LATE NIGHT WITH THE DEVIL
Australie, Etats-Unis, Emirats Arabes Unis – 2023
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Colin Cairnes, Cameron Cairnes
Acteurs : David Dastmalchian, Laura Gordon, Ian Bliss, Fayssal Bazzi, Ingris Torelli, Rhys Auteri…
Musique : Glenn Richards
Image : 1.77 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Durée : 93 minutes
Editeur : Wilde Side Video
Date de sortie : 18 septembre 2024
LE PITCH
Jack Delroy cherche désespérément le petit quelque chose qui manque à son émission de divertissement pour dépasser la concurrence. Le soir d’Halloween, les segments se succèdent et l’ambiance commence sérieusement à déraper sur le plateau, en plein direct.
Change pas de chaine !
C’est la dernière belle bête des festivals de cinéma fantastique et d’horreur, adoubée (comme beaucoup avant lui) par Stephen King en personne, assurée par quelques prix et des notes parfois mirobolantes sur de célèbres sites de cinéma. Un petit phénomène qui parle d’un autre, celui de l’Amérique des 70’s, de sa télévision et de sa fascination pour l’occulte.
Une introduction met tout de suite le spectateur dans le bain, rappelant quelle était l’importance du grand présentateur Jack Delroy, son ascension, sa longévité, son Late Show, la mort de son épouse, mais aussi quelques mystères qui l’entouraient comme son appartenance possible à une étrange organisation occulte d’élite. Un montage, avec grosse voix of façon Massacre à la tronçonneuse, qui amène enfin à l’introduction du programme principal : son ultime émission, jamais rediffusée et longtemps disparue, durant laquelle tout aurait dérapé. Late Night with The Devil est donc bien un film found footage, jouant constamment sur une reconstitution particulièrement réussie des plateaux de télévision des années 70, de son humour daté à son esthétique trop orangée, et donc reposant sur un réseau très limité de caméra et un montage simple et propre. Un théâtre moderne qui d’un talkshow plutôt basique, plein de bienveillance et de condescendance, se transforme progressivement un soir d’Halloween en grand guignol avec un mentaliste qui se met à éructer des gerbes noires sur la scène, des installations électriques qui sautent ou explosent et bien entendu une tentative de contact avec un démon prisonnier dans le corps d’une jeune fille qui tourne au carnage. Et comme le tout se fait sous le regard d’un chasseur de charlatan, il n’est pas non plus interdit de douter régulièrement de la véracité des évènements…
Main basse sur la télévision
Empreint d’un certain réalisme, avec d’ailleurs de nombreuses allusions à quelques figures de l’ésotérisme de l’époque et une identité bien ciblée entre L’Exorciste de William Friedkin et le Network de Sidney Lumet, le troisième film des frères Cairnes (100 Bloody Acres et Scare Campaign) s’avère effectivement extrêmement malin dans son accaparement et son exploration du dispositif faussement « en direct » où les réactions du public, la nervosité ou la gêne des invités du plateau et les apparitions du plus en plus spectaculaires font inévitablement monter la pression. Marié à une ironie très noire et à une charge en règle des dérives de la petite lucarne et ses glissements vers la télévision poubelle si contemporaine (pactiser avec le diable pour préserver les chiffres d’audience), le film pousse sa logique jusqu’au bout, entre témoignage retrouvé, mise en scène généralisée et hommages peu dissimulés, dans un final qui brouille joyeusement la frontière entre les réalités et les médias. Dommage d’ailleurs que cet aspect ait été quelque peu défloré par les scènes montrant les coulisses de l’émission entre deux coupures pubs. Ne faisant pas vraiment avancer le propos, elles sont surtout filmées avec une mise en scène plus mobile et une image noir et blanc qui font inévitablement sortir du trompe l’œil principal. Dommage, jouer sur l’attente et l’observation lointaine de ces mêmes scènes, perçues alors que par bribes, aurait certainement été beaucoup plus efficace et évocateur.
Late Night with the Devil n’est pas forcément le nouveau chef d’œuvre du cinéma d’horreur comme annoncé un peu trop rapidement par certain. Malin, certainement, original, en partie, porté par un casting des plus convaincants et quelques très bons moments de tension, il promet en effet une excellente soirée… avec le diable ou pas. A vous de voir.
Image
Comme tout film jouant la carte du found footage, Late Night With The Devil ne cherche pas forcément la performance technique et la précision à tout prix. Les scènes filmées par les caméras de télévision (la grande majorité du film donc) sont habillées par de nombreux filtres numériques qui en rapprochent le grain et le pixel des vieilles sensations cathodiques des 70’s. C’est donc toujours un peu baveux, souvent flou, parsemé de grésillements et de scratch digitaux, mais c’est toujours assez bien fait, maintenant les teintes et la cohésion esthétique. Preuve que le disque HD n’a rien à se reprocher, les scènes de coulisses, en noir et blanc, et surtout certains segments du final montrent bien une qualité d’image nettement plus fine, au piqué bien marqué et à la définition pointue.
Son
Là aussi, le choix est difficile entre restituer les sobres effets frontaux de la télévision ou s’efforcer de démultiplier les sensations horrifiques en développant sans vergogne le dynamisme du DTS HD Master Audio 5.1. Le métrage ne choisit pas tout à fait et reste assez logiquement dans un entre-deux plutôt convaincant. Les sorties sonores sont à bon escient et plutôt discrètes avec surtout quelques ambiances à l’enveloppement minutieux et progressif. Efficace.
Interactivité
La section bonus propose une longue série d’interviews des acteurs principaux du film, et pour faire original, elles sont conçues sous la forme d’entretiens sur le plateau de l’émission de Jack Delroy avec un David Dastmalchian toujours dans son rôle en guise d’hôte. Une idée plutôt amusante, mais qui n’apporte pas grande chose dans le fond, enchainant les petites discussions sur le métier d’acteur, les personnages du film et les films d’horreur entre deux private joke de l’équipe. Une rencontre plus classique avec les réalisateurs et quelques images du vrai tournage auraient été appréciables.
Liste des bonus
Interviews des invités par Jack Delroy (63’).