LE CONSENTEMENT
Belgique, France – 2023
Support : Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Vanessa Filho
Acteurs : Kim Higelin, Jean-Paul Rouve, Laetitia Casta, Elodie Bouchez, Jean Chevalier, Lolita Chammah…
Musique : Olivier Coursier, Audrey Ismael
Image : 1.85 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0 et 5.1
Sous-titres : Sans
Durée : 119 minutes
Editeur : Blaq Out
Date de sortie : 21 février 2024
LE PITCH
Paris, 1985. Vanessa a treize ans lorsqu’elle rencontre Gabriel Matzneff, écrivain quinquagénaire de renom. La jeune adolescente devient l’amante et la muse de cet homme célébré par le monde culturel et politique. Se perdant dans cette relation, elle subit de plus en plus violemment l’emprise destructrice que le prédateur exerce sur elle.
L’Emprise
Publié en 2020, le livre de Vanessa Spingora avait fait l’effet d’une bombe. Sujet à débat se rapprochant forcément d’une imagerie taboue, autrefois visualisée avec bien plus de condescendance voir de romantisme, son adaptation au cinéma doit alors remplacer les mots par l’image. Très risqué.
Le témoignage brûlant et déchirant de Vanessa Spingora a déjà permis de mettre un terme à l’impunité du romancier Gabriel Matzneff. Mais il a aussi ouvert la voie à une véritable remise en question des milieux intellectuels et culturels français. Un effet de relance hexagonal du mouvement #metoo qui a concrétisé une prise de parole enfin possible dans les médias français et a ouvert la voie à de nombreuses femmes qui peinaient encore à trouver leur légitimité. Il n’est pas étonnant que quatre ans après les scandales se succèdent, du monde de l’édition à celui du cinéma ; pour ne faire échos qu’aux derniers cas signalés. Il n’est pas illogique n’ont plus que le texte intime et frontal de l’autrice soit devenu un long métrage de cinéma, média à même de porter plus largement le message et de toucher un plus grand nombre de personnes. Pourtant la forme même du roman, confession sans détour et description par le menu de la relation trouble existant entre Vanessa, alors âgée de 15 ans, et Gabriel Matzneff, prédateur pédophile de 49 ans, ne facilitait pas vraiment l’adaptation, l’image rendait plus fragile encore ce besoin de dénoncer sans rien occulter du pire et le risque de tomber dans l’obscène et la vulgarité.
Le loup et l’enfant.
Déjà réalisatrice d’un Gueule d’ange qui peinait à être totalement convaincant, Vanessa Filho prend effectivement ici un sacré risque et, ne le cachons pas, trébuche parfois à cause d’une mise en scène qui ne veut jamais vraiment transformer les mots en cinéma. Une réalisation sobre, appliquée, un peu juste et étriquée, qui certes réussit à surprendre lors (par exemple) d’un plan de nudité frontale aussi inattendue que volontairement embarrassant, mais qui le plus souvent veut se conforter dans une distance clinique. Celle-là même qui du coup n’arrive jamais vraiment à dépasser l’image d’ogre et de monstre intouchable de Gabriel Matzneff (pourtant manifestement nourri par une part franchement pathétique et minable), malgré les efforts considérables et admirables d’un Jean-Paul Rouve tétanisant de maitrise et de perversité. Car si jusqu’au bout Le Consentement frappe là où ça fait mal, réussit à s’approcher de immontrable avec décence et une puissante émotion, c’est certainement grâce à ses comédiens et en particulier l’incroyable Kim Higelin, aussi convaincante physiquement que psychologiquement en adolescente fragile, malléable et peu sure d’elle, au bord de la rupture, rendant l’image de sa proximité avec la personnalité dévorante et le physique écrasant de Matzneff / Rouve plus dérangeant encore.
Le film n’est pas parfait, mais il a au moins le mérite d’illustrer avec sérieux et conviction les mécaniques terribles misent en place par ce type de profiles pervers, manipulant leurs cibles pour les amener à devenir leurs objets, et peut-être plus encore de rappeler que le « consentement » du titre n’a jamais été celui de Vanessa mais bien d’une société entière qui a choisi des années durant de fermer les yeux, de tolérer sur l’autel de la création littéraire, l’intolérable. Fort et nécessaire.
Image
Rien à redire, le transfert est de très bonne qualité avec une image limpide et un piqué très soigné. Le film ne travaille pas forcément une photographie très marquée, scrutant surtout un rendu relativement réaliste, des lumières sobrement froides, mais les couleurs et les contrastes sont tout de même bien dessinés, avec un maintien bien marqué du grain présent qui ajoute une légère touche de poisseux au film.
Son
Le film peut être visionné avec une stéréo très sobre et frontale, idéale pour les petites installations, avec un bon équilibre dans les dialogues et une dynamique très naturelle. La version DTS HD Master Audio 5.1 se montre bien entendu plus ample avec un travail fluide sur les ambiances urbaines ou les atmosphères plus feutrées des salons, même si forcément la plupart du temps relativement discret.
Interactivité
On aurait pu s’attendre à un contenu un peu plus fourni avec un retour sur le livre en compagnie de l’auteur, un entretien avec la réalisatrice, l’actrice ou même quelques images de tournage…. Rien de tout ça. Le disque est simplement complété avec la très courte interview de Jean-Paul Rouve pour l’émission de cinéma Le Beau Geste, certes très intéressantes et même assez forte, mais franchement très courte, et la longue séquence complète d’une nuit d’un terrible bad trip de Vanessa. Une véritable performance de la part de Kim Higelin dont seules quelques images et instants ont finalement été utilisés dans le montage final.
Liste des bonus
Scène coupée (18’), Interview de Jean-Paul Rouve par Pierre Lescure dans Le Beau Geste (5’).