LE DIABLE PAR LA QUEUE
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France, Italie – 1969
Support : Bluray
Genre : Comédie
Réalisateur : Philippe de Broca
Acteurs : Yves Montand, Madeleine Renaud, Maria Schell, Jean Rocheford, Jean-Pierre Marielle, Clotilde Joano, Claude Piéplu, Marthe Keller, Jacques Balutin, Pierre Tornade…
Musique : George Delerue
Image : 1.66 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Durée : 95 minutes
Éditeur : Coin de Mire Cinéma
Date de sortie : 4 février 2025
LE PITCH
Pour survivre, une famille d’aristocrates ruinés a transformé le vétuste château ancestral en hostellerie et un jeune garagiste amoureux d’Amélie, la petite-fille de la marquise, est chargé d’immobiliser les véhicules de ses clients de passage afin de les obliger à y faire escale. C’est ainsi que survient le prétendu baron César de Malicorne, beau parleur présentant bien, flanqué de deux compagnons patibulaires. Un trio qui vient de dévaliser une banque et dont le butin tomberait à point pour renflouer les finances de ses hôtes…
Le Château de ces dames
Grand prince de la comédie française (mais pas que), Philippe de Broca retrouvait avec Le Diable par la queue la voie du succès après l’échec malheureusement de son pourtant très personnel Le Roi de cœur. Retour à la farce légère, bondissante et bon enfant, mais dans la traine de Mai 68, l’irrévérence n’est jamais très loin.
Alors âgé de 36 ans, Philippe de Broca n’a certes plus le même âge que la jeunesse qui a occupé les rues des semaines durant et à, définitivement transformé la société française, mais il en partage tout de même certaines valeurs, revendications et plus largement un certain imaginaire, juvénile, libre et rêveur. Le Diable par la queue n’est pas un manifeste soixante-huitard, mais tourné durant l’été 68, il en est forcément imprégné? tout en confirmant la libéralisation progressive du cinéma populaire hexagonal. Il est aussi là question de la fin d’un monde, celui de la fière aristocratie française symbolisée par une famille obligée de jouer les hôteliers dans un château en ruine, dont le toit fuit inlassablement alors que l’eau n’arrive plus dans les canalisations. Le luxe d’autrefois sent la naphtaline, la clientèle se résume à un vieil habité grincheux (Claude Piéplu), et même les bonnes vieilles valeurs se sont fait la malle. Ainsi la bonne famille est dirigée par la Marquise (Madeleine Renaud, irrésistible en grand-mère malicieuse), matriarche libertine qui enjoint sa fille (Clothilde Jaono), sa belle-fille (Maria Schell), et surtout sa petite fille Amélie (Marthe Keller, jupe courte et pieds-nus) à profiter pleinement de leurs charmes et mener les hommes par le bout du nez (pour ne pas dire autre chose).
Joyeux dindon de la farce
Au milieu, le brave Comte Georges, profitant du flegme de l’excellent Jean Rochefort, fait office de cocu joyeux. Ils ne se sont pas forcément des plus honnêtes non plus puisque profitant de la sympathie du jeune garagiste du coin, ils s’assurent l’arrivée d’une nouvelle ribambelle de vacanciers aux véhicules malheureux, dont un Jean-Pierre Marielle en mode mâle alpha et toupet sur le crâne. Parmi eux surtout, un certain Baron César Maricorne, faux noble et véritable braqueur, grands séducteur un peu trop sur de lui, qui va devenir la cible d’un traquenard visant à l’éliminer pour récupérer le magot. Dans ce cadre de Vaudeville théâtral à souhait, le roi du music-hall Yves Montand est comme un poisson dans l’eau, joue de son vrai-faux accents du sud, de ses artifices de charmeur, de danseur et jongleur même d’une certaine façon, se démenant comme un beau diable pour échapper à tous les pièges tendus… et les poses aguicheuses de ses dames pas farouches certes, mais essentiellement là pour leurs propres plaisirs. La troupe d’acteurs s’amusent comme des petits fous dans ce spectacle relevé, aux gags délirants, aux quiproquos en pagailles, aux dialogues enchantés et répliques parfois bien cruels (Claude Sautet est passé par là) tandis que l’humour noir de Philippe de Broca se marie toujours aussi allègrement avec sa mise en scène agile, vive et presque gamine.
Une belle réussite que cette comédie certes bien ancrée dans son temps mais toujours aussi radieuse. Pour l’anecdote il marqua de manière inattendue le chef du gang des Lyonnais , séduit par le spectacle et cette famille atypique, qui racheta le fameux Château de Fléchères et y organisa, entre autres, quelques parties fines dont la région se souvient encore, avant de disparaitre mystérieusement. Bel hommage non ?
Image
Plus de dix ans après la dernière sortie DVD de Studiocanal, Le Diable par la queue revient en Bluray chez Coin de Mire. Un retour d’autant plus appréciable qu’il s’accompagne d’une nouvelle copie HD effectuée à partir d’un scan 2K des négatifs 35mm. Le travail est éloquent avec une image constamment propre, des couleurs qui trouvent une nouvelle jeunesse et une définition extrêmement soignée qui assure un piqué maintenu, voir éclatant dans les séquences extérieures en pleine lumière. Le grain est bien présent, vibrant, parfois un peu plus conflictuel, mais ajoute une patine organique cinéma très agréable.
Son
Le mono d’origine est délivré dans un DTS HD Master Audio 2.0 tout à fait convaincant avec une clarté d’écoute et un équilibre plutôt bien maintenu. Quelques sonorités de second plan, dont parfois les musiques de Delerue, grésillent un poil sur les aigus, mais rien de bien gênant ou de dommageable : les dialogues fusent avec énergie.
Interactivité
Le petit classique de Philippe de Broca rejoint la collection « La Séance » de l’éditeur Coin de Mire. Un avant programme qui retrouve l’atmosphère des séances de cinéma d’autrefois avec en ouverture les actualités Pathé de la de sixième semaine de l’année 1969. Celles-ci font un détour du coté d’une exposition sur les grandes avancées technologiques du moment et à venir, puis s’attardent sur une compétition de descente en ski ou la venue du présent De Gaule en Bretagne pour rassurer le monde de la pêche. Après la bande annonce de l’excellent Dernier Domicile Connu (disponible dans la même collection), on se met en appétit avec les réclames naïves et colorées de ce temps-là, célébrant les barres Chocorêve « vendues dans cette salle », les incontournables glaces Miko, avant de rêver de shopping dans les rues de Vendôme à bord de sa superbe Simca 1100.
A cette sympathique Madeleine de Proust, l’éditeur ajoute deux petits documents d’époque. Le premier donne brièvement la parole au réalisateur, Montand et Madeleine Renaud sur les lieux de tournage. Ils y racontent l’esprit ludique du film, le tournage, mais aussi le retour à l’écran pour l’actrice après huit ans d’absence et le tournage à venir de Z et une nouvelle tournée pour l’acteur. Le second est encore plus court et De Broca y évoque très rapidement sa collaboration avec la grande Madeleine Renaud.
Liste des bonus
La Séance complète, Interviews de Philippe de Broca, Yves Montand et Madeleine Renaud sur le tournage (5’), Interview de Philippe de Broca à propos du choix de Madeleine Renaud (1’).