LE COBAYE
The Lawnmower Man – Etats-Unis – 1992
Support : Bluray & DVD
Genre : Science-Fiction
Réalisateur : Brett Leonard
Acteurs : Jeff Fahey, Pierce Brosnan, Jenny Wright, Geoffrey Lewis, Mark Bringleson, Jeremy Slate…
Musique : Dan Wyman
Durée : 108 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais, DTS HD Master Audio 5.1, Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : ESC Editions
Date de sortie : 6 novembre 2024
LE PITCH
Un homme simple d’esprit fait l’objet d’une expérience scientifique basée sur la réalité virtuelle. Son intelligence se développe de manière extraordinaire, jusqu’à lui conférer des pouvoirs parapsychologiques. Mais plus l’expérience se prolonge, plus son équilibre mental devient perturbé…
Ghost in the Machine
On ne compte plus les adaptations du romancier à succès Stephen King. Des dizaines et des dizaines de films arborant fièrement son nom pour attirer le chaland en mal d’émotions fortes. Peu gâté par le cinéma, le résultat n’a souvent plus grand-chose à voir avec le matériel original. Le Cobaye, comme beaucoup n’échappe pas à la règle.
Le projet a mis du temps à se développer. Une quinzaine d’années entre l’acquisition des droits par un ancien de la Amicus, Milton Subotsky en 1978 et sa sortie en salles. L’histoire devait intégrer une anthologie de films à sketchs (format de prédilection chez Amicus) avant de passer sous le giron de Marvel au début des années 80. Un peu oublié aujourd’hui, le film de Brett Leonard a tout de même fait son petit effet lors de sa sortie en 1992. Vendu sur ses effets spéciaux innovants, le découvrir aujourd’hui avec la technologie actuelle nous ramènerait presque aux belles heures de gloire de la Playstation 1 (bon, la 2 pour être gentil). Tourné un an avant la révolution numérique de Jurassic Park avec un budget sept fois moindre, l’écart visuel prend des allures de gouffre béant, surtout lorsque l’on prend en compte le fait que Steven Spielberg bénéficie de l’expertise d’ILM quand Le Cobaye doit composer avec les novices Angel Studios et Xaos. Pourtant, le film garde un certain charme. Brett Leonard son metteur en scène, fait avec les moyens qui lui sont alloués. Il filme avec beaucoup de plaisir en dosant intelligemment les séquences live et celles se déroulant dans le monde virtuel. Exercice si clivant pour lui qu’il s’est depuis reconverti dans ce domaine. Pour l’aider dans sa vision, il avait intérêt à bien s’entourer. Russel Carpenter, directeur photo de plusieurs séries B plutôt bien torchées, a la lourde tâche de mettre tout cela en image. Objectif atteint puisqu’un certain James Cameron, en fin connaisseur, ne va pas tarder à le débaucher pour ses futurs projets.
Vers l’infini et au-delà
Mais si l’on a tant parlé à l’époque de ces effets-spéciaux, leurs charmes n’auraient pas été si convaincants sans un casting non dénué de potentiel sympathie. Jeff Fahey, trouvaille de la Paramount qui voyait en lui son nouveau poulain, hérite du rôle principal. Il a pour challenge de faire passer son personnage de simplet au départ à génie absolu grâce aux bienfaits de la technologie qu’on lui a inoculés. Compliqué à gérer lorsque le film est tourné dans le désordre. L’acteur aura recours à des post-it de couleurs sur son planning de tournage pour caler son jeu en osmose avec l’évolution de son interprétation. Le savant pas vraiment fou, a lui, les traits d’un Pierce Brosnan que l’on n’attendait pas forcément ici. A trois ans d’endosser le costume de l’agent 007, il compose avec conviction son rôle de scientifique malgré des problèmes personnels qui le préoccupent grandement (son épouse combat un ennemi cancéreux bien plus mortel qui l’emportera peu de temps après). L’histoire, quant à elle, s’éloigne amplement de la nouvelle La Pastorale imaginée par Stephen King (une tondeuse à gazon tueuse dirigée par la pensée. No comment). Léger et un peu ridicule pour en faire un film. Même si des scènes coïncident avec l’histoire, le scenario pioche bien plus volontiers dans le remarquable Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes. Furieux de voir son nom ainsi associé au film à des fins publicitaires, King intenta un procès à New Line pour qu’il ne soit plus lié au projet. Le tribunal lui donna raison et le studio fut condamné à lui verser l’équivalent d’un tiers du budget du film. Mais étant donné le succès du Cobaye en salles et plus tard en vidéoclub, New Line n’a pas à se plaindre d’avoir trahi le scénario de base. Autre type de trahison, le montage. Brett Leonard le laisse échapper pour arriver plus rapidement à l’essentiel. En contrepartie, il se voit, succès oblige, la possibilité de sortir son director’s cut en VHS. Ce nouveau montage développe davantage la première partie du film, retardant ainsi l’arrivée des séquences virtuelles que le spectateur attend.
Pour ceux qui ont gardé un souvenir ému du visionnage des années 90, ils étaient précurseurs. Le Cobaye, sans le savoir, est dès son préambule avant-gardiste. Un texte avertit les spectateurs des progrès du virtuel pour le prochain millénaire et de sa révolution dans le futur. Comme dans le film, celle-ci peut devenir incontrôlable entre de mauvaises mains. Le futur du film est devenu notre présent.
Image
Comme on s’y attend, les effets spéciaux sont naturellement datés mais s’intègrent très bien au film. Les couleurs sont vives et retranscrivent bien l’esprit 3D de l’époque. Le reste du film garde son attrait pellicule avec un beau travail sur les lumières et les détails. Le film garde avec plaisir, son master typique des années 90 avec une image pimpante, avec en bonus des défauts de pellicule effacés pour un visionnage des plus agréables.
Son
La version française reste fidèle à nos souvenirs. Elle propose un équilibrage propre malgré son format 2.0. La VO en 5,1 est particulièrement appréciable sur les scènes à effets spéciaux au détriment des autres séquences plus plates au niveau sonore. Le mixage reste néanmoins bien reparti sur les différentes enceintes.
Interactivité
Une édition plutôt fournie car elle reprend un documentaire bien complet sur la fabrication du film avec un grand nombre d’intervenants et un investissement honnête de son metteur en scène, Brett Leonard. Autre élément intéressant, de nombreuses scènes coupées issues de la version director’s cut sortie en VHS outre-Atlantique, développant davantage la première partie du film. Version que l’on aurait bien voulu visionner dans cette édition. Des bandes annonces et autres galeries complètent cette galette bien garnie d’informations.
Liste des bonus
« Cyberoid : Créer le Cobaye » : documentaire rétrospectif inédit avec l’équipe du film (50’), Scènes coupées issues de la version Director’s cut (27’), Clip promotionnel d’époque et images du tournage (5’), Compilation des séquences animées du film (4’), Galeries (2’), comparaison de storyboard (2’), Bandes-annonces cinéma, TV et Easter Egg (4’).