LE DERNIER JOUR DE LA COLÈRE
I Giorni dell’Ira – Italie, Allemagne – 1967
Support : Bluray & DVD
Genre : Western
Réalisateur : Tonino Valerii
Acteurs : Lee Van Cleef, Giuliano Gemma, Walter Rilla, Yvonne Sanson, Ennio Balbo, Andrea Rosic…
Musique : Riz Ortolani
Image : 2.35 16/9
Son : Italien et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 114 minutes
Editeur : Artus Films
Date de sortie : 02 avril 2024
LE PITCH
Employé par une puissante compagnie de chemin de fer, le détective Luke Smith poursuit les frères Barton, coupables de plusieurs attaques de train. Ce faisant, il croise la route de Murray Sinclair, son ami d’enfance …
Le bon, la brute et l’innocent
Resté célèbre, encore aujourd’hui, pour son inoubliable thème musical composé par Riz Ortolani et repris un peu partout et en particulier par Quentin Tarantino dans Kill Bill, Le Dernier jour de la colère est aussi tout simplement un excellent western italien, efficace, bien construit et doté de la présence de deux des plus grandes stars du genre : Giuliano Gemma et Lee Van Cleef.
S’il n’aura finalement réalisé que quatre westerns proprement dit, Tonino Valerii, véritable passionné du genre, aura réussi à en imposer trois parmi les réussites majeures de l’époque. L’excellent et politique Texas, Mon nom n’est Personne bien entendu, western comédie culte qui doit beaucoup moins à Leone que ce que l’on croit, et ce Dernier jour de la colère qui travail déjà d’ailleurs cette opposition à l’image entre la vieille école américaine et sa vision dégradée bien plus latine. D’un coté le vieux garçon d’écurie, que l’on découvre ancien shériff à la retraite, pétrie de grandes valeurs morales, et de l’autre Talby, individualiste froid détournant toujours les règles à son avantage. Au milieu, le jeune Scott, souffre-douleur de tous, condamnés à laver les latrines et subir les coups de bâtons, et qui va finir par suivre le pistolero, fasciné par cette figure sans peur et individualiste, et apprendre une à une les grandes règles du porte-flingue. Une forme de quête initiatique, une histoire d’ascension et de reconquête de sa destinée typique du western, mais totalement dévoyée ici par la philosophie nihiliste de Talby qui certes élimine un à un le moindre concurrent qui se dresse sur son passage, mais ne fait jamais qu’utiliser contre elle-même les armes d’une ville entièrement consumée par le mensonge, l’argent sale et la corruption.
« Jamais se mettre entre un flingue et sa cible »
Ainsi à l’instar du jeune héros, le toujours très beau (mais pas que) Giuliano Gemma, le spectateur est constamment tiraillé dans son rapport avec le personnage habile et mystérieux impeccablement incarné par la légende Lee Van Cleef, son regard de rapace et son sourire cruel, comme une personnification d’un mal pragmatique, séducteur mais néanmoins définitivement dangereux et sans réelles attaches. Tout logiquement Scott finira, mais sans doute un peu trop tard, à retrouver le bon chemin, le sien (ou celui d’un « nouveau western), mais le scénario de Erneto Gastaldi (Le Grand Duel, Torso, Toutes les couleurs du vice…) impose constamment une zone floue, anti-manichéiste, où chacun peut passer d’un bord à l’autre d’un simple claquement de doigt et où la mauvaise voie est toujours la plus tentante. Mais Le Dernier jour de la colère n’est pas un western crépusculaire dérivant vers une description malade de la mythologie classique, mais bien une sorte de pont, solide, entre les deux époques. D’où ce décor que certains ont jugé presque trop clinquant, trop propre, mais cadre d’un divertissement populaire comportant tous les joyeux excès stylistiques de l’école ritale, dont quelques zooms bien placés.
On ne peut que reconnaitre là les grands talents d’artisans de Tonino Valerii, mettant constamment en valeur ses deux stars (cadres, postures, montage…), habitant à merveille un scope volontairement classique et multipliant à bon rythme les moments de bravoure, dont un duel à cheval au milieu du désert aussi inattendu que totalement spectaculaire entre Talby et un mercenaire échappé d’un film plus bis, et bien entendu un final meurtrier et son face-à-face terminal des plus léonien. Impeccable jusqu’au bout.
Image
Disponible depuis un bon moment en HD chez nos voisins, ce transfert 2K se sera fait attendre. D’autant plus que le résultat est tout bonnement excellent avec en particulier un piqué des plus fermes et une colorimétrie qui se débarrasse enfin de ses derniers filtres fanés pour retrouver toute la force de ses contrastes et une palette intensément chaude. Le scope est superbe et même les quelques rares petites taches ou points blancs persistant ne peuvent gâcher le spectacle.
Son
Le film est présenté ici dans sa version complète de 1h54 ce qui entraine donc un doublage français (au demeurant très sympa puisque d’époque) partiel et remplacé par intermittence par la version originale sous-titrée. De toute façon, comme souvent, la version italienne est bien plus claire, naturelle et dynamique et met élégamment en avant la partition de Riz Ortolani.
Interactivité
Présenté dans le digipack avec fourreau conforme aux autres titres de la collection Western européens de l’éditeur, Le Dernier jour de la colère est accompagné d’une nouvelle présentation vidéo signée Curd Ridel. Un exercice que cette dernière maitrise depuis longtemps et qui lui permet ici de retracer les carrières du cinéaste, des deux têtes d’affiches, s’arrêtant pour délivrer quelques informations sur leur collaboration, et de redonner le pouls d’un genre en pleine effervescence cette année-là. Le programme est joliment complété par une interview inédite du scénariste Ernesto Gastaldi, compère régulier de Valerii et qui revient autant sur le film en question que sur l’expérience Mon nom est Personne avec d’excellentes anecdotes et précisions sur la participation de Sergio Leone à celui-ci.
Liste des bonus
Présentation du film par Curd Ridel (20’), Entretien avec Ernesto Gastaldi (13’), Diaporama d’affiches et photos, Bande-annonce originale.