LE DÉMON DE L’OR
Lust for Gold – Etats-Unis – 1949
Genre : Western
Réalisateurs : S. Sylvan Simon, George Marshall
Acteurs : Ida Lupino, Glenn Ford, Gig Young, William Prince…
Musique : George Duning
Durée : 86 minutes
Image : 1.33 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Editeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 03 juin 2021
LE PITCH
Afin de garder pour lui seul le secret de l’emplacement d’une fortune gigantesque en or, Jacob Walz n’hésite pas à abattre trois hommes, dont son meilleur ami. De retour à Phoenix, Arizona, il ne peut cacher sa soudaine richesse. Si toute la ville épie ses moindres faits et gestes, Julia Thomas se montre plus habile que ses concitoyens. Elle séduit Walz et, sans que son mari ne soit jamais très loin, entreprend de le manipuler de manière à trouver l’emplacement de l’or…
Pour 100 briques t’as plus rien
Étrange western que Le Démon de l’or où il faut attendre presque 20 minutes avant de pouvoir apprécier enfin la gueule renfrognée et hirsute d’un Glenn Ford plus salopard que jamais. Entre deux époques et deux genres, il n’a rien en tout cas du western de série.
C’est pourtant bel et bien lui qui trône sur l’affiche, aux côtés de la tentatrice Ida Lupino, mais cette adaptation d’un obscur roman de Barry Storm, préfère s’ouvrir sur un long prologue se déroulant de nos jours, du moins en 1949. Une entrée en matière déconcertante qui permet d’appuyer la légende du trésor du Hollandais perdu en suivant la quête de l’auteur du bouquin s’embarquant sur les traces de son grand-père et d’une mine qu’il aurait exhumé 50 ans plus tôt. Des airs de film d’aventure, un soupçon de mystère façon film noir avec son assassin qui rôde toujours dans Superstition Mountain, mais l’entrée en matière séduit déjà plus par son très spectaculaire flash-back révélant comment après une bataille meurtrière entre quelques mexicains et les Indiens locaux, ces derniers dissimulèrent le mythique filon pour apaiser leurs dieux. Il est évident déjà que si la promenade en compagnie d’un naïf Barry Storm n’est pas désagréable, comme viendra le confirmer l’épilogue d’une même durée avec son twist et son duel final au bord d’une falaise, l’essentiel de Le Démon de l’or, sa fibre profonde se trouve dans le passé.
Au fond de la mine
Pris en sandwich, presque film dans le film, le récit des mésaventures Jocob Walz, sont clairement plus inspirées, marquées par une mise en scène beaucoup plus maniérée et signifiante, épaulé par une photographie plus crépusculaire et contrastée. L’atmosphère change et ce qui aurait pu être un western endiablé enchaînant les gunfights autour du secret bien gardé du fameux trésor s’avère surtout… un authentique segment noir. Anti-héros par excellence, Glenn Ford incarne ici un salaud de la pire espèce, éliminant froidement dès sa première séquence ses deux acolytes, observant d’un regard noir et paranoïaque les êtres humains qui l’entourent. Pas grand monde à sauver dans la petite ville d’ailleurs, tous envieux et mauvais, et certainement pas la belle Julia, femme mariée qui fait taire son époux, faible, pour mieux séduire le prospecteur et obtenir la localisation si convoitée. Une femme fatale, fière, manipulatrice, mais prise peu à peu à son propre jeu, et victime de la noirceur abyssale d’un final particulièrement nihiliste. Un cœur de film admirable, à l’effet malheureusement un peu amoindri pas la teneur plus lâche, presque plus légère des ouverture et fermeture du film. Une construction héritée du roman soit, mais où on peut se demander aussi si la présence de deux réalisateurs bien distincts n’y est pas pour quelque-chose. Auteur de nombreux westerns plus ou moins mémorables mais toujours des plus sérieux, George Sherman (Comanche, L’étreinte du destin, La Vengeance de l’indien…) aurait effectivement claqué la porte du studio lassé de l’interventionnisme du producteur S. Sylvan Simon qui aurait achevé le tournage. Un bonhomme plutôt connu pour ses épisodes d’Abbott et Costellot et ses divertissements familiaux (Le Fils de Lassie, Mon loufoque de mari…) que pour ses atmosphères lourdes.
Western ou film noir, dans tous les cas Le Démon de l’or est une œuvre dédoublée, bipolaire même, méritant d’être redécouverte.
Image
En exclusivité mondiale Le Démon de l’or s’installe confortablement sur le Bluray proposé par Sidonis. Une copie joliment retravaillée, sérieusement nettoyée même si persistent parfois quelques petits points blancs ou noirs, qui permet de faire apparaître une définition assez solide, un piqué des plus agréables et surtout de superbes contrastes. Bien entendu les fondus enchaînés sont bien plus flous et moins pointus, mais rien de grave.
Son
Poursuivi par un souffle omniprésent et une restitution assez plate, le doublage français de tout façon un peu trop niais (en particulier dans les séquences contemporaines) ne fait pas le poids avec le mono DTS HD Master Audio de la version originale. Cette dernière, certes marquée par les années, reste des plus claires et nette.
Interactivité
Les deux habités de Sidonis, Patrick Brion et Jean-François Giré, répondent une nouvelle fois présents pour venir éclairer ce curieux film de leurs lumières. Le premier se base surtout sur son souvenir de la première découverte frustrante de l’objet avant d’évoquer quelques anecdotes connues sur la naissance un peu compliqué du film. Le second verse plutôt dans l’exercice classique de la présentation sobre, revenant sur la cohabitation entre le western et le film noir et l’argument « d’après une histoire vraie » hérité du roman du journaliste Barry Storm.
Liste des bonus
Présentations du film par Patrick Brion et Jean-François Giré,
Bande-annonce.