L’AVENTURE C’EST L’AVENTURE
France – 1972
Support : Bluray & DVD
Genre : Comédie, Aventure
Réalisateur : Claude Lelouch
Acteurs : Lino Ventura, Jacques Brel, Charles Denner, Johnny Hallyday, Charles Gérard, Aldo Maccione…
Musique : Francis Lai, José Padilla
Durée : 121 minutes
Image : 1.66 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Éditeur : Metropolitan Films
Date de sortie : 26 mai 2022
LE PITCH
Des voyous de la vieille école délaissent leurs méthodes traditionnelles de truands, devenues démodées, afin de se recycler dans les affaires et la politique. Ils se lancent dans de plus rentables kidnappings de stars du show-biz, diplomates et autres leaders suprêmes. Nos malfrats, grands amateurs de spaghettis, parcourent le monde en utilisant les contradictions de l’époque. Ils emportent le magot à chacune de leurs candides entreprises, élevant la maladresse au rang des beaux-arts, et deviennent les spécialistes de « la clarté dans la confusion ».
Marxistes tendance Groucho
Deuxième plus grand succès de la carrière de Claude Lelouch, L’Aventure c’est l’aventure est aussi devenu avec le temps une comédie référence pour toute une génération d’acteurs, fascinée par la liberté et l’énergie déversée par une bande des cinq aussi improbable qu’irrésistible. Une farce politique toujours aussi réjouissante 50 ans après.
Encore une fois, non Claude Lelouch n’a pas passé l’intégralité de sa carrière à filmer des gens qui se croisent et se retrouvent en faisant tourner la caméra dans tous les sens sur un air chanté à fond par Nicole Croisille. En plus de cinquante longs métrages, ce dernier a souvent expérimenté, fait bouger les lignes et les formes, quitte à se mettre à dos ses camarades d’une Nouvelle Vague qu’il n’a jamais vraiment compris. Justement né d’un repas avec ses paires s’enthousiasmant pour les bouleversements politiques et idéologiques, L’Aventure c’est l’aventure est au départ une grande farce sur son époque, se moquant ouvertement des revendications post Mai 68, des espoirs naïfs de certains et surtout de l’incongruité des soutiens aux mouvements armés et révolutionnaires pour préserver la paix et le respect de l’autre. Film réac ? Peut-être un peu. En tout cas l’aveux de quelqu’un qui se sent un peu à part devant ce déferlement de manifestations populaires et de grands discours, mais qui n’oublie cependant pas de faire plus que tout le « procès » de l’autre camp, pas beaucoup mieux loti. C’est d’ailleurs ainsi qu’il présenta le film à Lino Ventura, l’invitant à jouer le chef d’une bande de con. Cinq magouilleurs, truands, macros, braqueurs, trafiquants et rois du kidnapping décidant de passer au crime politique. Des gros cons de droite profitant des cons de gauche pour se faire encore plus de fric.
La Politique c’est du show Business
Belle époque et beau projet qui, comme parfois avec Claude Lelouch, ressemble effectivement bien souvent à une succession de scénettes plus ou moins écrites, plus ou moins improvisées, mélangeant allègrement les hommages au grand cinéma français mais les bousculant par une narration fragmentée plus moderne, quelque part entre Audiard et le décalage formel de Godard. Osé, irrévérencieux, ce qui ressemble parfois à un sacré film de pote en vacances peut avoir tendance à se perdre, mais l’alchimie éclatante qui nait de la rencontre à l’écran entre l’autorité Lino Ventura, le roublard Jacques Brel, le sérieux Charles Denner, le maladroit Charles Gérard et le souffre-douleur Aldo Maccione est absolument jouissive. Chacun garde son nom à l’écran, chacun joue sur son propre personnage déjà bien rodé, et tout le monde s’embarque dans une bonne humeur totalement communicative, enquillant les épisodes rocambolesques (le faux kidnapping du vrai Johnny Halliday, les vilaines tortures d’un pseudo Che Guevarra, le détournement non bilingue d’un avion…) et les dialogues invraisemblablement hilarants et inoubliables. « C’est parce que vous avez compris que vous n’avez rien compris que vous allez rester au-dessus de cette confusion et gagner beaucoup, beaucoup mais beaucoup de fric. » Ridicules, attachants, crétins et parfois plein de panache ces Pied nickelés de la truande tendance famille Dalton, seront même élevés dans un grand moment de real politic en super-héros de la révolution africaine, se lançant dans une suite de discours clichés ou incompréhensibles sous les houra de la foule.
L’un des grands moments de ce film tout en ironie et en second degré, avec bien entendu ce cours de démarche virile donné par Maccione sur une plage de sable blanc, imité par des potes encore moins élégants que lui. Au départ réticent à participer à la scène qu’il trouvait vraiment trop stupide, Ventura finira par rejoindre le mouvent sur un « c’est moi qui lui ai tout appris » culotté, ne voulant surtout pas rater ce moment mémorable avec toute la bande. Tout est dit.
Image
Nouvelle restauration de qualité pour un film de Claude Lelouch chez Metropolitan. Effectuée aux labos Eclair à partir d’un scan du négatif celle-ci assure une nouvelle fois une image d’une extrême propreté, débarrassée de la moindre imperfection tout en préservant le grain de pellicule, les reflets argentiques et plus généralement sa nature organique. Un gros travail a aussi été effectué sur la colorimétrie, se débarrassant enfin de sa légère fadeur ancienne pour retrouver toute son énergie et ses contrastes admirablement balancés. Parfait ou tout comme.
Son
Désormais disposée en DTS HD Master Audio 2.0 la version originale (française donc) assure un sacré rafraîchissement avec des dialogues bien mieux posés et plus dynamiques qu’autrefois. Aucune perdition ou déséquilibre à noter, les musiques du film et les trémolos d’Hallyday se découvrent même un coffre inédit.
Interactivité
Pour une édition estampillée 50eme anniversaire, on aurait pu espérer un documentaire rétrospectif ou au moins une nouvelle interview de Claude Lelouch. Dommage. Sur le bluray proprement dit on retrouve cependant l’excellente bande annonce d’époque restaurée et un reportage d’archive dans les coulisses de la scène du tribunal. Ventura et Brel répondent avec malice à quelques questions tandis que Lelouch bondit dans le décor caméra à la main.
Un peu juste certainement, mais heureusement l’éditeur a aussi eu la bonne idée de glisser dans le fourreau de l’édition un extrait de la revue Schnock qui consacra en 2015 un gros dossier au film. Au programme une interview passionnante du réalisateur par Bruce Toussaint, un portrait chaleureux d’Aldo Maccione, une courte rencontre avec Charles Gérard, un tableau mélangeant anecdotes et citations cultes et enfin une jolie évocation de la rencontre entre Brel et Maddly Bamy sur le tournage.
Liste des bonus
Un livret avec le dossier que la revue SCHNOCK avait consacré au film et entretien avec Claude Lelouch (56 pages), Images du tournage (8’), Bande-annonce restaurée.