LE BAISER DU TUEUR & L’ULTIME RAZZIA
Killer’s Kiss, The Killing – États-Unis – 1955-1956
Support : Blu-ray
Genre : Thriller
Réalisateur : Stanley Kubrick
Acteurs : Frank Silvera, Jamie Smith, Sterling Hayden, Coleen Gray
Musique : Gerard Fried
Durée : 67 et 84 minutes
Image : 1.33 et 1.66 16/9
Son : Anglais, Français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Éditeur : BQHL
Date de sortie : 26 janvier 2023
LE PITCH
À l’issue d’une nouvelle défaite sur le ring, le boxeur Davy Gordon décide, le temps de prendre du recul, de quitter New York pour le ranch de son oncle. En portant secours à Gloria Price, une taxi-girl dont abuse Vincent Rapallo, le patron de l’établissement où la jeune femme loue ses services en tant que danseuse, il s’attire de sérieux ennuis, l’amant éconduit comptant bien se venger. Si ce dernier croit avoir éliminé son rival, il se rend vite compte qu’il y a eu erreur sur la personne…
L’Odyssée Stanley
Génie pour les uns, auteur maniéré pour les autres, le réalisateur Stanley Kubrick ne laisse jamais insensible. Quand les uns tergiversent sur ses interprétations contemplatives, les autres crachent sur l’ennui profond de ses visionnages. Monsieur Kubrick ne laisse pas indiffèrent et c’est cela qui le rend si passionnant.
Autodidacte, le jeune Stanley peut faire penser à une autre icône du cinéma en la personne d’Orson Welles. Une personnalité bien affirmée, un sens visuel indéniable et un caractère bien trempé à la détermination sans bornes. Si le premier, saltimbanque du spectacle (au théâtre comme à la radio) a repoussé les limites de la mise en scène inventive avec son Citizen Kane, l’avenir ne lui a jamais donné les moyens de ses ambitions. C’est là que leurs trajectoires divergent. Tout aussi indépendant, Kubrick a fait ses armes en vendant ses clichés notamment au magazine Look. Se faisant rapidement la main sur des documentaires, le jeune a l’ambition du grand écran. C’est en dépensant l’argent vaillamment gagné grâce à ses clichés et aux deniers de ses proches qu’il attaque l’aventure Fear and Desire. Si quelques plans font mouche, le futur cinéaste, conscient de la faiblesse et de l’amateurisme de son film préfère agir comme si ce dernier n’existait pas. Jusqu’à sa mort, il bataillera pour faire détruire les négatifs de son film (bizarrement, à son décès, le film est réapparu). Apprenant de ses erreurs, comme le joueur d’échecs qu’il est, Stanley ne tarde pas à réitérer l’expérience. Son Baiser du tueur est d’un tout autre calibre. Sous prétexte d’une intrigue policière, il peaufine son long-métrage, ses cadrages, ses lumières, ses mouvements de caméra… Si son film frôle l’exercice de style, sa maîtrise de l’espace est bluffant, cet appendice filmique laisse envisager un futur des plus prometteurs, son passeport pour l’avenir.
Il était une fois Kubrick
Malgré ses qualités artistiques indéniables, Le Baiser du tueur ne bénéficie pas du succès escompté. Le mieux qu’il obtint, c’est une projection en deuxième partie de programme des séances de série B dans les cinémas de quartier. Stanley Kubrick, et ce sera une constance dans sa filmographie, décide d’adapter un roman de Lionel White Clean Break sur un braquage des recettes d’un champ de courses. Sa rencontre avec James B. Harris sera le tournant de sa carrière. Ce jeune producteur arrachera les droits détenus par Frank Sinatra et investit de sa poche pour lancer le tournage. Réalisé de manière plus professionnelle, l’équipe se constitue de routards du métier. Le respecté directeur de la photographie Lucien Ballard (La Horde sauvage) accepte mal de recevoir des ordres d’un jeunot à peine sorti des culottes courtes (il n’a que 26 ans et déjà deux longs métrages à son actif). Kubrick ne se démonte pas et dans un calme empli de fermeté imposera ses conditions. Les prémices du génie s’amplifient. Moins tapageur que son film précèdent, L’Ultime razzia surprend par son récit éclaté très peu populaire à l’époque. Explorant pièce par pièce son labyrinthe scénaristique, il n’en propose pas moins une lecture homogène et surprenante de maîtrise. La suite de sa carrière ne fera que réaffirmer ses principes.Si le film n’explose pas les compteurs du box-office, ses qualités ne passent pas inaperçues. Kirk Douglas le choisit pour tourner sa future production Les Sentiers de la gloire. Titre prémonitoire qui mènera Stanley Kubrick sur les chemins de la reconnaissance mondiale.
Comme en psychanalyse, pour connaitre l’adulte, il faut savoir explorer l’enfance. Pour mieux appréhender Kubrick, rien de mieux que de se plonger dans les œuvres de jeunesse de Stanley.
Image
Pour un esthète de l’image, il fallait que les masters correspondent aux ambitions de l’auteur. C’est chose faite. Les deux films sont minutieux avec une bonne gestion des noirs aux contrastes admirables. Ceux-ci sont surtout enthousiasmants sur le baiser du tueur, véritable exercice de style à l’ambiance expressionniste. L’argentique se révèle tout aussi probant sur la profondeur de champ ainsi que sur le piquet hautement recommandable.
Son
Filmés avec très peu de moyens, nous ne pouvons qu’admettre qu’ici aussi la restauration sonore est travaillée. Les deux pistes DTS retranscrivent avec brio les ambiances feutrées du premier film comme la folie des champs de courses du second. Un son clair et dynamique au très bel équilibre.
Interactivité
Chaque film bénéficie d’un sur-étui contenant un livret rédigé par l’infatigable Marc Toullec. Les galettes se complètent par des analyses aussi instructives qu’intéressantes du journaliste Laurent Vachaud. Un excellent supplément de programme pour en apprendre toujours plus sur le maître.
Liste des bonus
Le Baiser du tueur : Présentation du film par Laurent Vachaud (44′)
L’Ultime Razzia : Présentation du film par Laurent Vachaud (38′)