LE 4E POUVOIR
France – 1985
Support : Bluray & DVD
Genre : Policier
Réalisateur : Serge Leroy
Acteurs : Philippe Noiret, Nicole Garcia, Roland Blanche, Michel Subor, Toni Cechinato, Jean-Claude Brialy, Pascal Legitimus…
Musique : Alain Bashung, Juan José Mosalini
Image : 1.85 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Durée : 99 minutes
Éditeur : StudioCanal
Date de sortie : 29 novembre 2023
LE PITCH
Présentatrice vedette du journal télévisé, Catherine Carré est confrontée à l’enlèvement de Yves Dorget, un journaliste qu’elle a aimé jadis. Mêlé à de dangereuses affaires, Yves a besoin d’aide.
A la une
Très marqué par le modèle américain des films faisant du journaliste le dernier rempart d’une démocratie honnête, Le 4e Pouvoir de Serge Leroy envoie les excellents Philippe Noiret et Nicole Garcia dans les coulisses puantes de la fameuse France-Afrique et dans celles pas beaucoup plus reluisantes de la « boite à cons ».
Comme Yves Boisset (L’Attentat, Canicule, Le Prix du danger…) à qui il est souvent comparé, Serge Leroy aura lui aussi marqué le cinéma français du mitan des années 70 à la fin de la décennie suivante par sa volonté de mêler l’idée d’un divertissement populaire, d’un thriller presque à l’américaine, avec des sujets sociaux, politiques et engagés tout à fait sérieux. Si ses plus hauts faits resteront certainement l’extrêmement brutal La Traque et l’étrange Attention, les enfants regardent avec un Alain Delon égaré, un film trouble comme Légitime violence, sur la légitime défense donc, a su lui aussi montré un regard plutôt pertinent sur une question brulante d’actualité associée à une efficacité des plus honorables. Dans son prolongement, Le 4e pouvoir vient s’attarder sur les mécaniques du journalisme moderne et plus particulièrement sur l’opposition (alors encore très marquée) entre la presse papier et le modèle télévisé. A une époque où le journalisme d’enquête n’était pas encore assujetti aux propriétaires milliardaires et à leurs propres stratégies d’opinion, et où la télévision tout récemment libérée du ministère de l’Information ployait toujours sous la coupe plus ou moins officielle de l’état, le thème ne manque pas de pertinence. En particulier lorsqu’il s’appuie sur l’une de ses multiples variations autours des collusions et des malversations entre la France et quelques dictatures d’Afrique du Nord pour de petites arrangements financiers et économiques.
Fin de carrière
L’enquête en elle-même reste relativement classique, de toute façon laissée au second plan la plupart du temps, car Serge Leroy se concentre effectivement volontiers sur les relations plus ou moins tendus entre les deux journalistes de tête, leurs directeurs de chaine ou de publication et bien entendu les symboles du pouvoir, en l’occurrence ici un Premier ministre pourri jusqu’à la moelle. Sans doute moins sensationnaliste qu’à l’accoutumé, le réalisateur s’efforce de préserver tout du long une certaine crédibilité, une véracité plutôt convaincante. Sa mise en scène et son scénario, écrit par la journaliste et femme politique Françoise Giroud, manque tout de même d’un peu de muscle, de tensions palpable, mais la justesse des dialogues et l’aspect humain compensent aisément ces petits défauts. Il faut reconnaitre que les qualités du film tiennent énormément à la présence d’un excellent casting de l’époque (Roland Blanche en directeur de rédaction nerveux, Brialy en directeur de chaine mielleux à souhait…) avec tout particulièrement un duo Philippe Noiret / Nicole Garcia d’une solidité inébranlable. Lui le journaliste et sa mission chevillée au corps, elle la présentatrice du JT constamment attirée par les lumières et la célébrité, qui sous couvert de faire revivre une nouvelle passion s’associent pour faire éclater la vérité… jusqu’à une certaine limite. Le 4e pouvoir ne manque pas bien évidement de dénoncer les mauvaises pratiques et les petits arrangements de la télévision avec les gouvernements en place et les stratégies carriéristes associées, mais le fait avec une note amer, observant sa normalisation avec un certain fatalisme.
Pas forcément le film de ce type le plus marquant des années 80, mais qui reste plus que plaisant grâce à sa pertinence et la performance de ses interprètes, Le 4e pouvoir marqua le début de la prise de distance entre Leroy et le public, concrétisée par les échecs successifs de Double face et Contrainte par corps qui l’amèneront, comme beaucoup, à se tourner vers le cachetonnage sur petit écran.
Image
Encore une très belle copie pour la collection Make My Day ! même si une nouvelle fois aucune véritable information n’est donnée sur sa source (nouveau scan 2K ?). Cependant le résultat est là avec des cadres propres et stables, une colorimétrie équilibrée, chaude et réaliste, et une définition très bien creusée qui vient admirablement jouer sur la profondeur et les matières. Seuls quelques plans plus sombres laissent apparaitre de très léger bruissements sur les bords et un piqué un poil plus plat. Une bonne surprise.
Son
Le mono sobre et efficace d’origine est ici transposé sur un DTS HD Master Audio 2.0 plus clair et net encore. Les dialogues sont toujours bien posés, les musiques de Bashung toujours trop envahissantes et les quelques échos d’ambiances gardent une honorable présence. Sobre mais solide.
Interactivité
Contenu peut-être un peu plus court que les dernières prestations de la collection pour Le 4e Pouvoir. Le programme s’ouvre naturellement sur une nouvelle présentation de Jean-Baptiste Thoret (directeur de collection), sans doute un peu moins enthousiaste que d’habitude mais qui revient tout de même sur la place de Serge Leroy dans le paysage du cinéma français, sur le thème du film et la belle présence des acteurs. Le second et dernier item est annoncé comme un making of mais il s’agit surtout de rushs d’un reportage non monté, avec quelques passages sans le son, où l’on peut observer les répétitions avant la prise, le placement des acteurs et les directions du metteur en scène sur quelques scènes clefs. On y trouve aussi de brèves interviews de Philippe Noiret, Nicole Garcia (qui parle surtout de Péril en la demeure) et Jean-Claude Brialy (toujours piquant).
Liste des bonus
Préface de Jean-Baptiste Thoret (5’), Making of (30’).