LE CRIMINEL
The Stranger – Etats-Unis – 1946
Support : Blu-ray
Genre : Policier
Réalisateur : Orson Welles
Acteurs : Orson Welles, Edward g. Robinson, Loretta Young…
Musique : Bronislau Kaper
Durée : 95 minutes
Image : 1.33 16/9
Son : Anglais, Français Linear PCM 1.0
Sous-titres : Français
Éditeur : BQHL
Date de sortie : 20 octobre 2023
LE PITCH
Charles Rankin mène une vie quasiment parfaite : une jolie épouse, un poste respectable dans une université prestigieuse et une maison charmante dans une petite ville du Connecticut. Son univers tranquille va basculer avec l’arrivée de Wilson, un détective de la commission des crimes de guerre qui traque l’ancien criminel nazi Franz Kindler. Wilson est accompagné de Meinike, un ancien compagnon de Kindler qui est le seul à pouvoir l’identifier. Mais le meurtre soudain de Meinike va compliquer l’enquête…
To Be or not to Be
On a beau s’appeler Orson Welles, être considéré comme l’un des plus grands réalisateurs de tous les temps, la réalité de son époque est tout autre. Après avoir triomphé au théâtre et à la radio, sa percée au cinéma fut bien plus compliquée.
Difficile d’imaginer le fiasco de Citizen Kane en 1941. Il est vrai que le magnat de la presse de l’époque William Randolph Hearst fit tout ce qui était en son pouvoir pour mettre des bâtons dans les roues à la carrière cinématographique naissante du jeune Welles qui égratigne son image. Pour son film suivant, La splendeur des Amberson, l’histoire fut différente. Destitué de l’étape majeure du montage qu’il affectionne particulièrement, le film fut charcuté et remonté sans le consentement de l’auteur. Metteur en scène abonné à la scoumoune, la carrière de metteur en scène d’Orson Welles se financera principalement grâce à ses cachets d’acteur. Mais pour le moment, il ne le sait pas encore. Nous sommes en 1946 et actuellement il n’a que deux films à son actif. Deux échecs. Lucide, il saute sur l’occasion de réaliser un film de commande après le refus de John Huston alors en poupe depuis le succès de son Faucon Maltais. Un film noir, genre très en vogue à l’époque, histoire de prouver à Hollywood qu’il peut faire un film mainstream et se fondre dans le moule. Pour ce, il tourne avec des ambitions plus limitées pour faire profil bas et redorer son blason financier. Bien joué, car Le criminel sera, même s’il n’est pas le plus personnel de ses longs-métrages, le plus gros succès au box-office du metteur en scène.
Corporate ?
Mineur ou pas, Le Criminel reste un excellent petit polar. « Petit » pas tant que ça. Nous sommes au lendemain de l’armistice et le sujet du film traite déjà de la traque des nazis. Le procès de Nuremberg est brûlant et d’actualité. Orson Welles prête ses traits à ce criminel de guerre expatrié aux États-Unis traqué par Edward G. Robinson. Un casting de gueules comme on dit, qui n’est pas pour rien dans le plaisir de visionnage du spectateur. Forcément, lorsque l’on est face à un film du génie, on est friand devant les expérimentations de sa mise en scène. Si elle semble plus technique ici, elle fourmille tout de même de plongées, contre-plongées, angles de prise de vue gothiques, ombres, travellings… On ne se refait pas. Orson Welles prouve qu’il maîtrise son sujet. Il ne perd d’ailleurs pas son temps, ni le nôtre, pour rentrer dans le vif de son sujet. Il veut démontrer au monde son savoir-faire permettant de rivaliser avec Alfred Hitchcock et le Billy Wilder, période Assurance sur la mort. Son protagoniste s’enfonce dans le faux-semblant jusqu’à être pris à la gorge dans une escalade de mensonges menant à l’inéluctable trahison sur fond de mort. Orson Welles filme à l’instinct, en profite pour déconstruire l’implication de l’image fictive dans la réalité, à moins que ce ne soit l’inverse. Il est le premier à montrer des images d’archives des camps de concentration dans un long métrage brisant la barrière fiction/véracité, sujet qu’il ne cessera d’explorer au fil de sa carrière jusqu’à son F for Fakes au titre révélateur.
En bon élève, Welles livre le film en avance sur le planning de tournage. Son expérience des studios est suffisamment concluante pour redorer son blason. Il enchaîne le tournage avec sa compagne Rita Hayworth de la Dame de Shanghai qui ne se rentabilisera malheureusement pas. Il est quitte à retourner sur les planches et à se cantonner à jouer des guests de luxe pour le cinéma afin de pouvoir fixer ses rêves sur pellicule. Une des plus belles histoires d’un génie mal-aimé.
Image
Production MGM, le studio n’a pas dû conserver les copies dans les meilleures conditions. La copie fatiguée s’en ressent. Si l’image est propre, on aurait aimé des contrastes plus affinés étant donné le travail soigné de la photographie en noir et blanc du Criminel.
Son
Le travail est identique à celui de l’image. Bien qu’audible, le son est assez étouffé, manque de volume et malheureusement d’ampleur. Dommage.
Interactivité
L’interactivité consiste en une présentation exclusive du film par Rafik Djoumi. Le journaliste s’étale sur les différents stades du tournage, de la pré à la post-production, révélant au passage que John Huston était pressenti pour la réalisation.
Liste des bonus
Présentation du film par Rafik Djoumi (38’), Bande annonce (3’).