LE CERCLE & LE CERCLE 2
The Ring, The Ring Two – Etats-Unis – 2002, 2005
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Gore Verbinski, Hideo Nakata
Acteurs : Naomi Watts, David Dorfman, Martin Henderson, Brian Cox, Sam Baker, Elizabeth Perkins, Sissy Spacek…
Musique : Hans Zimmer, Henning Lohner & Martin Tillman
Durée : 115 et 110 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Dolby Digital 2.0 Français et anglais
Sous-titres : Français
Editeur : Paramount Pictures France
Date de sortie : 02 mai 2019
LE PITCH
Après la mort inexpliquée de sa nièce, une journaliste découvre l’existence d’une étrange cassette vidéo qui condamnerait ceux qui la regardent à mourir sept jours plus tard.
La fille du puisatier
Jamais dérangés par un énième remake inutile, les Américains décidaient, au début des années 2000, de donner leurs propres versions du phénomène japonais Ringu, adapté du roman du même nom, de Koji Suzuki. Pourtant, si l’identité très marquée des deux films japonais de Hideo Nakata allait forcément connaître une déperdition d’importance de l’autre côté du pacifique, la version signée Gore Verbinski mérite largement qu’on s’y attarde. Ce qui n’est étrangement pas le cas de sa suite, signée pourtant par Nakata lui-même. Les voies du cinéma sont parfois impénétrables…
Un film de commande peut parfois ne pas être une très bonne chose pour un jeune réalisateur. Dans le cas de Gore Verbinski, ce fut tout le contraire. Le Cercle : The Ring, le propulsa au devant de la scène et lui permit même d’affirmer peut-être pour la première fois son style très esthétique qui a explosé depuis dans le raté mais très beau A Cure for Life. Au centre de l’histoire de The Ring, une cassette vhs tueuse, qui condamne irrémédiablement ceux qui ont osé regarder ces quelques images à une mort atroce. Des images que le réalisateur va considérablement modifier face à la version japonaise du film pour y insérer des plans savamment composés, esthétiques même, et qui vont devenir de véritables indices pour la journaliste (Naomi Watts, parfaite) qui enquêtent à leur sujet. Une enquête qui va la mener à un phare, puis une île et enfin à une famille détruite par la mort de leur jeune fille, Samara, jetée et laissée pour morte dans un puits. Un puits qui devient la toute dernière image de la fameuse cassette et qui, à l’issue du septième jour, libère l’enfant vengeur qui se rue sur sa victime, lui déformant horriblement le visage (magnifiques créations du grand Rick Baker) avant de le faire mourir d’une crise cardiaque.
Presque copié/collé de son modèle dans son introduction, le film de Verbinski devient ensuite très différent du film de Nakata. Car là où l’enquête de Ringu reste très épurée et ne cherche jamais le rebondissement à répétitions, Le Cercle : The Ring en propose au contraire une qui s’égrène au fil de scènes choc très réussies (la découverte dans la salle de montage, la scène du cheval sur le ferry…). Différent aussi la présence d’une critique (seulement le temps de quelques plans donc sans intérêt) de la télévision, appareil dangereux qui s’insinue dans les foyers (brrrrr!) et la présence de Hans Zimmer au score, qui rajoute forcément, comme en a l’habitude le compositeur allemand, un peu plus de ronflement pompeux à l’ensemble. Au final, malgré quelques évidentes scories et un scénario qui ne tient pas toujours débout, le remake du film d’Hideo Nakata tient largement la route. Mais on est en droit, légitimement, de lui préférer l’original.
Tue-moi maman !
Le réalisateur américain n’ayant signé que pour un seul film, c’est Hideo Nakata lui-même qui se colle au remake de son propre Ringu 2. Alors que dans la version originale l’héroïne disparaît mystérieusement avec son fils et que ce sont deux personnages secondaires qui continuent son enquête, The Ring 2 met toujours le personnage de la journaliste au centre de son histoire. Naomi Watts et le jeune David Dorfman (aussi mauvais que dans le premier) rempilent donc après que leur personnage ait quitté Seattle pour Astoria, petite ville de l’Oregon mais où la cassette tueuse et la jeune fille aux cheveux longs ne vont pas tarder à les retrouver. Bien que réalisée par Nakata, cette suite américaine annonce son ratage presque complet dès son introduction, dans une scène où le cinéaste tente de confondre le monde réel et celui de la cassette à l’aide d’effets spéciaux totalement datés qui ne fonctionnent pas un seul instant. Raté aussi le scénario, pas crédible du tout, qui remet le personnage de Naomi Watts au centre de l’intrigue, toujours journaliste dans une ville où elle vient à peine d’arriver et où tout le monde semble travailler à la rédaction du journal (y compris la nuit) sauf elle.
Loin de l’intrigue épurée de Ringu 2, qui continuait de creuser le sillon à base de médiumnité et d’expérience glauque, son pendant américain continue lui, logiquement, dans celui de la petite fille vengeresse, qui derrière ses attaques mortelles ne veut qu’une chose, prendre la place du fils de l’héroïne pour gagner une maman. Cette dernière devant donc tenter de tuer son propre fils pour se retrouver aux prises avec Samara, entrer dans son monde et lever une fois pour toute la malédiction. Une façon de creuser aussi un peu plus les origines de la petite fille tueuse et de mettre Sissy Spacek dans la peau d’une mère enfanticide plus ridicule qu’autre chose. Un ratage dans les grandes largeurs, donc, qui ne trouve un peu d’intérêt que dans un climax plutôt bien troussé (il était temps) et qui semble nous rassurer sur le fait qu’il n’y aura pas de suite. Ouf.
Pour conclure, si le film de Gore Verbinski continue de profiter du talent de son auteur et se redécouvre encore parfaitement bien aujourd’hui, on préférera oublier poliment sa suite, emballée par un réalisateur qui semble fatigué de devoir fournir une nouvelle version des deux films tournés dans son Japon natal. Quant à la suite des aventures de la cassette tueuse, elles continuèrent un moment dans les années 2000 dans une préquelle totalement dispensable (Ringu 0) et dans un nouveau remake (Rings) qu’il vaut aussi mieux oublier. Plus que jamais, la VHS a fait son temps.
Image
Si les deux titres profitent de noirs plutôt profonds sur leur galette numérique, ils accusent aussi souvent une image plutôt granuleuse, qui peut participer à l’atmosphère des films, souvent sale et angoissante, mais témoigne surtout du manque d’intérêt de l’éditeur à proposer un travail de restauration plus poussé sur deux titres de fond de catalogue.
Son
Une piste stéréo basique pour chacun des deux titres, traduisant encore une fois du manque de travail de restauration de l’éditeur sur deux films pourtant pas si âgés. Sans surprise, l’ensemble manque de dynamisme et de relief.
Liste des bonus
Aucun.