairagiste écorché vif, d’éventrations, de cœur arraché à la main et de multiples décapitations. Un entrain pour le gore des plus graphiques malheureusement bien amoindri par les coupes de la censure. Associé à des éléments empruntés aux prédécesseurs, comme le mythe de Faust au film de De Palma ou le Masque de la mort rouge à celui de 1925, ce Fantômes de l’opéra met effectivement un peu plus de coté les contours lyriques d’une comédie musicale comme celle qu’Andrew Lloyd Webber avait lancé à Broadway trois ans plus tôt, préférant un cachet plus ciné d’exploitation. Forcément dans ce morceau de Grand-Guignol annonçant dans ses excès le futur opus, totalement baroque, de Dario Argento, Robert Englund tire aisément son épingle du jeu, mêlant théâtralité, modernité et monstruosité fragile avec une certaine élégance. Il réussit même à faire parfois oublier les limites très visibles de la mise en scène de Dwight H. Little, petit faiseur alors auréolé du succès (pas vraiment mérité) de son Halloween 4 et futur mercenaire aux commandes de Rapid Fire, Sauvez Willy 2 et pléthore d’épisodes de séries tv, abordant ce canevas à fort potentiel sans grande imagination, force d’intentions ou de quelconque marque de personnalité.
Un petit film certainement pas dénué d’intérêt qui n’eut pas alors le succès escompté empêchant la naissance d’une nouvelle franchise lucrative qui aurait peut-être pu permettre à Robert Englund d’échapper aux griffes de Freddy. Il reste tout de même une approche plus sombre, plus cruelle et bien moins poétique que les versions plus connues, ce qui lui donne une place bien à part.
Image
L’édition française aura mis un peu de temps avant d’exister et BQHL doit alors composer avec une source plus toute jeune. Une dizaine d’année au compteur pour un transfert HD produit à l’époque à partir d’une source vidéo plus ancienne et qui était déjà marqué par un mélange grain / bruit vidéo pas toujours des plus harmonieux et des noirs quelques peu envahissants. Aujourd’hui forcément on est loin des standards actuels mais tout de même, malgré quelques rares restes de points blancs, on peut noter des cadres propres et stables et un travail assez agréable sur les couleurs avec des rouges et des bleus bien contrastés, et une définition qui permet la réapparition de nombreux détails (textures, peau, costumes…) perdus durant les années VHS et DVD.
Son
Comme très souvent avec BQHL, les pistes anglaise et française sont disposées dans de très sobres stéréo en PCM (sources non compressées donc). Tout se joue à l’avant donc avec une légère dynamique mieux prononcée du coté la version originale, et un aspect bis DTV pour le doublage local. Dans les deux cas, c’est assez clair et propre.
Interactivité
Le film est accompagné d’une présentation filmée du journaliste et critique Stéphane Moïssakis (Capture Mag) qui resitue le métrage dans son époque, évoque l’importance alors de Robert Englund dans le petit monde du cinéma d’horreur, souligne les particularités du film par rapport au roman de Gaston Leroux et revient même sur la suite un temps envisagée. Intéressant et assez complet, même si forcément on aurait bien aimé retrouver ici le Making of et le commentaire audio produits par Shout Factory.
Liste des bonus
Présentation par Stéphane Moïssakis (29’).