LAW & ORDER SAISON 1 A 5
Law & Order : Seasons 1 to 5 – Etats-Unis – 1990 / 1995
Support : Bluray
Genre : Policier
Réalisateurs : John P. Whitesell II, Daniel Sackheim, Vern Gillum, E.W. Swackhamer, Don Scardino…
Acteurs : George Dzundza, Paul Sorvino, Chris Noth, Michael Moriarty, Richard Brooks, Steven Hill, Dann Florek, Jerry Orbach, Sam Waterston, Jill Hennessy…
Musique : Mike Post
Durée : 5506 minutes
Image : 1.78 16/9
Son : Français & Anglais DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Eléphant Films
Date de sortie : 15 octobre 2024
LE PITCH
Dans le système pénal américain, le ministère public est représenté par deux groupes distincts, mais d’égale importance : la police, qui enquête sur les crimes, et le procureur, qui poursuit les criminels. Voici leurs histoires, …
Au nom de la loi
Sur le point d’attaquer sa vingt-quatrième saison sur NBC au mois d’octobre prochain et sans montrer le moindre signe de faiblesse, Law & Order, la série policière emblématique créée par Dick Wolf nous revient en France sous la forme d’une intégrale des cinq premières années chez Elephant Films, avec de nouvelles copies en haute-définition et des bonus passionnants. Outre ce beau coffret (agrémenté d’un livret de 96 richement illustré et annoté) que l’éditeur nous annonce avec fierté sur son site, chaque saison sera également disponible à l’unité. Dès sa première livraison (et bien sûr les suivantes), entre septembre 1990 et juin 1991, Law & Order révolutionnait déjà le petit écran avec son approche réaliste et didactique où la notion de justice se heurte à la complexité de la société américaine. Essentiel.
Bien loin de la formidable créativité et de l’entrain de la première moitié des années 80, la télévision américaine aborde le virage des années 90 dans un état de léthargie inquiétant mais qui, heureusement, ne va pas durer bien longtemps. Diffusé sur ABC à partir du mois d’avril 1990, le phénomène Twin Peaks réveille le paysage audiovisuel et annonce un nouvel âge d’or de la série TV. Tout comme la création de Mark Frost et David Lynch s’inspirait du soap opera le plus classique qui soit pour en faire quelque chose de neuf et d’intrigant, Dick Wolf fait reposer Law & Order sur les vieilles recettes rassurantes du genre policier façon Dragnet et les mélange avec les codes très théâtraux du « courtoom drama » du syle Perry Mason … pour mieux les dynamiter et confronter chaque semaine son public à un cas de conscience inédit. Mais plus qu’une simple série culte, Law & Order est également devenu le socle d’une franchise où se bousculent huit spin-offs (deux de plus sont en préparation) et des adaptations officielles à travers le monde entier. Un véritable empire médiatique reposant sur des bases plutôt humbles.
Pur new-yorkais ayant grandi à Manhattan, fils d’une mère irlandaise et catholique et d’un père juif, Dick Wolf se fait les dents en signant quantité de scripts pour les séries Miami Vice et Hill Street Blues (Capitaine Furillo en V.F.) où il côtoie des pointures comme Michael Mann et Steven Bochco. Une école qui lui apprend l’importance capitale d’une écriture solide, limpide et imparable.
Les deux faces d’une même pièce
En jetant les bases de Law & Order au début de l’année 1988, Dick Wolf ignore qu’un quart de siècle plus tôt, une autre série jouait déjà avec l’idée de suivre une affaire criminelle en deux temps, d’abord l’enquête puis le procès. Portée par Ben Gazzara et Chuck Connors, la série Arrest & Trial (Le jeu du meurtrier, en V.F.) s’était arrêté au bout d’une seule saison et de 30 épisodes en 1964, sans laisser aux spectateurs un souvenir impérissable. Moins conventionnel dans son approche, Dick Wolf parvient à concilier en une quarantaine de minutes seulement deux styles à priori irréconciliables. Si la première moitié d’un épisode s’inspire volontiers du cinéma viscéral d’un William Friedkin période French Connection, avec un tournage en extérieur et caméra à l’épaule dans les rues de New York même, la seconde moitié aborde les procès avec la minutie d’un Sidney Lumet. Ce mélange des genres empêche foncièrement le public de se reposer confortablement sur ses certitudes et rebat les cartes constamment, tant d’un point de vue narratif avec des coups de théâtre qui peuvent faire dérailler l’histoire d’un simple homicide vers le suicide assisté et la cause homosexuelle (l’épisode « The Reaper’s Helper ») que sur le fond avec un questionnement moral qui se refuse à tout manichéisme. Rien n’est jamais tout noir ou tout blanc dans un épisode de Law & Order et il n’est pas rare que la conclusion d’un épisode nous laisse sciemment sur notre faim, le doute et la frustration prenant le pas sur une fin toute propre mais qui n’aurait plus rien à voir avec la vraie vie.
Malgré son absence de violence ou de langage crue (la série est diffusée sur un grand network et pas sur le câble), Law & Order se distingue du tout-venant par un réalisme qui prend à la gorge. S’inspirant de véritables faits divers pour en tirer la substantifique moelle, l’équipe de scénaristes supervisée par Dick Wolf n’a peur de rien et le prouve à maintes reprises. La première saison se confronte ainsi à la corruption policière, au SIDA, à l’avortement (l’épisode « Life Choice » qui aura effrayé tous les annonceurs publicitaires de la chaîne), aux liens entre le crime organisé et le monde politique, les violences conjugales, le port d’arme et, surtout, la cause raciale avec de nombreux épisodes qui mettent en évidence les préjugés et une justice à deux vitesses lorsqu’il s’agit d’inculper ou de défendre des afro-américains. Les 22 épisodes du premier run sont d’une richesse tout simplement exceptionnelle et démontrent l’ampleur du boulot abattu alors qu’à l’écran, tout semble d’une simplicité absolue, sans morceaux de bravoures ostentatoires, sans monologues virtuoses. Une évidence qui se renforce au fil des années même si la cinquième saison marque un léger fléchissement et un début de routine.
Faîtes entrer les accusés !
L’écriture occupant une place centrale dans la série, on pourrait presque avoir l’impression que la question du casting est totalement secondaire. Et pourtant. Malgré un turn-over important au fil des ans et le quasi-refus de plonger dans la vie privée des personnages pour éviter de dériver vers le feuilleton pur et dur (ce dont ne se privera pas NYPD Blue, héritier direct de la création de Dick Wolf), Law & Order ne serait sans doute le succès que l’on connaît sans une troupe d’acteurs et d’actrices dévoués corps et âmes à leurs personnages. Tué au tout début de la saison 2, George Dzundza donne un relief insoupçonné au détective Greevey, flic à l’ancienne et au discours très conservateur mais animé par une ténacité et une soif de justice qui le rapprochent du « Popeye » Doyle incarné par Gene Hackman dans French Connection. Il sera remplacé le temps d’une saison par Paul Sorvino avant que Jerry Orbach ne s’installe dans le costume du « vétéran » à partir de la saison 3 et jusqu’à la 14. Plus discret, Chris Noth s’efface derrière le rôle de Mike Logan en offrant un visage sympathique, loin de l’image d’un jeune chien fou que l’on associe généralement avec les personnages de jeunes détectives ambitieux. Le rôle le plus important revient au bout du compte à l’excellent Michael Moriarty qui se forge avec le personnage du procureur Ben Stone une image de rectitude morale diablement ambiguë, le mélange d’obstination et de calme glaçant flirtant avec la sociopathie. Jusqu’à son départ à la fin de la saison 4 au profit d’un Sam Waterston bien plus rassurant, il incarnera presque à lui seul LE visage d’une série qui n’a décidément pas peur de gratter là où ça fait mal, mais sans jamais élever la voix ou recourir à la provocation. Très masculine à ses débuts (malgré le fait que la condition des femmes revienne souvent sur le devant de la scène) la série entamera sans tarder sa féminisation avec l’arrivée de Carolyn McCormick et de Jill Hennessy entre les saisons 3 et 4 dans des rôles clés.
La formule en béton armé imaginée par Dick Wolf, rodée au bout de quelques épisodes seulement et sanctuarisée par le thème musical inoubliable de Mike Post et deux notes percussives aussi facilement identifiable que le thème des Dents de la mer servant de transition entre deux scènes, ne cessera de se perfectionner et de se raffiner au cours des quatre années suivantes. Si Law & Order fait aujourd’hui à ce point partie du paysage audiovisuel que l’on ne fait plus vraiment attention à la série en elle-même, redécouvrir ses premiers pas permet de comprendre à quel point ces histoires « arrachées » des pages des faits divers firent à ce point bouger les lignes sur le petit écran. Une main de fer dans un gant de velours.
Image
On oublie les masters fatigués et ternes des précédentes éditions DVD pour savourer de nouvelles restaurations réalisées à partir du matériel original (avec des sources en 35mm) et qui nous ramènent enfin à l’aspect « cinéma vérité » qui faisait partie intégrante du concept. Quelques accrocs demeurent (tout en s’atténuant au fil des saisons) mais le réalisme de la photographie, la densité des scènes sombres et la profondeur des champs des rues new-yorkaises confèrent un relief et des textures insoupçonnées à une série dont on ignorait que la photographie ait pu faire l’objet d’un travail aussi précis. Forcément moins riches, les scènes de procès bénéficient néanmoins de cette mise à jour hautement recommandable.
Son
Rien d’exceptionnel même si les bandes sonores ont été nettoyées de fond en comble. La version originale se permet un léger surcroît d’ambiances, surtout en extérieur, mais rien de bien fou pour autant. Les dialogues sont au centre du mixage quoi qu’il arrive et tout le reste n’est qu’enrobage discret et minimal.
Interactivité
Spécialiste de la série TV, Alain Carrazé revient au cours d’un entretien d’une vingtaine de minutes sur les origines de la série, ses partis pris esthétiques et son casting en évolution constante. Le même Alain Carrazé est aussi convoqué pour un entretien en bonne et due forme avec Dick Wolf himself. Deux bonus destinés en priorité à ceux qui découvrent la série. Les fans trouveront un peu plus de substance lors de plusieurs analyses animées par Barbara Villez, spécialiste de la série (elle lui a consacré plusieurs ouvrages) mais aussi professeur de langues et de culture juridique, et qui décortique l’approche très minutieuse de Law & Order au regard des subtilités du système pénal américain, la variété des métiers du système judiciaire et le recours des scénaristes à d’authentiques histoires criminelles. Sortie des archives, un making-of (ou, du moins, le premier chapitre d’un plus long documentaire) revient sur la création de la série avec des interventions de Dick Wolf notamment, lequel insiste sur ses intentions d’origine et la difficulté du casting. Ce module est complété par un autre making-of un peu plus long qui revient sur les trois premières années de la série. On retrouve aussi quelques scènes inédites à l’importance toute relative en fin de saison 3. Enfin, également sortie des archives, les afficionados se régaleront d’une drôle de bande-annonce consacrée au jeu vidéo Law & Order : Dead on the Money, le premier consacré à la série. Plutôt conséquent, non ?
Liste des bonus
La loi et l’ordre : les origines de Law & Order par Alain Carrazé, Le système judiciaire américain par Barbara Villez, Making-Of, Bande-annonce du jeu vidéo, Rencontre avec Dick Wolf et Alain Carrazé, les professions juridiques par Barbara Villez, Jerry Orbach : un hommage, Jerry Orbach : entretiens, Making Of : les 3 premières années, « Inspiré d’une histoire vraie » par Barbara Villez, Scènes inédites.