LANKY, L’HOMME À LA CARABINE
Per il gusto di uccidere – Italie, Espagne – 1966
Support : Bluray
Genre : Western
Réalisateur : Tonino Valerii
Acteurs : Craig Hill, Jorge Martin, Rada Rassimov, Fernando Sancho, Piero Lulli…
Musique : Nico Fidenco
Photographie : Stelvio Massi
Durée : 88 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Italien DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Frenezy Editions
Date de sortie : 29 mai 2024
LE PITCH
Après avoir affronté la bande de hors-la-loi menée par Sanchez, le chasseur de primes Lanky Fellow est engagé par un riche propriétaire de mines pour escorter un transport d’or. Gus Kennebeck, l’ennemi juré de Lanky, a bien l’intention de s’en emparer…
Exhumation d’une rareté
Longtemps resté dans les tréfonds, voire les oubliettes du western italien au point d’avoir une réputation de film introuvable, ce premier film signé Tonino Valerii aura vraiment suscité beaucoup de fantasmes auprès des cinéphiles, des fans les plus acharnés du western italien, si peu peuvent se vanter de l’avoir vu, c’est parce que le film avait très vite disparu des écrans radars après sa sortie dans les salles. Dire que cette sortie Bluray chez Frenezy est inespéré est donc un euphémisme.
Suite au succès surprise de Pour une poignée de dollars de Sergio Leone, l’Italie allait devenir le nouvel eldorado pour le western. Pour la majorité, ce seront des westerns aux scénarios très vite pondus, avec toujours le même thème, celui de la vengeance, excepté les trois Sergio, Duccio Tessari , Mario Caiano, il faudra attendre 1966 pour découvrir de vrais talents derrière la caméra ou des réalisateurs intéressants… Et c’est justement durant cette période que Tonino Valerii, après avoir été assistant réalisateur pour Sergio Leone sur Pour une poignée de dollars et sa suite, décide de prendre son envol, de passer derrière la caméra, et si sur le plan technique, le film est irréprochable, où l’influence leonienne plane pratiquement tout le long… le scénario, lui, l’est beaucoup moins.
Pour ses premiers pas derrière la caméra, Valerii ne cherche guère à innover en nous livrant un film au scénario, co-écrit avec Victor Auz, qui ne dépareille pas des petits westerns pondus à la va-vite. Valerii repique quelques plans à Et pour quelques dollars de plus pour les reproduire quasi à l’identique et l’histoire reprend grosso modo les grandes lignes de Pour une poignée de dollars, ou Un Pistolet pour Ringo… Avec un rythme quand même relativement faiblard soit, mais qui ne l’empêche pas de rester suffisamment intéressant et distrayant à suivre. On peut supposer que Valerii avait besoin d’une sorte de tour de chauffe avant de passer à des projets beaucoup plus ambitieux et personnels sur le plan scénaristique … En tout cas dans Lanky, il est assez difficile d’y déceler la patte de Valerii, de ce qui fera la réussite principale de ses trois futurs westerns. Des personnages beaucoup plus fouillés et travaillés, une superbe approche psychologique… Ici Valerii se contente de faire dans le cliché facile et sans nuance.
Timides mais pas que.
Dans le rôle principal, Craig Hill ne dégage aucun charisme avec son visage encore trop poupon à l’époque, surtout comparé aux grandes stars du genre de l’époque (Giuliano Gemma, Franco Nero…), on peut dire qu’il fait pâle figure. Il est sympathique, caricatural avec son visage encore trop poupon et surtout on sent, comme Valerii, qu’il cherche ses marques. Le film bénéficie cependant d’une très belle galerie de gueules burinées parmi les seconds rôles, des acteurs habitués du genre qui n’ont plus leurs preuves à faire. À commencer par l’inénarrable et truculent Fernando Sancho (Colorado, Sartana…) qui trouve ici, comme d’habitude, un rôle sur mesure, tout comme Piero Lulli (Opération peur, Mon nom est personne…), tout aussi excellent, sans oublier la très belle Rada Rassimov qui apparait la même année dans le mythique Le Bon, la brute et le truand… Mais celui qui remporte définitivement le morceau c’est Jorge Martin (Un Pistolet pour Ringo et sa suite) en antagoniste qu’on aime détester. Certes, on a l’impression qu’il force légèrement son jeu, mais il s’avère impeccable en arborant un regard cruel et vicelard.
Autre réussite de cette modeste et banale histoire, c’est évidemment sur le plan technique. Entouré d’une solide équipe, Tonino Valerii assure en livrant des plans juste parfaits, le chef-op Stelvio Massi nous gratifie de superbes et somptueux plans larges. Idem pour les gros plans, on sent que Valerii est allé à la bonne école en bossant auprès de Leone. D’ailleurs, on retrouve Carlo Simi en tant chef décorateur, et là aussi c’est réussi, et allié à la photographie de Massi, on peut apprécier moult détails (notamment la winchester sous le comptoir de la banque habilement accrochée) … L’association Valerii / Massi / Simi fonctionne à merveille sur le plan esthétique.
Au final, Lanky, L’homme à la carabine ne dépareille pas beaucoup des petits westerns italiens où le manque d’inspiration était flagrant à tous les niveaux, sauf qu’ici, le film bénéficie d’une très belle esthétique, visuelle et technique, ce qui permet tout de même de passer un bon petit moment. Valerii n’avait visiblement comme but de livrer un divertissement sans prétention, et c’est sous cet angle là qu’il faut aborder le film, où la forme est privilégiée par rapport au fond, très léger. Mais, bien que finalement mineur dans la filmographie de Tonino Valerii, ce premier western mérite amplement d’être découvert ou redécouvert, c’est selon.
Image
Restaurée à partir d’un master 2K issu du négatif original, l’image est resplendissante, elle affiche une définition solide à la colorimétrie parfaite tout en préservant le grain argentique. C’est un véritable sans faute, un vrai travail d’orfèvre et une première mondiale.
Son
La piste audio italienne affiche une très belle clarté, avec un DTS HD Master Audio qui gomme efficacement les années et les petits signes de vieillesse. Là non plus, aucun défaut à déplorer.
Interactivité
L’éditeur nous propose malheureusement une section bonus très limitée avec essentiellement un assez court entretien avec Jean-François Giré qui a gardé un bon souvenir du film. Nous avons droit aussi à un diaporama ainsi qu’une bande annonce restaurée du film.
Liste des bonus
Entretien avec Jean-François Giré (12’), Diaporama, Bande Annonce.