LE DERNIER DUEL
The Last Duel – Etats-Unis, Royaume-Uni – 2021
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Historique, Drame
Réalisateur : Ridley Scott
Acteurs : Matt Damon, Adam Driver, Jodie Corner, Harriet Walter, Ben Affleck
Musique : Harry Gregson-Williams
Durée : 152 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : DTS HD Master Audio 7.1 anglais, Dolby Digital Plus 7.1 français et allemand
Sous-titres : Français, allemand, néerlandais…
Editeur : 20th Century
Date de sortie : 10 février 2022
LE PITCH
Le film dévoile d’anciennes hypothèses sur le dernier duel judiciaire connu en France – également nommé « Jugement de Dieu » – entre Jean de Carrouges et Jacques Le Gris, deux amis devenus au fil du temps des rivaux acharnés. Carrouges est un chevalier respecté, connu pour sa bravoure et son habileté sur le champ de bataille. Le Gris est un écuyer normand dont l’intelligence et l’éloquence font de lui l’un des nobles les plus admirés de la cour. Lorsque Marguerite, la femme de Carrouges, est violemment agressée par Le Gris – une accusation que ce dernier récuse – elle refuse de garder le silence, n’hésitant pas à dénoncer son agresseur et à s’imposer dans un acte de bravoure et de défi qui met sa vie en danger. L’épreuve de combat qui s’ensuit – un éprouvant duel à mort – place la destinée de chacun d’eux entre les mains de Dieu.
Une affaire d’hommes
Retour à la fresque historique pour un grand Ridley Scott, qui n’est jamais aussi passionnant que lorsqu’il plonge dans une reconstitution historique brillante pour mieux décrypter le contemporain. Le Dernier duel ou la première bataille de la femme pour affirmer sa réalité dans un monde où le regard masculin domine.
Avec sa reconstitution historique d’une minutie impressionnante, la richesse de ses authentiques décors médiévaux (capturés en Dordogne et en Irlande), la justesse des costumes, la barbarie ultra réaliste de ses affrontements en armures et bien entendu par une photographie froide et crépusculaire et la partition évocatrice de Harry Gregson-Williams, Le Dernier Duel fait inévitablement penser à Kingdom of Heaven. Un des réussites majeures de Ridley Scott, et une évocation percutante et subtile des enjeux culturels au Moyen-Orient servis comme une grande aventure historique. Avec une tonalité sans doute plus feutrée, plus intime, son nouveau film opère plus ou moins de la même façon, confrontant deux époques séparées par 700 ans, pour en souligner la proximité et, par ricochet, l’immobilisme de l’homme. Ici donc le récit du dernier duel judiciaire autorisé par le Roi de France qui opposa Jean de Carrouges et Jacques Le Gris, deux anciens frères d’armes devenu rivaux, pour l’honneur de Marguerite de Carrouges qui accuse publiquement l’écuyer de l’avoir violée dans sa demeure. L’ouverture du film, incluant par un effet de montage intelligent les préparatifs de la jeune femme à celle des deux chevaliers en armures, annonce alors la structure dramatique à venir, mais aussi la place unique que cette femme a dans l’Histoire, celle d’une combattante permanente.
Le monde tel qu’il est
Et plutôt que de jouer cet authentique épisode historique comme un drame en costume classique, The Last Duel reprend directement la structure du fameux Rashomon d’Akira Kurosawa en offrant à chacun des trois protagonistes sa propre vision des faits. Jean de Carrouges se voit comme un homme fort, un homme d’honneur prêt à tout pour préserver celui de son épouse. Jacques Le Gris reflète plus directement la vision idéologique de la cour, séducteur flamboyant qui sous couvert de se sentir épris de la belle, confond désire et amour, possession brutale et passion en parangon minable de la culture du viol. Mais c’est le regard de Marguerite qui vient entendu viendra révéler les véritables tenants et aboutissants de l’affaire et surtout insister sur la place de la femme dans cette société occidentale, elle qui n’est rapidement qu’un à coté, qu’un accessoire dans cette confrontation virile dont pourtant l’issue, pourrait la promettre à un terrible exécution publique. Dans cette société dites noble, elle est moins perçue comme la victime que son propriétaire de maris. Co-écrit par le duo Matt Damon / Ben Affleck et la réalisatrice Nicole Holofcener (All About Albert, La Beauté du geste), le scénario est une merveille de finesse et distille brillamment ses petites variations, ses différences et ses points de vue dans chaque scène rejouée, et s’assure d’une modernité et d’une pertinence constante du matériau. Un exercice admirablement révélé par les modèles de virilité et de stature pseudopériodique que figurent Matt Damon et Adam Driver, épaulés par un Ben Affleck surprenant en Duc calculateur et queutard, et surtout par la dignité exemplaire de Jodie Corner, seule face à la cruauté sociétale et à la toxicité masculine.
Brillant de bout en bout, passionnant, fort et visuellement estomaquant, Le Dernier Duel rejoint certainement les sommets de la filmographie de Ridley Scott.
Image
Capturé en 4K avec des caméra Arri Alex avec objectif Panavision pour préserver un rendu cinématographique, The Last Duel est de nouveau une démonstration de force esthétique par Ridley Scott. Même si certaines textures ne pourront remplacer un véritable effet pellicule, le master transféré sur support UHD est une pure merveille de précision, insistant sur les détails et les reliefs avec beaucoup de naturel, et offrant une profondeur parfois affolante. Les plans sont splendides et la photo s’imprègne de noirs ultra marqués et de reflets bleutés et froids admirablement mis en valeur le dispositif HDR.
Son
Si effectivement les séquences de batailles, à petite ou grande échelle, ne constituent pas l’essentiel du film, elles permettent à la piste DTS HD Master Audio 7.1 de la version originale de démontre toute son amplitude, sa minutie et son impeccable dynamisme. Spectaculaire, mais jamais au détriment des ambiances plus feutrées et naturelles du reste du film, qui jouent habilement sur les distances et les atmosphères pour donner corps au drame. Disponible uniquement en Dolby Digital, le doublage français peine parfois à retrouver la même finesse.
Interactivité
Filmé par Cuba Tornado Scott, petite fille du cinéaste, le making of a la bonne idée de dévier un peu de la facture habituelle. Pas de grandes interviews promotionnelles confortablement enregistrées dans un studio bien éclairé, mais une succession de scènes de tournages capturées à vif pendant la production. Quelques mots échangés avec les acteurs, avec le réalisateur ou la script girl, le document réussit surtout à capturer l’énergie du tournage, les techniques de Scott autant dans sa préparation minutieuse que sa direction technique ou ses dialogues avec les acteurs. Si peu de chose seront alors révélé sur les origines du film, l’impulsion initiale ou le travail d’écriture, il reste un excellent témoignage de la création d’une grande part du film, pas forcément facilité par les joies du confinement et des masques anti-COVID.
Liste des bonus
Making of (34’), Bande annonce.