LE CIEL SUR LA TÊTE
France, Italie – 1965
Support : Bluray & DVD
Genre : Science-fiction
Réalisateur : Yves Ciampi
Acteurs : André Smagghe, Jacques Monod, Marcel Bozzuffi, Henri Piégay, Bernard Fresson, Yvonne Monlaur…
Musique : Jacques Loussier
Durée : 110 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Éditeur : Coin de mire
Date de sortie : 18 mars 2022
LE PITCH
1965, après plusieurs mois de campagne en mer à travers le monde, le porte avion Clémenceau regagne sa base de Brest. Les avions sont expédiés à terre et le reste de l’équipage s’apprête à débarquer pour retrouver leurs proches. Soudain, un message top secret de l’État-Major des Armées arrive auprès du Commandant Ravesne. Quelques instants après, celui-ci ordonne de faire demi-tour et rappelle toute la flottille à bord. Il déclenche le poste de combat et fait équiper les avions de l’arme nucléaire. Une question est sur toutes les lèvres : que se passe-t-il’? Mais le commandant reste silencieux…
Le porte-avion et les extraterrestres
Anomalie totale dans la petite histoire du cinéma français, Le Ciel sur la tête est à la fois un grand éloge de la force militaire française, tourné sur le Clemenceau en dur, et un essai atmosphérique de science-fiction symbolique. Surprenant pour le moins.
Comme toutes les armées, l’armée française aime glorifier sa puissance, sa rigueur et ses valeurs de fraternité, de courage et d’entraide, en commanditant de manière régulière quelques documentaires élogieux et parfaitement contrôlés. Ainsi le réalisateur Yves Ciampi dont on connaît Les Héros sont fatigués avec Montand ou Le Guérisseur avec Jean Marais, est directement engagé par le Service d’Information et de Relations Publiques de la Marine, pour concevoir une fiction mettant en valeur le sixième porte-avion français, Le Clémenceau, explorant la hiérarchie de son commandement et les joyeuses troupes, pilotes et marins, qui l’occupent. Le réalisateur a d’ailleurs ici accès à des moyens rarement vus à l’écran, furetant dans les moindres couloirs du mess, la cabine de pilotage ou accompagnant les plus vifs chasseurs pour quelques prouesses et voltiges aériennes franchement spectaculaires. Une grande partie du film consiste d’ailleurs dans l’illustration frontale du quotidien du navire et de son équipage, croisant subtilement quelques acteurs chevronnés (Bernard Fresson, Marcel Bozzuffi…) et de véritables jeunes militaires droits comme des i et portant la tenue réglementaire avec fierté.
Les chevaliers du ciel
Un film de propagande bien évidement, grâce auquel l’armée espérait redorer son image et possiblement attirer quelques nouvelles recrues, mais qui étonnamment se voit doté d’un scénario bien plus exotique que prévu. Car menace il y a, obligeant nos braves pilotes à écourter drastiquement leur permission, et renvoyant le Clémenceau à flot sans que le commandement soit véritablement informé, dans un premier temps, de sa nature. Contexte de Guerre froide oblige les regards se portent vers les américains et les russes, mais le satellite se déplaçant à grande vitesse dans notre stratosphère pourrait venir de plus loin… Avec beaucoup d’économie, un passage d’orchestrations pompier à des dissonances plus atmosphériques, Le Ciel sur la tête glisse vers le huis clos non pas vraiment angoissant ou tendu, mais cultivant en tout cas un mystère plutôt bien amené dont les dangers (la forte radioactivité, la préparation de l’arsenal nucléaire…) permettent là aussi de décrire plus avant les dispositifs réels de l’armée française en cas de grave conflit planétaire. Un réalisme voulu et imposant qui permet de passer outre quelques effets spéciaux gentiment datés, pour teinter le film d’une sensible portée universelle sur les tensions absurdes que connaissaient le monde dans les années 60 et cet élans étrangement optimiste et presque pacifique qui faisait encore lever les yeux vers les étoiles.
A la fois document précieux pour tous les fanas de machineries et d’images militaires, divertissement catastrophe plutôt bien mené et thriller d’anticipation un brin naïf, Le Ciel sur la tête est certes loin d’être parfait avec son rythme froid et ses limites thématiques dues à sa nature de commande d’état, mais reste à ce jour unique dans un cinéma français si frileux à la SF.
Image
Déjà proposé dans un tout petit DVD Gaumont il y a quatre ans avec une image franchement détériorée, Le Ciel sur la tête se dote désormais d’une vraie copie restaurée à partir d’un nouveau scan 2K de l’interpositif. La plupart des griffures, taches et autres instabilités ont été effacées ou gommées, les cadres largement stabilisés et surtout les différentes sources (scènes au sol, aériennes, avec effets visuels…) ont été habilement harmonisées. On retrouve aussi une colorimétrie beaucoup plus soutenue qu’autrefois. Un travail solide à partir d’un matériau pas évident.
Son
Là aussi le DVD précédent était une énorme déception, le mono présenté en DTS HD Master Audio a lui aussi été rafraîchi et rééquilibré pour une restitution sobre, mais claire, équilibrée et ne laissant passer que quelques rares petits effets de saturation.
Interactivité
Le nouveau titre de la collection La Séance, disposé dans un Mediabook noir et doré, est accompagné comme il se doit d’un livret composé d’une reproduction du livret de presse et de photos de com, ainsi que de reproductions de photos d’exploitation et d’un fac-similé de l’affiche. En plus de ces goodies, et d’un disque DVD, l’édition propose sur le disque Bluray l’attendue Séance avec ses actualités de 1965 qui dressent un joli travelling des derniers conflits dans le monde (sic) suivi de la bande annonce du sympathique Train d’enfer et d’une sélection de petite pubs vieillottes et impossibles aujourd’hui (aaah les bienfaits d’une cigarette Gitane maïs…). Comme toujours tous ces documents ont été restaurés avec soin, tout comme les plus surprenant courts métrages proposés dans la section bonus. Des segments étalés sur trois décennies, passant du film à la vidéo, et qui présentent chacun à leur façon les atours du fameux Clémenceau. Des séquences de vols spectaculaires, des démonstrations militaires en mode documentaire et même pour le dernier un historique assez complet du porte-avions et de ses différentes missions.
Liste des bonus
La séance complète avec actualités Pathé, réclames publicitaires et bandes-annonces d’époque, un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm), la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm), « Au bal de Neptune » (10′), « Les Ailes du Clémenceau » (14′), « Le Bal des chiens jaunes » (07′), « Le Tigre d’acier » (30′).