LAST ACTION HERO
Etats-Unis – 1993
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Action
Réalisateur : John McTiernan
Acteurs : Arnold Schwarzenegger, Austin O’Brien, F. Murray Abraham, Art Carney, Charles Dance, Frank McRae, Tom Noonan…
Musique : Michael Kamen
Durée : 130 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Dolby Atmos et True HD 7.1 Anglais, DTS-HD Master Audio 5.1 Français, Allemand, Italien…
Sous-titres : Français, Anglais, Allemand, Italien…
Editeur : Sony Pictures Home Entertainment
Date de sortie : 16 juin 2021
LE PITCH
Lorsque le jeune Danny sèche les cours, c’est pour se rendre au cinéma et admirer les derniers exploits de Jack Slater, le plus grand héros du cinéma d’action. Un jour, le projectionniste lui offre un ticket magique qui lui permet de traverser les écrans et de se joindre à son idole …
L’école des fans
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans (et les autres) ne peuvent pas connaître. 1993, Arnold Schwarzenegger règne sans partage sur le box-office mondial. Mais plus pour longtemps. Last Action Hero, son nouveau blockbuster estival et précédé d’une campagne publicitaire maousse, est sur le point de se faire dévorer tout cru par les dinosaures de tonton Spielberg et d’I.L.M. Destin relativement injuste pour ce drôle de conte de fée, explosif et cérébral, réalisé par notre McT bien aimé.
En un sens, l’échec sur grand écran de Last Action Hero en rappelle un autre, celui des Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin. Bien sûr, les facéties d’un calendrier mal préparé n’y sont pas pour rien et le succès du spectacle inédit proposé par Jurassic Park était suffisamment prévisible pour que les éxécutifs de la Columbia évitent de s’y confronter tête baissée. Mais le film de John McTiernan, à l’image de la fantaisie flamboyante de John Carpenter, aura surtout souffert d’un malentendu, d’une incompréhension entre les intentions des auteurs et les attentes du public. Film d’action ou comédie ? Film pour les adultes ou pour les enfants ? Déconstruction ou glorification du mythe Schwarzy ? Soutenu par une star en fin de compte très portée sur l’autodérision, McTiernan signe un film qui manie le premier et le second degré avec virtuosité et gourmandise. On imagine sans peine le casse-tête pour un département marketing accro à la sur-simplification. Ajoutez à la recette des réécritures innombrables du scénario (pilotées par un certain Shane Black), une postproduction inachevée et un budget inflationniste et vous obtenez une œuvre qui ne peut s’apprécier pleinement qu’avec le confort du recul. Comme en atteste d’ailleurs son succès jamais démenti en vidéo (il n’aura fallu que quelques jours pour que les stocks de la toute dernière édition en steelbook 4k soient épuisés) et son ascension au titre de film-culte. Toutefois, et votre humble serviteur peut en attester personnellement, la clé pour tomber amoureux de Last Action Hero, c’est de se retrouver dans le même état d’esprit que son jeune protagoniste, Danny Madigan (excellent Austin O’Brien), aux portes de l’adolescence, solitaire, une cinéphilie en pleine éclosion et forgée par un cinéma populaire hollywoodien où les flingues, les explosions, les pains dans la gueule et les bons mots sont rois.
à travers le miroir
Pour avoir redéfini le cinéma d’action américain au cours des années 80 avec les deux opus majeurs que sont Predator et Die Hard, John McTiernan était bien évidemment le candidat idéal pour tenir les rênes de Last Action Hero. Et pour le cinéaste aujourd’hui déchu (reviendra-t-il un jour derrière une caméra ?), l’ironie est toujours allée de pair avec une mise en image sophistiquée et vertigineuse, la science du cadre épousant comme rarement le mouvement d’appareil. Dans Predator, il lui suffisait d’une scène incroyablement jouissive pour souligner l’inefficacité de la puissance de feu du commando mené par Schwarzy face au chasseur extra-terrestre … tout en transfomant un déluge de plomb et de pyrotechnie en pure geste pornographique, jouant de l’accélération des champs contre champs et de cadres de plus en plus serrés. Dans Die Hard, la présence d’un Bruce Willis à la désinvolture marquée par des déplacements le plus souvent en diagonal permettait au cinéaste de « pirater » la machinerie opératique d’un Hans Gruber très guindé et comme échappé d’une aventure de James Bond. McTiernan aime bousculer les codes et Last Action Hero ne fait pas exception à la règle.
L’usage extensif et même exclusif de lentilles anamorphiques capture bien mieux que n’importe quel effet spécial la grandiloquence du monde dans lequel évolue Jack Slater. Pour l’opposer au monde réel de Danny Madigan, le cinéaste use de la géographie et de la lumière, le soleil et l’horizontalité de Los Angeles face à la pluie et la verticalité de New York. Et un simple travelling circulaire opérant un changement d’axe permet d’acter le pouvoir du ticket d’Houdini. Même bousculée, même précipitée et remise en cause par le chaos en coulisse, la mise en scène de McTiernan demeure un modèle d’intelligence, la satire et la réflexion passant avant tout par l’image. Enfin, comment ne pas admirer la culture d’un homme capable de citer Bergman, Shakespeare et la mythologie grecque (le cinéma où Danny passe le plus clair de son temps se nomme Pandora) dans un gros gâteau méta et sucré arrosé de hard rock, de caméos luxueux (Sharon Stone, Tina Turner, Robert Patrick, Jean-Claude Van Damme !), de gags pouet-pouet et de citations en pagaille.
Exception faite d’un montage qui aurait sans doute gagné à être un tantinet resserré (la première moitié se traîne parfois et certains personnages sont inutiles, à l’image du majordome à la Goldfinger), Last Action Hero n’a pas volé son titre de madeleine de Proust ultime des années 90, anticipant à la fois le déclin de la carrière du grand Arnold et le point de départ des expérimentations de plus en plus radicales de John McTiernan. Big mistake ?
Image
Ni le DVD, ni le bluray n’étaient parvenus à retranscrire, ne serait-ce qu’un tout petit peu, l’expérience vécue sur grand écran. Une frustration qui prend fin avec cette copie 4K de toute beauté, propre comme un sou neuf et au grain chatoyant. Les couleurs retrouvent leur éclat d’antan et le soin apporté à la lumière se révèle conforme aux surexpositions et aux contre-jours voulus par McT. 28 ans après sa sortie, Last Action Hero brille de mille feux. Il était temps.
Son
Les punchlines sont cultes, le doublage est une réussite. Mais la version française, pourtant sacrément musclée, ne fait pas le poids face à un Dolby Atmos explosif, à la fois vertical et panoramique, aux effets parfaitement découpés.
Interactivité
La voix rauque et les propos mesurés de John McTiernan habillent un commentaire audio en forme d’auto-analyse. Le cinéaste ne masque pas ses regrets et s’excuse souvent. Parfois un peu trop, d’ailleurs. Bien qu’essentiel, ce supplément très attendu laisse un drôle de goût en bouche. Il en va de même pour les scènes coupées et la fin alternative, étalonnées mais non mixées, et qui apportaient davantage de sérieux à une intrigue le plus souvent extravagante. Avec sa sensibilité à fleur de peau, le dernier plan un temps envisagé jouait à la fois sur la thématique du conte de fée tout en replaçant les relations entre le jeune Danny et sa mère dans un contexte enfin apaisé. Des archives précieuses et inédites auxquelles viennent s’ajouter un making-of promo d’époque et le clip forcément électrique d’AC/DC pour le titre « Big Gun » où Arnie s’amuse à enfiler la défroque d’écolier facétieux et rock n’roll d’Angus Young. Hell yeah !
Liste des bonus
Commentaire audio du réalisateur (VOST), 5 scènes coupées, Fin alternative, Featurette, Clip musical, Bande-annonce.