LE CHAT ET LE CANARI
The Cat & The Canary – Royaume-Uni – 1978
Support : Bluray & DVD
Genre : Thriller
Réalisateur : Radley Metzger
Acteurs : Honor Blackman, Michael Callan, Edward Fox, Wendy Hiller, Olivia Hussey, Beatrix Lehmann, …
Musique : Steven Cagan
Durée : 98 minutes
Image : 1.66 16/9
Son : Anglais & Français DTS-HD Master Audio 1.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Rimini Editions
Date de sortie : 22 mars 2024
LE PITCH
Les héritiers du richissime et excentrique Cyrus West sont réunis dans un manoir, vingt ans après sa mort, pour la lecture de son testament. La présence d’un assassin dans le groupe va faire dévier la cérémonie vers le jeu de massacre, …
Titi & Grominet
C’est un objet bien curieux que Rimini exhume ici pour sa collection Angoisse. Réalisé par un pionnier du porno US, Le chat et le canari oscille avec une belle inconscience entre le huis-clos à la Agatha Christie, la comédie noire, l’épouvante gothique, le giallo et un épisode de Scooby-Doo. La proposition intrigue, forcément, mais tient-elle seulement la route ? Pas toujours, malheureusement, la faute à une galerie de personnages tous plus antipathiques les uns que les autres et qui ne suscite au bout du compte qu’un ennui poli.
À priori bien loin de marquer un désir de reconversion de la part de son réalisateur, Le chat et le canari apparaît dans la filmographie de Radley Metzger coincé entre Maraschino Cherry avec la starlette Annette Haven et The Tale Of Tiffany Lust qu’il coréalise (sans être crédité au générique) avec Gérard Kikoïne, cador du X hexagonal. Il s’agit même de l’unique incursion du cinéaste new-yorkais dans le suspense et l’horreur. Une simple parenthèse pour un homme qui, avec des films telles que The Lickerish Quartet en 1970 ou The Opening of Misty Beethoven en 1976 (qu’il signe de son pseudonyme favori, Henry Paris), aura su donner au cinéma X ses lettres de noblesse. Avec la bénédiction de la critique et l’admiration, entres autres, d’Andy Warhol.
Sixième adaptation pour le grand écran d’une célèbre pièce de théâtre de John Willard, Le chat et le canari version 1978 doit son existence à Richard Gordon, un producteur anglais spécialisé dans le cinéma de genre et les petits budgets horrifiques. Mélodrame teinté de comédie de mœurs, cette histoire d’héritage convoité d’un peu trop près par une belle bande de parvenus enferme pour toute une nuit ses protagonistes dans un vieux manoir plus ou moins à l’abandon. Gordon y voit l’opportunité d’une approche du thriller gothique qui a fait ses preuves et ambitionne un mélange de rivalités familiales, de cupidité, de disparitions inquiétantes avec comme invité surprise un tueur en série qui mutile ses victimes avec sadisme. Le tout situé dans une vieille bâtisse remplie de passages secrets, par une nuit d’orage comme l’exige la tradition. Mais, que ce soit par le scénario ou par la mise en scène, Radley Metzger, rompu à l’exercice de l’adaptation littéraire et théâtrale (ses polissonneries sont toutes construites autour de textes issus du répertoire classique), s’emploie à faire dérailler cette belle formule et livre ici une série B protéiforme.
Cluedo
Avec ses plans d’animaux mis à mort avec cruauté et son trauma d’enfance qui nous donnera plus tard la clé pour résoudre l’intrigue, le prologue n’est pas loin de ressembler à du Dario Argento grand cru. La suite évoque une production Amicus bien barrée (avec un testament enfermé dans un coffre hermétique sans doute imaginé par un savant fou), bifurque vers le récit policier à la Agatha Christie et atteint son point d’orgue lors d’une scène de dîner qui justifie le visionnage à elle seule. Croisement du Scrooge de Charles Dickens et du producteur William Castle, le vieux Cyrus West (Wilfrid Hyde-White, meilleur acteur du film, haut la main) ne s’est pas contenté d’un simple bout de parchemin pour faire connaître à ses héritiers ses dernières volontés mais s’est au contraire mis en scène dans un film « interactif » en noir et blanc. Une scène particulièrement drôle et mordante où une ingénieuse chorégraphie (la vieille gouvernante cale son service sur les entrées et les sorties de champ de sa propre personne, filmée vingt ans plus tôt) tend à faire croire que le vieillard décédé est bel et bien présent au milieu de ses descendants indignes. Pendant près de dix minutes, feu Cyrus West insulte et méprise copieusement ses héritiers, lesquels digèrent l’humiliation sans broncher dans l’espoir de toucher le magot !
Pensée comme un whodunnit et un jeu du chat et de la souris (!) à deux doigts du vaudeville, la suite du film échoue à garder le cap de cette épatante entrée en matière en sombrant dans une succession très convenue de claquements de portes, d’insultes et d’apparitions d’un psychopathe échappé d’un asile. Le casting, pas forcément aidé par une caractérisation monotone et qui en fait des caisses dans le registre « salauds de riches », se contente du minimum syndical. Que Metzger ne parvienne pas à produire la moindre étincelle alors que se tient devant sa caméra Honor Blackman et Olivia Hussey dans le rôle d’un couple de cousines lesbiennes est un véritable aveu d’impuissance. Quant au body count, il reste incroyablement timide et parasité par une chasse au trésor dont on se contrefout éperdument. Trop appliqué, en panne d’inspiration au bout de vingt minutes de métrage, Radley Metzger prend le contrepied d’un script dont il est pourtant l’auteur et fait retomber un soufflé qui s’annonçait appétissant. Excitant sur le papier, Le chat et le canari est en fin de compte un petit film frigide. Triste.
Image
Un peu de grain et de fourmillement dans le plan d’ouverture laissent craindre une copie inégale. Une impression vite dissipée par un master resplendissant, à la définition exemplaire et aux couleurs pimpantes. Pour une rareté de cet acabit, c’est une très belle surprise.
Son
Les deux mixages sont très propres mais ils atteignent leurs limites assez vite lorsque l’on pousse le volume trop haut. Mieux vaut ne pas avoir la main lourde et savoir se contenter de peu, surtout en ce qui concerne un doublage français réussi mais à la dynamique en berne.
Interactivité
Outre un livret signé Marc Toullec pas l’ombre d’un bonus vidéo. Dommage.
Liste des bonus
Le livret « Qui veut gagner des millions ? » rédigé par Marc Toullec (24 pages).