LE CHIEN DES BASKERVILLE
The Hounds of the Baskervilles –Royaume-Uni – 1959
Support : Bluray
Genre : Fantastique, Policier
Réalisateur : Terence Fisher
Acteurs : Peter Cushing, André Morell, Christopher Lee, Maria Landi, David Oxley, Francis De Wolff…
Musique : James Bernard
Durée : 87 min
Image : 1.66 16/9
Son : Anglais et français LPCM 2.0 Mono
Sous-titres : Français
Éditeur : BQHL
Date de sortie : 27 juin 2024
LE PITCH
Le malheur poursuit la famille Baskerville depuis que sir Hugo, un ancêtre, tua une paysanne. Tous les membres de la famille meurent de mort violente annoncée et provoquée par un chien fantastique. Henry Baskerville, qui arrive d’Afrique du Sud, décide d’habiter le château maudit, mais il est accompagné de ses amis le Dr Mortimer, Sherlock Holmes et le Dr Watson.
Hurlements
Le chemin de la Hammer se devait de croiser la route du mythique détective crée par Conan Doyle et c’est en toute logique avec Le Chien des Baskerville, roman le plus « horrifique » de la série, que le mariage sera consommé. Et avec quelle maestria !
Tout juste relancée grâce aux superbes Frankenstein s’est échappée et Dracula distribués respectivement en 1957 et 1958, l’honorable firme Hammer s’engouffre dans une nouvelle voie, celle des productions horrifiques et gothiques en couleurs ! Un vent nouveau sur le genre qui en passe par un partenariat lucratif avec Universal qui embrayera donc logiquement sur des remakes du Loup-Garou, La Momie et toute la clique. Pourtant juste avant cette seconde vague, cette même équipe d’artisans chevronnés et passionnés vont répondre à une simple commande, celle d’United Artists qui souhaiterait distribuer la première aventure cinématographique de Sherlock Holmes en couleurs ? Voici donc une bande, déjà rodée à l’épouvante colorée, maniérée et classieuse et qui se penche sur le classique Le Chien des Baskerville, avec un regard totalement atypique qui continue aujourd’hui encore de donner toute sa force et sa beauté à l’une des plus grandes réussites du studio. L’idée ne fut jamais de donner naissance à une nouvelle série d’adaptations, mais bien de retranscrire un texte aux lisières du fantastique avec toute la personnalité Hammer. De ce coté là, les spectateurs sont servis avec une photographie vive de Jack Asher, des décors délicieusement gothiques de Robert Robinson, la musique massive et angoissante de James Bernard et surtout la réalisation feutrée mais précise du grand Terence Fisher.
L’ère de la sorcellerie
Du savoir-faire à ne plus savoir qu’en faire qui suinte ici dans chaque image, toujours parfaitement ciselées, délicatement posées, où la justesse de l’adaptation légèrement « exploitation » de Peter Bryan (préservant toute la complexité du roman tout en la simplifiant) brille par la mise en place d’ambiances oppressantes, mystérieuses, flottantes comme si les pires créatures de l’au-delà pouvaient jaillir à tout instant. Un habillage typique de la Hammer où l’on découvre, entre autres les plus beaux travellings de la lande (on en retrouve des traces chez Tim Burton et son Sleepy Hollow), mais qui justement doit la plupart du temps se passer de créature effrayante à l’écran. Une absence qui donne un charme assez unique au film et qui permet à un trio d’acteur inoubliable d’habiter les lieux : le trop méconnu André Morell (Le Pont de la rivière Kwai) solide en Docteur Watson utile et jamais ridicule, le formidable Christopher Lee avançant enfin sans masque qui étonne en fragile Sir Henry Baskerville et enfin Peter Cushing. Certains diront que ce dernier n’imposa jamais à Sherlock Holmes sa propre patte, et pourtant c’est dans le détail que ce génie découvre l’une des meilleurs incarnations du personnage, toujours en mouvement, semblant toujours au milieu de milles activité et réflexion, dynamique en diable voir presque illuminé ce Sherlock est définitivement celui de Cushing, et se détache des anciennes visions trop canoniques, annonçant clairement le futur travail d’un certain Robert Downey Jr.
Encadré par une ouverture opératique et spectaculaire d’une dizaine de minute et un final volontairement bien plus sobre (voir l’apparition du « chien »), ce Chien des Baskerville est un petit bijou délicieusement british respectant à la lettre l’âme de l’œuvre de Conan Doyle tout en lui donnant cette fièvre Hammer, amenée sur un plateau par le remarquable Terence Fisher.
Image
Pas de changement pour la copie du film qui est la même que celle proposée en 2016 par L’Atelier d’images et la même que celle distribuée par Arrow Video. Hérité de la source officielle fournie par la MGM, elle n’est qu’une aménagement d’un master vidéo déjà visible en DVD. Quelques améliorations apparaissent tout de même avec des couleurs légèrement mieux marquées, un piqué largement plus présent, une masse neigeuse plus discrète et quelques séquences vraiment convaincantes dans leur profondeur de champs et la définition générale. Reste que de toute façon la copie n’a toujours pas eu la restauration qu’elle méritait, restant parsemée de petites taches blanches, affirmant un grain globuleux dans certains arrières plans et surtout se perdant dans des noirs mal maitrisés et des cadres aussi plats que ternes.
Son
C’est bien entendu le simple mono d’origine qui se laisse entendre ici. Le confort est présent avec un équilibre soigné entre les dialogues, la musique et les effets. Mais là encore la restauration semble en surface puisque quelques « pops » se font encore entendre, tout comme quelques chuintements en fin de phrases. La version française n’est pas désagréable non plus avec un doublage très réussi et solide et un léger ronflement pas trop envahissant.
Interactivité
On est encore ici trop loin de la masse de suppléments proposés sur l’édition anglaise d’Arrow Vidéo (BO en piste isolée, interview de Christopher Lee, portrait de André Morell…), cette édition BQHL récupère cependant la belle interview de Mr Conan Doyle en personne. Une bande tournée aux tout début du cinéma parlant où le célèbre romancier raconte avec bonhommie la naissance de son si célèbre détective et son intérêt « scientifique » pour le surnaturel et le monde médiumnique. Précieux forcément.
Le programme est complété par une présentation du roman et du film par Marianne Stjepanovic, autrice d’une biographie de Conan Doyle, qui rappelle la nature feuilletonesque du texte, ses liens avec les intérêts fantastiques de l’auteur et sa transposition logique du coté de la Hammer. Esthétique, choix des acteurs et représentation des personnages, la dame délivre de nombreuses informations même si on peut noter quelques répétitions.
Liste des bonus
Interview de Sir Conan Doyle (10’), « Le Mystère Conan Doyle » Par Marianne Stjepanovic, auteure de la biographie « Arthur Conan Doyle : Sherlock Holmes et au-delà » (36’).