LE COMTE DE MONTE CRISTO
France – 2024
Support : Bluray
Genre : Aventure
Réalisateur : Matthieu Delaporte, Alexandre de La Patellière
Acteurs : Pierre Niney, Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier, Anamaria Vartolomei, Laurent Lafitte, Pierfrancesco Favino…
Musique : Jérôme Rebotier
Image : 2.39 16/9
Son : Dolby Atmos Français
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Durée : 178 minutes
Editeur : Pathé
Date de sortie : 6 novembre 2024
LE PITCH
Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche, il revient sous l’identité du comte de Monte-Cristo pour se venger des trois hommes qui l’ont trahi.
Les Maîtres du château
L’échec relatif du second épisode des Trois Mousquetaires n’aura pas refroidi les ambitions de la maison Pathé de faire revivre un blockbuster à la française. On poursuit donc dans la relecture de l’œuvre populaire de Dumas avec son second roman le plus célèbre : Le Comte de Monte Cristo, le duo de scénariste Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, en profitant cette fois-ci pour reprendre en main la réalisation du, grand, spectacle.
Certain s’en sont offusqués, où ont regardé l’opération d’un œil quelque peu condescendant. Il n’y a pourtant aucun mal, bien au contraire, à vouloir redonner un nouvel éclairage à des récits aussi classiques, et maintes fois adaptés à l’écran, que les formidables textes d’Alexandre Dumas. C’est presque devenu une tradition de génération en génération, et une belle façon d’éprouver la vivacité d’une industrie hexagonale que l’on croit si souvent éteinte. Peut-être encore plus que les trépidations « cape et épée » des soldats du roi, Le Comte de Monte Cristo a d’ailleurs tout de l’œuvre éternelle, du roman fondateur, creuset de nombreux récits, genres, figures dramatiques, dont la ligne vengeresse et la tragédie de son personnage centrale parle toujours aussi nettement aux spectateurs d’aujourd’hui. On ne s’étonnera pas alors que les deux scénaristes autrefois connus pour les comédies Le Prénom, Papa ou maman et Le Meilleur reste à venir, aient comme beaucoup avant eux choisi de gommer au maximum le grand contexte historique du roman, sertis dans le cadre troublé de la France du début du 19eme, hésitant entre royauté et retour impérial, pour lui donner des aspects intemporels moins encombrants. L’essentiel de cette version est bien entendu ce récit d’une vengeance savamment orchestrée, méticuleusement préparée et terriblement cruelle, motivation qui ne va cesser de dévorer le pauvre Edmond Dantes et les deux jeunes gens qui l’accompagnent (dont une magnifique Anamaria Vartolomei) dans son opération de haut vol.
L’évasion
Une concision qui accélère forcément le passage attendu dans les geôles du Château d’if, la quête du trésor oublié, et réduit la voilure du côté des trames parallèles, des personnages secondaires et des masques portés par le héros. Des coupes parfois drastiques, même pour un film proche des trois heures, mais qui pourtant n’amenuise jamais la portée du récit, sa force romanesque et la beauté des personnages, toujours assez loin du manichéisme simplet. Un excellent travail d’écriture, précis et rythmé, aux dialogues toujours bien cernés, entre classicisme de la langue et modernité plus fluide, qui offre au très bon casting du film un terrain de jeu parfait pour explorer leurs racines théâtrales (Laurent Lafitte et Patrick Mille en méchants notables, tour à tour veules, froids et pathétiques, sont parfaits). Petit bijou au centre du film, le repas donné par le Comte à ses « victimes » durant lequel, uniquement grâce à ses talents de conteur et d’effets de manche, il laisse le piège se refermer doucement sur eux, capture ainsi admirablement cette tradition française, dans le jeu et le texte, avec une modernité nouvelle apportée par le jeu des lumières, le décor plus baroque que réaliste et les superbes maquillages apposés sur le visage de Pierre Niney. Toujours prompte aux défis, ce dernier succède brillamment à des acteurs de la trempe de Louis Jourdan, Jean Marais, Richard Chamberlain, Jacques Weber ou Gérard Depardieu, apportant des contours plus sombres, plus torturés, plus fougueux mais aussi plus super-héroïques (la filiation avec Batman est totalement assumée, et un juste retour des choses) à une figure changeante, douloureuse, qui se perd peu à peu dans sa propre vendetta.
Une réussite ? Certainement, même si on ne peut regretter que, malgré une efficacité indéniable, la mise en scène se voulant constamment spectaculaire et généreuse (nombreux travellings aériens, des paysages et des décors extraordinaires, une ou deux scènes d’actions fougueuses à souhait…) n’arrive jamais totalement à s’extirper du cadre sage du grand téléfilm de luxe, trop impersonnel et technique. Mais ce n’est certainement pas ça qui nous gâchera le, grand, plaisir d’un spectacle enlevé et soigné.
Image
Sans grande surprise, mais avec un plaisir évident, on retrouve ce Comte de Monte Cristo dans des conditions HD exceptionnel. Le master est intense, fort, lumineux, habilement creusé et doté d’un piqué constamment pointu. Pas un soupçon de défaut ne vient se glisser durant le spectacle, tout y est finement dessiné, se dotant d’un relief frappant et décrivant tous les détails attendus avec ferveurs. Décors, intérieurs ou naturels, costumes, effets de maquillage sont appréciables dans le moindre détails, cajolé par une compression invisible et particulièrement solide. Le disque 4K doit être renversant.
Son
Le film est disponible dans une piste Dolby Atmos tout à fait digne des meilleurs performances cinéma. Elle fait d’ailleurs dans la démonstration de force dès la première séquence, celle de la tempête, avec une dynamique nerveuse et ample, et ne lâchera plus la bride jusqu’à la fin. Généreux et spectaculaire, le mixage accompagne parfaitement par son enveloppement total le sentiment d’aventure, expose clairement le moindre dialogue et sait disposer aussi d’ambiances plus discrètes ou sobrement historiques.
Interactivité
Coffret collector avec goodies, steelbook avec le disque UHD ou édition simple Bluray, dans tous les cas, les suppléments sont identiques et finalement peut-être un peu trop classiques. Le making of traverse ainsi très agréablement la création du film, de la genèse au tournage, les essais maquillage, la recherche d’une réalité historique fantasmée, aux travers de nombreuses images de tournages et des interviews récoltées à même le plateau. Sobre et efficace, très carré en somme. Suit une sélection d’interviews des acteurs regroupés par duos ou trio, et des deux réalisateurs, enregistrés lors de la promotion de la sortie salle. Des rencontres plus posées mais très intéressantes où le casting, non sans humour parfois, revient sur son rapport avec l’œuvre de Dumas, les challenges du tournage ou de la réappropriation d’un univers et de personnages archi-connus, tandis que les deux auteurs assument pleinement leurs partis-pris dans l’adaptation.
Liste des bonus
Making of (27’), Entretiens avec l’équipe du film (29’).