LE CONTINENT DES HOMMES POISSONS
L’Isola degli uomini pesce – Italie – 1979
Support : Bluray & DVD
Genre : Aventure, Fantastique
Réalisateur : Sergio Martino
Acteurs : Barbara Bach, Claudio Cassinelli, Richard Johnson, Beryl Cunningham, Joseph Cotten…
Musique : Luciano Michelini
Image : 2.35 16/9
Son : Italien et français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Durée : 99 minutes
Éditeur : Artus Films
Date de sortie : 05 décembre 2023
LE PITCH
En 1891, un bateau de trafiquant d’esclaves sombre dans la mer des Antilles. Cinq rescapés parviennent à rejoindre une île qui semble déserte. Deux membres de l’équipage sont sauvagement massacrés et deux autres disparaissent dans d’étranges circonstances. Il s’avère que cette île est gouvernée par un dangereux despote, Rackham, qui retient prisonniers un biologiste et sa splendide fille…
L’île du Docteur Martino
Les éditions Artus Films nous font un joli cadeau en cette fin d’année avec la sortie en haute-définition du culte Le continent des hommes-poissons. Réalisé par un des parrains du Bis italien Sergio Martino, ce film d’aventure, rendu célèbre notamment par sa magnifique affiche, ravira les nostalgiques du cinéma de genre italien.
Après avoir fondé sa légende au début des années 1970 avec ses gialli (La trilogie du vice, Torso…), Sergio Martino n’aura eu de cesse de renouveler les genres enchaînant également polars, westerns, comédies érotiques… A la fin de la décennie, le réalisateur succombe aux sirènes du film d’aventures en signant une « trilogie » entre 1978 et 1979 : La Montagne du dieu cannibale, Le Continent des hommes-poissons et Le Grand Alligator. Second volet du triptyque, Le Continent des hommes-poissons semble s’inspirer autant des légendes de l’Atlantide, des romans de Jules Verne…que du roman de Wells L’Île du docteur Moreau ! Transposé à l’écran par Don Taylor, avec Burt Lancaster en rôle-titre, le film est sorti quelques mois auparavant. Difficile de ne pas voir les liens évidents avec celui de Martino (le savant fou et ses monstres, les naufragés, l’allié féminin…) et qui dans un certain sens préfigure le schéma de L’Enfer des zombies (1979) de Lucio Fulci, avec de nouveau Richard Johnson en méchant de service.
Alors que les tournages des deux autres volets furent réalisés dans les contrées exotiques du Sri-Lanka et de la Malaisie, celui du Continent des hommes-poissons se déroula en Sardaigne et n’en demeure pas moins dépaysant. Les paysages sont magnifiés par la photographie de Giancarlo Ferrando avec comme point culminant les intérieurs tournés dans la Grotte de Neptune, l’un des trésors de l’île où Martino eut l’autorisation de tourner.
Aquaman
Bien plus sage que sur Le Grand Alligator par exemple, Sergio Martino délivre un film d’aventures « à l’ancienne » tous publics, proche de la Bande-dessinée, n’appuyant guère sur le gore ou l’érotisme. Une certaine poésie se dégagerait même de certaines séquences, telle celle où la divine Barbara Bach, toute en transparence, s’en va nourrir les pauvres monstres mi-hommes, mi-poissons ! Ces fameuses créatures réalisées par le costumier Antonello Geleng, qui se livre dans les bonus vidéo, nous feront évidemment sourire ajoutant un charme kitsch à l’ensemble ! Mais Martino prend bien soin de les suggérer et se focalise sur la folie des hommes, les véritables monstres de l’histoire. Un Joseph Cotten en fin de carrière nous livre un savant fou, souhaitant transformer les hommes en poissons pour assurer leur survie…(prophétique en ces temps de réchauffement climatique et de montée des océans !). Tandis que Richard Johnson semble ici bien s’amuser en despote mégalomane, avec des « autochtones » adeptes du Vaudou sous son emprise, se servant des monstres du docteur pour récupérer un trésor enfoui dans les profondeurs sous-marines… Malgré son rythme lancinant et ses monstres ringardisés, le film traversa les océans et marqua des générations. Roger Corman rachètera les droits du film pour en sortir une version plus gore, Screamers, et produira également Les Monstres de la mer l’année suivante. On retrouvera ainsi un ersatz de ces « humanoïdes amphibiens » dans La forme de l’eau de Guillermo Del Toro, par exemple.
La sortie de cette édition Blu-ray (le film était sorti en DVD chez Neo Publishing en 2006) par Artus Films est donc une excellente nouvelle, trop peu de films du Maestro Sergio Martino étant disponibles dans nos contrées, et encore moins en Blu-Ray. Espérons que ce ne sera qu’un début !
Image
Le film est proposé dans une magnifique copie, résultat d’une restauration manifestement très poussées ou en dehors de quelques rares plans zoomés ou apparitions fugaces de stock-shot le rendu assure une propreté remarquable. Les cadres sont bien tenus, la définition est franchement solide, mais la plus belle surprise vient de la palette de couleurs, clairement intensifié par des contrastes marqués et des teintes plus chaudes et vives que jamais. De quoi rehausser clairement l’exotisme des paysages, et même d’assurer une visibilité longtemps interdite lors des séquences sous-marines.
Son
Les monos d’époque italien et français sont disposés dans des DTS HD Master Audio 2.0 plus modernes et plus clairs. Rien qui ne dénature bien entendu l’expérience originale avec des sources très frontales et centrées, mais qui assure certainement une clarté très agréable, sans aucune perdition notable à l’écoute. Le doublage d’époque qui manifestement ne fait pas le bonheur de Curd Ridel, reste pourtant assez honorable.
Interactivité
Le petit classique d’aventure de Sergio Martino est proposé sous la forme d’un digipack très élégant avec fourreau cartonné et livret / mini-livre en supplément. Confié à Christophe Bier (spécialiste du bis) ce dernier revient brièvement sur la carrière du réalisateur, plus longuement sur les coulisses du film en question et se complète d’une bonne moitié consacré à la filmographie des hommes poissons, du muet jusqu’à La Forme de l’eau, en passant bien entendu par la Créature du Lagon noir, ses suites, et de nombreux opus beaucoup moins célèbres ou glorieux.
Mais les disques ne sont pas en reste avec un programme très complet s’ouvrant sur une nouvelle présentation signée par l’habituel Curd Ridel qui en plus des incontournables filmographie s’attarde longuement sur les montages américains du film et les ajouts imaginés par mister Roger Corman… Dommage de ne pas en trouver une version ici d’ailleurs.
Pour la suite, la parole est laissée à Sergio Martino en personne, puis à Antonello Geleng, célèbre chef décorateur italien, qui nous retracent les origines du projet, le choix du casting, les différentes inspirations et références usité, tout autant qu’un tournage dans des lieux paradisiaques mais semé d’embuches… Tout une époque comme on dit dans ces cas-là. L’édition s’achève sur une galerie de croquis de concepts visuels commentée par Geleng, le traditionnel Diaporama et la bande annonce.
Liste des bonus
Le livret « Ichtyanthropia – Panorama des hommes poissons au cinéma » rédigé par Christophe Bier (62 pages), En eaux troubles » : Présentation du film par Curd Ridel (17’), « L’Île mystérieuse » : Entretien avec Sergio Martino (20’), « Les Secrets de l’Atlantide » : Entretien avec Antonello Geleng (32’), Dessins de production commentés par Antonello Geleng (8’), Diaporama d’affiches et photos (2’), Bande-annonce originale.