LE DERNIER VOYAGE DU DEMETER
The Last Voyage of the Demeter – Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada, Inde, Allemagne – 2023
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : André Øvredal
Acteurs : Corey Hawkins, Aisling Franciosi, Liam Cunningham, Javier Botet, David Dastmalchian…
Musique : Bear McCreary
Image : 2.39 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais et allemand, Dolby Digital + 7.1 français
Sous-titres : Français, allemand, anglais…
Durée : 118 minutes
Éditeur : Universal Pictures France
Date de sortie : 10 janvier 2024
LE PITCH
« Le Dernier voyage du Demeter » relate le destin tragique d’un navire marchand, le Demeter, affrété pour transporter une cargaison privée, composée de 50 caisses en bois, des Carpates à Londres. Accablé par d’étranges événements, l’équipage du Demeter tente de repousser une présence impitoyable qui les assaille chaque nuit. Quand le navire atteint enfin la côte anglaise, ce n’est plus qu’une épave délabrée et calcinée, sans un seul survivant à bord.
La croisière s’amuse pas du tout
Inspiré d’un court, mais très célèbre, chapitre du roman Dracula, Le Dernier voyage du Demeter se veut comme un grand retour au cinéma d’épouvante gothique. Un projet tout en atmosphère et en brume qu’André Øvredal (Troll Hunter, The Jane Doe Identity…) embrasse avec ferveur, empesé tout de même par un script des plus laborieux.
Cela fait plus de vingt ans que ce projet repointe régulièrement le bout de son nez. Un simple et court chapitre évoquant le voyage horrible et tragique du navire transportant le comte des Carpates jusqu’à Londres que les très nombreuses adaptations du roman ont déjà illustré à maintes reprises. Mais presque toujours en préservant l’aspect distancié, presque anecdotique, du texte épistolaire de Bram Stoker, malgré le fait qu’il y avait effectivement largement matière à devenir un sujet de film par lui-même. Un temps envisagé pour Guillermo Del Toro (logique), le bébé est finalement remis à son collaborateur sur Scary Stories : André Øvredal. Un cinéaste norvégien qui a déjà fait ses preuves par sa capacité justement à jouer sur des ambiances inquiétantes, sur la lente montée du mal et d’un sentiment de mort tout en pouvant se montrer plus démonstratif dans ses effets macabres et sa présentation de monstres de cinéma. On retrouve d’ailleurs sa maitrise sur Le Dernier voyage du Demeter qui en dehors de quelques courtes scènes en ouvertures et conclusion, prend la forme d’un huis-clos en pleine mer, à bord d’un décor assez grandiose (mélange d’une reproduction grandeur nature et d’images de synthèse plutôt réussies) aussi impressionnant en vision d’ensemble que tortueux dans ses intérieurs.
Il était un petit navire…
Presque constamment entouré d’un brouillard surnaturel et plongée essentiellement dans une nuit poisseuse et oppressante, l’esthétique du film renoue volontiers avec les sensations des classiques d’autrefois, plus proche du classicisme presque noir et blanc des Universal Monsters que de la démesure baroque du Dracula de Coppola. Une optique confirmée par l’apparence même du Dracula du film, loin de l’imagerie suave et élégante avec ses traits bestiaux et déformés rappelant inévitablement le Nosferatu premier. Film élégant donc, mais malheureusement handicapé par un scénario peu inspiré signé par le duo Bragi F. Schut (Le Samaritain) et Zak Olkewicz (Bullet Train) qui en plus de ne jamais réussir à créer la surprise dans une trame déjà bien connue, s’efforce de se donner de la profondeur psychologique et thématique bien maladroite. Quelques intentions sociétales et politiques insérées au forceps (la présence d’un protagoniste noir et d’une femme à bord sont là pour souligner maladroitement les injustices du XIXème siècle), des dialogues bien lourds et bavards malgré des personnages peu caractérisés, le métrage s’étale paresseusement et bien trop longuement, surtout qu’il a la mauvaise idée de griller ses principales cartouches dès la première heure.
Visible et omniprésent beaucoup trop tôt, le Dracula du film aurait dû rester une présence insidieuse, invisible et mortelle comme dans un écho en costume du The Thing de Carpenter. Là, André Øvredal est rapidement obligé de jouer la carte des jump-scare et des jaillissements en synthèse pour tenter de remuscler l’entreprise. A titre de comparatif, les amateurs sont invités à visionner l’épisode central de la mini-série Dracula de Steven Moffat et Mark Gatiss, offrant une vision beaucoup plus malsaine et pernicieuse des même évènements.
Image
Voilà un film qui aurait certainement mérité, techniquement, une sortie UHD. Essentiellement parce que justement ce dernier travaille une image volontairement sombre, brumeuse et des teintes presque désaturées. Pas toujours évident pour le Bluray de tenir ferme la barre jusqu’au bout et pourtant il s’en sort franchement bien avec des contrastes présents, des décors bien dessinés et un piqué soigné. Seul finalement le relief de l’image montre quelques légers trébuchements et la cohabitation avec le Dracula en synthèse manque parfois d’un soupçon de naturel.
Son
Là pas de déception par rapport à une question de support puisque la version originale est immédiatement proposée en Dolby Atmos. Un mix particulièrement généreux dans ses atmosphères, incarnant admirablement toutes les sonorités inquiétantes du navire (échos dans la cale, crissement du bois…) avec des sensations enveloppantes bien stressantes relevée régulièrement par des explosions sonores plus démonstratives encore (hurlements du vampire et de ses victimes, coups de feu…) sans jamais se départir d’un réalisme bienvenu. En Dolby Digital + 7.1 le doublage français se montre assez efficace même si clairement moins ample.
Interactivité
Le bluray du Dernier voyage du Demeter se montre plus bien doté coté bonus, et ce même si les trois featurettes faisant office de making of ne peuvent s’empêcher de donner dans les habituelles déclarations enthousiastes et promotionnelles. Le propos reste clairement très élusif sur les origines du projet et préfère mettre en avant le nouveau design de Dracula, les effets spéciaux, le gigantesque décor et le tournage à Malte. Pas inintéressant cependant. Surtout que ces manques sont compensés par le commentaire audio réunissant le réalisateur et le producteur Bradley J. Fischer au propos un peu plus creusés et légèrement moins langue de bois.
La section contient aussi un petit lot de scènes coupées, souvent assez courtes, venant étayer quelques personnages et dialogues, et une ouverture alternative légèrement plus longue car plus portée sur le texte connu de Bram Stoker.
Liste des bonus
Ouverture alternative et scènes coupées, Commentaire audio de André Øvredal et Bradley J. Fischer, « Depuis les profondeurs de l’enfer » : Dracula réinventé (7’), « Le Diable est à bord » : le tournage du dernier voyage du Demeter (11’), Dracula à l’âge digital (8’).