LE DÉFILÉ DE LA MORT & MEURTRES À CALCUTTA
China, Calcutta – États-Unis – 1943, 1946
Support : Bluray & DVD
Genre : Aventure
Réalisateur : John Farrow
Acteurs : Alan Ladd, Loretta Young, William Bendix, Philip Ahn, Gail Russell, June Duprez
Musique : Victor Young
Durée : 162 minutes
Image : 1.33 16/9
Son : Anglais DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Éléphant Films
Date de sortie : 14 juin 2022
LE PITCH
Chine. 1941. David Jones et Johnny Sparrow, deux américains qui vivent du trafic d’essence avec les Japonais rencontrent une jeune institutrice idéaliste. Durant un bombardement, Sparrow trouve un enfant dont la mère vient de périr. Jones, le cynique, veut s’en débarrasser, tandis que Sparrow se prend d’affection pour le petit garçon.
Neale, Bill et Pedro détiennent un avion qui fait le lien entre Chungking et Calcutta. Quand leur ami Bill est assassiné, Pedro et Neale décident de mener l’enquête. Ce dernier fait la connaissance de Virginia, la fiancée de Bill. Malgré ses doutes grandissants sur la mystérieuse jeune femme, il tombe irrémédiablement sous son charme…
Anything Goes
L’un est un film d’aventure aux airs de série B, le second un film noir en terres exotiques, mais les deux films Paramount partagent le même duo d’acteurs masculins, Alan Ladd et William Bendix et une bonne partie de la même équipe technique dont en particulier le trop méconnu cinéaste John Farrow, artisan discret certes, mais au talent plus qu’indéniable.
Auteur d’une filmographie plutôt riche composée d’une cinquantaine de films de studio passant par à peu près tous les genres sur près d’une trentaine d’années, John Farrow (père de Mia donc) n’a effectivement pas eu le succès incontournable qui aurait pu le faire entrer dans la légende comme d’autres excellents artisans de l’âge d’or hollywoodien. Pourtant à chaque redécouverte de certains de ses films (La Grande horloge, Un Pacte avec le diable, Hondo l’homme du désert) il s’avère que sa maitrise de l’outil cinématographique dépasse régulièrement la simple efficacité. La preuve avec Le Défilé de la mort pourtant simple série B sur le papier venant rejoindre la petite poignée de films de propagande anti-Japon et anti-Nazi signés par le bonhomme. Ici le but plus ou moins avoué est de dépeindre les soldats japonais comme des envahisseurs sadiques et immoraux (faut dire ils n’ont pas été particulièrement tendres) et célébrer la Nouvelle Chine de Tchang Kai-check (ici cité avec beaucoup d’admiration), nationaliste qui perdra le conflit idéologique contre le parti communiste. Quelques dialogues ne font pas dans la dentelle donc, mais John Farrow ne s’encombre pas de grands discours ou de postures trop lourdes, préférant s’engouffrer avec générosité dans une action presque ininterrompue entre exodes nocturnes, attaques d’avions ennemis, assauts presque suicidaires. Un spectacle impressionnant par sa nervosité, sa rigueur mais aussi quelques effets spéciaux (collages, maquettes et même un avion animé) parfaitement intégrés et convaincants. Le savoir-faire du metteur en scène en action, celui-ci n’hésitant pas à ouvrir son film sur un long plan séquence traversant le décor d’un quartier populaire sous les bombardements, ou à aborder avec un mélange d’élégante décence et de violence cruelle le massacre d’une ferme, avec meurtre d’un enfant et viol d’une jeune fille par trois soldats nippon hors-champs. Scotchant, tout comme la ressemblance troublante entre un Alan Ladd au tout début de son ascension, et un certain Indiana Jones arborant la même panoplie de baroudeur, le même caractère individualiste et le même patronyme : Jones ! Pas d’Arche d’Alliance et de Graal à dégotter ici, mais un même sens du spectacle, une même ADN du divertissement pris au sérieux et choyé.
L’Asie, toujours l’Asie.
Mis en boite trois ans plus tard avec une filiation plus qu’évidente (aux USA le premier s’appelait China, le second sobrement Calcutta), Meurtres à Calcutta change de genre et s’inscrit plus classiquement dans la carrière d’un Alan Ladd définitivement installé comme visage incontournable du Film Noir. Il reprend ici son rôle habituel de tombeur pour dames, dur et tendre à la fois, s’inventant détective opiniâtre, et s’inscrit totalement comme le centre du film là où dans le premier l’excellent William Bendix (Lifeboat, Le Dahlia Bleu) n’avait pas à se contenter de jouer les faire-valoir. Outre le cadre indien plus original pour le genre et la présence de la superbe Gail Russell (voix douce et regard de chien battu) en femme fatale plus fragile qu’à l’accoutumée, il faut reconnaitre que Meurtres à Calcutta reste assez classique dans son déroulé et ses révélations sur le meurtre du meilleur ami, victime d’un réseau criminel et trafiquant de bijoux. Un petit coté film de série heureusement à nouveau raffermit par John Farrow certes moins éclatant que sur Le Défilé de la mort, mais néanmoins particulièrement rigoureux dans ses cadres, ses lumières et ses choix artistiques… Du moins si on oublie cette étrange scène musicale où June Duprez tente de se faire passer pour une diva française chantant l’amour entourée de danseuses folkloriques indiennes perdues dans une sortie de Bollywood mou.
Petite film noir plus que plaisant pour Meurtres à Calcutta et surtout enthousiasmant film d’aventure pour Le Défilé de la mort, en tout cas deux rencontres entre l’icône Alan Ladd et le réalisateur John Farrow à redécouvrir en HD chez Éléphant Films.
Image
Les deux métrages ne sont pas vraiment égaux. Le premier, Le Défilé de la mort, a manifestement profité d’une restauration complète venant révéler des noirs et blancs subtilement contrastés, une légère profondeur bienvenue et des cadres rigoureusement propres et stables en dehors des habituelles transitions et autres plans composites (qui s’en sortent tout de même pas mal). Le second est plus ou moins une version boostée d’un master vidéo préexistant, laissant encore passer de nombreuses scories de pellicules (taches, griffures…), affichant une photographie assez terne et un grain vidéo pas toujours des plus gracieux. Rien qui ne gène vraiment la découverte du film cependant.
Son
Les deux films sont disposés avec uniquement des pistes originales mono en DTS HD Master Audio 2.0. Dans les deux cas les sources sont plutôt agréables avec une clarté égale, des mixages assez équilibrés et même, pour le premier, assez dynamique.
A noter encore une fois le choix offert entre les sous-titres français en blanc ou en jaune, ce qui est toujours une sympathique attention.
Interactivité
Les deux films sont tous les deux proposés dans la collection Cinema Master Class d’Éléphant Films et se présentent sous la même forme d’un boitier Amaray avec fourreau cartonné contenant un petit livret sur les coulisses de production signé Denis Rossano. Chaque film profite aussi de sa propre présentation vidéo dédiée. Pour Le Défilé de la mort c’est Laurent Aknin qui s’y colle insistant beaucoup sur l’aspect historique et propagandiste du film, mais aussi sur les qualités indéniables de la mise en scène de John Farrow. Classique mais avec une petite coquille puisque ce n’est pas Dorothy Lamour qui est la star féminine du film mais bien Loretta Young. Pas d’erreur nous semble-t-il du coté d’Eddy Moine et Meurtres à Calcutta qui là aussi expose les grandes lignes du film, le nouveau statut de star du film noir d’Alan Ladd et sa carrière au sein de la Paramount et résume même quelques critiques de l’époque pas toujours tendres avec la pourtant charmante Gail Russell.
Liste des bonus
Le Défilé de la mort: livret collector de 24 pages par Denis Rossano, Le film par Laurent Aknin (20’), Bandes-annonces.
Meurtres à Calcutta : livret collector de 24 pages par Denis Rossano, Le film par Eddy Moine (18’), Bandes-annonces.