LE DERNIER TRAIN DE GUN HILL
Last Train From Gun Hill – Etats-Unis – 1959
Support : Bluray
Genre : Western
Réalisateur : John Sturges
Acteurs : Kirk Douglas, Anthony Quinn, Carolyn Jones, Earl Holliman, Brian G. Hutton…
Musique : Dimitri Tiomkin
Durée : 95 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais, Français DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Paramount Pictures
Date de sortie : 18 août 2021
LE PITCH
A la suite du meurtre de sa femme, le shérif d’une petite ville se voit contraint de rentrer en conflit avec son ancien meilleur ami, un riche éleveur de bétails qui contrôle la ville voisine : Gun Hill.
Duel de géants
John Sturges fait partie de ces réalisateurs dont toute la carrière semble réduite à quelques titres seulement. Mais même si La Grande Evasion et Les Sept Mercenaires restent sans conteste parmi ses plus grands faits d’armes, ce serait commettre une erreur monumentale qu’en occulter d’autres certes moins connus mais tout aussi mythiques. Dont ce Dernier Train de Gun Hill, western au scénario en apparence simpliste, au sein duquel on retrouve tous les grands thèmes du vieil ouest et qui propose un duel de Titans, entre deux géants du cinéma américain de cette époque.
La petite ville de Pawnee coule des jours paisibles. Aucun coup de feu depuis plus d’un an. Même le saloon ferme le dimanche. Les enfants du coin, en mal de sensations fortes, rendent souvent visite à Matt Morgan (Kirk Douglas, plus charismatique que jamais), le shérif, qui leur raconte, un peu fatigué mais toujours de bon cœur, ses faits héroïques maintenant inscrits dans la légende. C’est à ce moment que son fils revient seul d’une promenade avec sa mère, indienne. Ils ont été attaqués par deux hommes, le gamin a pu s’enfuir avec la monture de l’un d’entre eux. Morgan se lance alors sur ses pas et retrouve le corps de sa femme, violée et tuée. Son fils lui apprend alors que sa mère a eu le temps de cravacher sévèrement un de ses agresseurs au visage, tandis que la selle du cheval indique à Morgan que les coupables ont à voir avec Craig Belden (Anthony Quinn), un vieil ami du shérif qui lui sauva autrefois la vie et à qui la petite ville de Gun Hill appartient corps et âmes. Après un trajet en train vers Gun Hill, il apprend que le meurtrier est le propre fils de Belden et décide de l’emmener pour être jugé. Évidemment, Belden, et toute sa ville derrière lui, vont tout faire pour l’en empêcher avant que le dernier train du soir n’entre en gare.
Le choc des mondes
L’histoire du Dernier Train de Gun Hill est signée Les Crutchfield, un scénariste qui œuvrera surtout pour la radio et la télévision et les marquera d’une empreinte indélébile via de grandes séries du genre western telles que Rawhide, Le Virginien et surtout Gunsmoke. Le scénario, quant à lui, est signé James Poe, très grand scénariste à qui l’on doit déjà plusieurs collaborations d’importance avec Robert Aldrich (Le Grand Couteau, Attaque !), l’adaptation du Tour du Monde en 80 Jours et de La Chatte sur un Toit Brûlant et qui signera même plus tard le traumatique On achève bien les chevaux sous la direction de Pollack. Une des plus belles plumes d’Hollywood qui va évidemment trouver devant la caméra de Sturges matière à magnifier son écriture et ses thèmes. Parmi eux, la transformation nécessaire, voire irrémédiable, d’un monde en pleine révolution industrielle. Le train du titre prend ainsi tout son sens en reliant rapidement deux villes voisines et s’oppose aux longues chevauchées sauvages du passé. Deux villes elles-mêmes totalement opposées. L’une a déjà fait le choix de la loi et de l’ordre, le shérif en est la figure emblématique. L’autre est aux mains d’un homme de la terre, un éleveur de bétail, un corrupteur notoire dont le pouvoir ne connaît aucune résistance. Dans son immense ranch, tout est en lien direct avec le passé. Les tableaux rendent hommage aux étendues sauvages du grand Ouest. Son fils est la caricature de son héritage, il viole et tue une femme (indienne, de surcroît) sans le moindre remord. Dans son train, Morgan fera d’ailleurs la connaissance d’une femme (incarnée par Carolyn Jones, inoubliable Morticia Addams de la future série) déjà victime de violence (elle revient de l’hôpital et on soupçonne fortement un avortement, même si celui-ci n’est évidemment jamais clairement exprimé).
Sous ses dehors simples voire simplistes Le Dernier Train de Gun Hill cache évidemment un scénario incroyablement bien écrit dont l’excellence se fait donc ressentir dans le moindre de ses détails. Détails que la caméra de Sturges se charge de mettre en relief, aidée par des dialogues réduits au minimum mais qui claquent comme le fouet qui accuse l’auteur du crime (interprété par le toujours excellent Earl Holliman que Sturges conserve après son apparition dans Règlements de Comptes à O.K. Corrall). Au fur et à mesure des échanges entre Quinn et Douglas, et à l’aide d’une réalisation asséchée du moindre superflu, le réalisateur crée donc une lente montée d’adrénaline qui s’échouera évidemment sur le quai du train de 21h00 et à l’issue d’un duel inévitable faisant du Dernier Train de Gun Hill un des meilleurs westerns de sa décennie.
Image
Somptueuse ! La restauration est à un très haut niveau de qualité. Les détails pullulent, les couleurs explosent et pratiquement aucun artefact de quelque nature que ce soit ne vient jamais gâcher le plaisir des yeux. Un pur bonheur de cinéphiles en VistaVision, procédé qui permettait, déjà à l’époque, d’obtenir une image plus grande et donc forcément plus immersive (pour les salles équipées) et qui ressuscite aujourd’hui de la plus belle des manières par la grâce de la HD.
Son
Deux pistes uniquement en 2,0 mais suffisamment vives, puissantes et elles aussi remarquablement bien restaurées pour profiter d’un spectacle sonore au diapason de l’image. Impressionnant pour un film de cette époque et probablement l’une des plus belles restaurations de l’éditeur jusqu’à aujourd’hui. A noter que la version française permet de profiter de la merveilleuse voix de Roger Rudel (voix mythique de Kirk Douglas).
Interactivité
Identique au disque américain. Soit un entretien de quelques minutes avec le critique américain Leonard Martin (qui revient sur la carrière de Sturges et sur la rivalité entre Douglas et Quinn pendant le tournage) et la bande annonce d’époque.
Liste des bonus
Pleins feux sur le réalisateur (7’22), bande annonce d’époque (2’36).