LE CŒUR BATTANT
France – 1960
Support : Bluray
Genre : Drame sentimental
Réalisateur : Jacques Doniol-Valcroze
Acteurs : Françoise Brion, Jean-Louis Trintignant, Pénélope Portrait, Marc Eyraud…
Musique : Michel Legrand
Image : 1.66 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Aucun
Durée : 83 minutes
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 14 décembre 2023
LE PITCH
Dominique vit dans un état de rêve, hantée par le souvenir de Juan, diplomate chilien qu’elle croit être l’amour de sa vie. Cette aventure passionnée a été rendue possible grâce à l’aide de son ami François, qui a accepté de jouer le rôle d’amant fictif afin de ne pas éveiller les soupçons de la femme de Juan. Lorsque François apprend que Juan souhaite retrouver Dominique sur la presqu’île de Giens où leur amour a éclos, il refuse initialement de lui prêter main-forte. Cependant, face à l’insistance de Dominique, il finit par céder, déterminé cette fois-ci à saisir sa propre chance.
Un Homme et une femme
Le Chat qui fume aime tous les cinémas. Il aime aussi certainement le cinéma français mis de côté, boudé ou oublié et pas seulement les objets déviants et les films d’exploitations précurseurs mais aussi… la Nouvelle Vague ! Etonnant, mais voilà en tout cas l’occasion de jeter à nouveau un œil sur ce très attachant Le Cœur battant réalisé par l’une des signatures des fameux Cahiers du cinéma.
Malgré sa place de fondateur et de rédacteur en chef des Cahiers du cinéma et ses amitiés avec toute la jeune génération du cinéma français des années 50/60, Jacques Doniol-Valcroze (La Maison des Bories, Le Viol, La Dénonciation…) n’est pas forcément le réalisateur le plus connu, et reconnu, de la Nouvelle Vague. Pourtant ses films font preuve d’une même volonté de s’extraire du cadre fermé du cinéma français « d’autrefois » en scrutant une réalité plus contemporaine et en s’extrayant définitivement des décors en studios et des cadres posés. Dès 1960 avec L’Eau à la bouche et sa romance mélancolique, avec bien entendu l’incontournable Bernadette Lafont, il s’impose aux cotés de Truffaut, Louis Malle ou Jean Eustache. Élan clairement confirmé par le présent Le Cœur battant, simple récit de quelques jours passés au bords de mer pour François et Dominique, jeunes adultes fringuants de leurs temps, qui se prêtent joyeusement aux jeux de la séduction, du marivaudage, et analysent, parfois avec dureté, les sentiments amoureux et les désirs de l’autre. C’est qu’au milieu de ces instants de plage, cette partie de tennis à deux mains gauches ou ses mots piquants échangés au restaurant, il y a un grand absent : Juan objet d’amour nostalgique pour elle, de jalousie pour lui.
« C’est l’amour à la plage, whaou, whaou »
Bien entendu Jean-Louis Trintignant et François Brion sont formidables dans ce tango relativement léger, dans cette comédie amoureuse où l’on s’amuse beaucoup à jouer celui ou celle que l’on n’est pas. La première scène d’ailleurs, installe immédiatement le ton alors que tout deux se croisent dans une galerie d’art, devant le tableau intitulé Le Cœur battant justement, et font semblant de ne pas se connaitre, d’être d’autres qu’eux même, devant le désarroi navré du galeriste qui aimerait qu’ils deviennent enfin adultes. A eux deux dès lors de dépasser leurs duels de gosses, leurs souvenirs d’été où déjà lui devait se faire passer pour l’amant pour dissimuler la relation entre Dominique et le fameux Juan (que l’on ne verra jamais de face). Très inspiré à la fois par les comédies de mœurs italiennes contemporaines et par leur pendant hollywoodiens plus classiques (un petit quelque chose de Vacances romaines peut-être ?), Le Cœur battant impose son propre rythme nonchalant, son sens de la promenade et de la torpeur sur le sable chaud. Il n’oublie cependant jamais de glisser dans les affleurements de peaux et les petits tromperies une ambiguïté plus complexe autour de l’identité, et en particulier celle dans laquelle on s’enferme soit même.
Avec son joli numéro d’acteur, son noir et blanc suave, sa réalisation légère mais soignée et les très jolies compositions d’un Michel Legrand agréablement démonstratif, Le Cœur battant titille déjà le Truffaut des Antoine Doinel et le Lelouch des débuts. Une jolie redécouverte.
Image
Encore une superbe restauration à mettre au crédit du Chat qui fume. Alors que le film, brièvement sorti en DVD il y a 15 ans, n’avait jusque-là pas franchement été mis en avant, l’éditeur présente ici un nouveau master des plus ravissants. Les cadres sont d’une grande propreté, toujours stables et le noir et blanc se pâme dans des contrastes à la fois fort et délicats et des argentiques on ne peut plus élégants. Le grain persiste naturellement à l’image et rares sont les plans d’ensemble où le lointain horizon se met à bruisser tant le piqué s’avère surtout fin et précis.
Son
La piste française d’origine, disposée en DTS HD Master Audio 2.0, se dote clairement d’une nouvelle clarté avec des dialogues toujours bien posés et équilibrés. Les ambiances sonores sont volontairement en retrait mais les musiques de Michel Legrand viennent régulièrement s’imposer avec une certaine prestance.
Interactivité
Présenté dans un sobre, tout fin, mais élégant Mediabook, l’édition dispose un petit livret piqué agrémentée de photos d’exploitation. Sur le Bluray, l’éditeur a glissé le documentaire « Jacques Doniol-Valcroze, les cahiers d’un cinéaste » signé par son épouse et qui retrace avec émotion tout le chemin parcouru par celui-ci, de tout gosse à camarade de route des habitués des Cahier du cinéma, jusqu’à organisateur de festivals, cinéaste, acteur, mais aussi jusqu’à sa rupture d’anévrisme à la fin de la projection d’Une saison de feuilles de Serge Leroy. De nombreux amis et collaborateurs témoignent pour un portrait extrêmement complet, cinéphilique et intime, où seule la qualité d’image à vieillie.
Liste des bonus
Livret, Documentaire « Jacques Doniol-Valcroze, les cahiers d’un cinéaste », avec Françoise Brion, Costa Gavras, Marie Dubois, Jean-Luc Godard, Jean-Charles Tacchella, Serge Toubiana, Jean-Louis Trintignant… (59’), Bande-annonce.