Argument basique de la comédie romantique moderne, il s’agit bien ici de rapprocher deux personnages que, de prime abord, tout oppose. Elle n’est plus la jeunette qu’elle était mais elle continue d’enquiller les conquêtes et de partager son temps entre ses deux boulots peu stables : serveuse dans le bar du coin et conductrice Uber. Et la colonisation de sa petite ville portuaire par une nouvelle frange bourgeoise, la met clairement en difficulté financière pour garder sa maison familiale. Lui, est un tout jeune adulte complètement renfermé sur lui-même, sans vie sociale, censé partir prochainement à la fac, que ses parents richissimes (papa étant joué par Matthew Broderick, ex-star des teen comedy des 80’s) surprotègent. Ce sont d’ailleurs eux qui ont la parfaite idée d’offrir une voiture à la jeune femme qui aura l’honneur de déniaiser le fiston. Mais au-delà du petit postulat de base relativement original, mêlant à la fois un certain potentiel de critique sociale et une amorce gentiment amorale (on parle ici tout de même de prostitution), Le Challenge a tout de même rapidement comme volonté de rentrer dans le rang et de se lover confortablement dans l’édredon des bons sentiments et de la tendresse amicale.

Donnant-donnant

Alors certes, Jennifer Lawrence y va comme jamais dans ses tentatives lourdingues et embarrassantes de prédatrice quasi-cougar, malmenant un Andrew Barth Feldman (Foul Play, High School Musical) tout penaud et chétif, culminant même dans une improbable séquence de castagne sur la plage dans une nudité frontale (et absolument pas sexy) courageuse, mais très rapidement le ton se radoucit. Car bien entendu elle cache une véritable blessure et lui une profondeur insoupçonnable et tous deux vont se révéler et évoluer de concert… et pourquoi pas partager des sentiments sincères ? Bien entendu jusqu’à la remise en question de la dernière bobine où le plan est éventé et la demoiselle doit faire amande honorable et convaincre son ami qu’il y avait là plus qu’une question d’argent. On sait exactement où va aller le film et comment il va finir dès ses premières minutes, et malheureusement son déroulé et les scènes humoristiques attendues ne sont jamais assez piquantes, irrévérencieuses et tout simplement marrantes, pour donner un vrai relief à l’ensemble. Le Challenge s’avère même bien sage en définitive, jamais déplaisant, jamais choquant, jamais ennuyant, mais jamais bien passionnant. Ancien habitué de l’excellente série The Office et déjà réalisateur d’un mignon Good Boys, Gene Stupnitsky n’a ni l’énergie ni l’impertinence assumée d’un Judd Apatow et se contente de suivre posément le parcours de ses personnages, certes plutôt touchant et mieux écrits que la moyenne, mais manquant cruellement de pointes de folie.

Une petite comédie romantique trop légèrement épicée qui se regarde, mais qui s’oublie bien vite.