L’APPEL DE LA FORÊT (1972)
The Call of the Wild – Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Espagne, Norvège – 1972
Support : Bluray & DVD
Genre : Aventures
Réalisateur : Ken Annakin
Acteurs : Charlton Heston, Michèle Mercier, Raimund Harmstorf, George Eastman, Maria Rohm, Juan Luis Gallardo…
Musique : Carlo Rustichelli
Durée : 105 minutes
Image : 1.33 16/9
Son : Français & Anglais DTS HD Master Audio 2.0 Mono
Sous-titres : Français
Editeur : Rimini Editions
Date de sortie : 20 mai 2021
LE PITCH
L’Alaska, vers la fin du XIXème siècle. La fièvre de l’or et les difficultés à se déplacer dans le Grand Nord ont rendu les chiens de traîneau indispensables. Simple chien de compagnie en Californie, Buck est enlevé à ses maîtres, maltraité puis revendu à des prospecteurs. Il va maintenant devoir apprendre à survivre dans des conditions extrêmes …
L’Aventure avec un grand Z
Charlton Heston ne s’en est jamais caché : la fierté est loin d’être le premier sentiment à lui venir à l’esprit lorsque l’on évoque sa participation à L’appel de la forêt version Ken Annakin. La star de Ben-Hur juge même le résultat honteux, appelant les spectateurs à passer leur chemin fissa. Un constat sévère mais juste tant cette adaptation du célèbre roman de Jack London, totalement impropre à la consommation, flirte avec le Z faisandé.
Il existe en ce bas monde deux catégories de nanars. Il y a d’abord les nanars rigolos, ces films dont on se moque mais que l’on prend aussi en affection, touchés que nous sommes par le mélange de maladresse, de bêtise et de sincérité. Bien malgré lui, un nanar dit « rigolo » dégage du charme. On pourrait citer Plan 9 From Outer Space, joyau fauché réalisé par un Ed Wood azimuté, ou encore Virus Cannibale, invasion de zombie involontairement drôle où l’on peut admirer un soldat en tutu rendre un hommage tout à fait personnel à Chantons sous la pluie.
Et puis, il y a les nanars qui énervent, ceux qui donnent envie de casser sa télé ou de sortir en hurlant d’une salle de cinéma. Bien souvent, il s’agit de nanars fortunés mais dénués du moindre respect pour l’art en général et le public en particulier, des films sans personnalité, sans saveur et dont le seul talent est de générer de la frustration et de l’agacement. Là, les exemples se bousculent au portillon. Roland Emmerich et Brett Ratner sont même devenus des « maîtres » en la matière, mais ils ne sont pas les seuls (oui, Rob Cohen, ne fais pas semblant de ne pas avoir entendu).
Avec son pedigree prestigieux, ses décors naturels, son casting pas dégueu et un monument de la littérature d’aventure comme point de départ, L’appel de la forêt de Ken Annakin avait toutes les cartes en main pour se tenir aussi loin que possible du sceau infamant du nanar. Il s’y vautre pourtant sans retenue. Et devinez dans quelle catégorie il a choisi de poser ses valises ? Oui, la deuxième. Attention, ça pique.
Rintintin part en couilles
Aventurier, globe-trotter, pompier, aviateur, documentariste, cinéaste appliqué et mercenaire pour Walt Disney (Robin des Bois et ses Joyeux Compagnons, Les Robinsons des Mers du Sud) et Darryl F. Zanuck et la Fox (des portions du Jour le plus long et le cultissime Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines), le britannique Ken Annakin semblait pourtant taillé sur mesure pour s’attaquer à une nouvelle adaptation de « Call of the Wild », plus de 35 ans après celle mettant en scène Clark Gable. Les animaux, la Nature (avec un N majuscule), l’héroïsme, l’humour, le drame, le grand spectacle familial et la reconstitution historique sont même les composantes majeures de l’œuvre d’un réalisateur respectueux et incroyablement professionnel. Un artisan, un vrai, et l’auteur d’une fabuleuse autobiographie, lecture indispensable pour tous les cinéastes en herbe : « So you wanna be a director ? » littéralement, « Alors comme ça, on veut devenir réalisateur ? »).
Dès les premières images de L’appel de la forêt, le désastre est sans appel. Sans la moindre considération pour la thématique principale de son histoire (le lent glissement d’une créature domestiquée et civilisée vers la sauvagerie et les instincts de ses lointains ancêtres), Annakin commence par la fin, avec une meute de loups chassant l’élan dans des paysages enneigés, une meute menée par Buck, non pas un loup mais un chien. Faux raccords, montage à la ramasse, cadrages sans la moindre ampleur ou majesté (mais pourquoi le 1.33?), insertion foireuse de stock-shots et score ringard abusant à ce point du theremin que l’on s’attend à voir atterrir une soucoupe volante. Et le retour à une narration linéaire n’améliorera en rien les choses. On s’ennuie, c’est extrêmement mal joué (Heston serre les dents et Michèle Mercier regarde dans le vide) et la complaisance inexplicable vis-à-vis de la violence infligée à Buck et à tous les autres animaux est carrément détestable. Ken Annakin a-t-il seulement réalisé ce machin ? Une paire de plans crépusculaires réussis et une amorce de scène prometteuse (la rencontre entre Buck et la louve) semblent en attester, malheureusement.
Quitte à s’intéresser à une adaptation de Jack London s’éloignant du classicisme hollywoodien, mieux vaut aller chercher du côté du Croc-Blanc de Lucio Fulci, imparfait mais autrement plus recommandable.
Image
Quelques accrocs de pellicule ont survécu à une restauration de fort belle tenue, avec des couleurs chaleureuses, des blancs immaculés et une définition aussi robuste qu’un trappeur expérimenté. Rimini n’en a donc pas fini de soigner les amateurs de grande aventure.
Son
Peu ou pas de dynamisme et une saturation occasionnelle lorsque les compositions casse bonbons de Carlo Rustichelli s’emballent au-delà du raisonnable. Rien de rédhibitoire en soi, qu’il s’agisse du mixage original ou du doublage français aux voix un chouia plus prononcées.
Interactivité
Trop enthousiaste pour son propre bien, Jack Demange, critique pour la revue Positif, développe des arguments souvent périphériques pour justifier de sa sympathie pour le film de Ken Annakin. Informatif, à défaut d’être totalement convaincant.
Liste des bonus
Présentation du film par Jack Demange (15 minutes).