L’ANGE ET LE MAUVAIS GARÇON
Angel And The Bad Man – Etats-Unis – 1946
Support : Bluray & DVD
Genre : Western
Réalisateur : James Edward Grant
Acteurs : John Wayne, Gail Russell, Harry Carey, Bruce Cabot, Irene Rich, Lee Dixon, …
Musique : Richard Hageman
Durée : 99 minutes
Image : 1.37 16/9
Son : Français & Anglais Mono DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Éléphant Films
Date de sortie : 15 mars 2022
LE PITCH
Pistolero redouté, Quirt Evans est grièvement blessé lors d’une poursuite. Il est recueilli et soigné par une famille de Quakers, les Worth. Penelope, la fille aînée, va immédiatement tomber amoureuse de Quirt, …
Une bible et un fusil
Rare exemple de western prêchant la non-violence, la bonté et l’amour, L’ange et le mauvais garçon entraîne un John Wayne toujours aussi nonchalant et habile à la gâchette sur la voie de la rédemption pour les beaux yeux de Gail Russell. Plaisant et joliment interprété.
Duels pour l’honneur, vengeances épiques, attaques de banques et de diligences ou encore guerres contre les indiens : le carburant du western, c’est la violence. Indissociable du Colt Pacificateur ou de la carabine Winchester modèle 1873, le mythe de la conquête de l’Ouest Américain s’est forgé l’arme au poing, offrant à des hors-la-loi et à des assassins (et parfois à des hommes de loi) des notoriétés de rock star. Traversant à toute allure les plaines iconiques de Monument Valley pour échapper aux hommes de main de son rival Laredo Stevens (Bruce Cabot), Quirt Evans incarne à lui seul la quintessence du héros de western. Associé fictif du légendaire Wyatt Earp dans sa bataille contre le clan des frères Clanton, pistolero redouté et bandit de grand chemin dont la famille fut massacrée par des indiens, Evans laisse sa marque partout où il passe, soulevant un nuage de poussière où se mêlent des odeurs de plomb et de whysky frelaté. Un rôle taillé sur mesure pour l’imposant John Wayne, égal à lui-même, macho jusqu’au bout des ongles. Et c’est avec une balle dans le buffet qu’il s’effondre finalement devant la ferme de la famille Worth, membres d’une communauté religieuse où l’altruisme, la fraternité et le dévouement vont de pair avec le refus inconditionnel de se servir d’une arme à feu.
L’ange du titre, c’est Gail Russell, brune naïve et courageuse dont la rencontre avec Quirt Evans se solde par un coup de foudre immédiat. Elle soigne ses blessures, le remet sur pied, ne lui fait pas le moindre reproche sur son mode de vie et ses amours passés et lui fait la promesse sincère de le suivre d’un bout à l’autre du pays s’il accepte de l’épouser. Une force de caractère et un regard de braise qui vont finir par venir à bout de la carapace endurcie de l’aventurier et le convaincre d’abandonner la violence pour embrasser une vie de fermier, simple, noble et honnête.
Les voies du Seigneur sont impénétrables
L’ange et le mauvais garçon est une production John Wayne, signe de la liberté accordée par les petits studios de Republic Pictures à la star qu’ils désirent garder sous contrat à tout prix. Dans le fauteuil de réalisateur, Wayne installe son ami et scénariste James Edward Grant pour le seconder. Il ne faut pas se leurrer, Grant est entièrement au service du Duke pour qui il signera plus tard les scripts de Iwo Jima, Big Jim McLain, Hondo, Alamo et Les Comancheros, entres autres. Il lui offre une histoire simple, un peu désuète dans sa structure très prévisible et mécanique en trois actes mais diablement efficace. On croit sans trop se poser de questions à cette histoire d’amour et de rédemption, où l’humour et une bonne dose d’action viennent à la rescousse dès que la pilule semble un peu trop dure à avaler ou que le public menace de s’endormir, les paupières de plus en plus lourdes sous le poids des sermons de la famille Worth. La mise en images est fonctionnelle mais on sent bien que Wayne a déjà retenu certaines des leçons de ses collaborations avec John Ford, Raoul Walsh ou Cecil B. DeMille.
L’alchimie entre John Wayne et Gail Russell n’est pas forcément évidente mais le charme déployé par la jolie brune permet au duo de fonctionner. Et ils peuvent aussi compter sur les seconds rôles qui leur viennent régulièrement en aide, en particulier les indispensables Harry Carey (un marshal vieillissant qui garde une corde de côté pour le jour où il pourra pendre Quirt Evans), Paul Hurst (un médecin farouchement athéïste) et Olin Howland (en opérateur de télégraphe couard et mythomane). Histoire de ne pas tromper le spectateur sur la marchandise et de livrer un western en bonne et due forme, Wayne et Grant laissent tomber les roucoulades pour livrer en milieu de métrage une cavalcade spectaculaire au milieu d’un troupeau de bovins en pleine panique et une bagarre burlesque dans un saloon.
Rafraîchissant par son approche à contre-pied des valeurs virilistes du western et divertissant quand il le faut, L’Ange et le mauvais garçon rejoint avec panache la face B de la filmographie prestigieuse du Duke.
Image
Tombé dans le domaine public 28 ans après sa sortie, L’ange et le mauvais garçon a connu une colorisation pour son passage à la télé dans les années 70 mais Elephant Films propose de revenir aux fondamentaux avec une copie en noir et blanc parfois abîmée (points blancs, accrocs et sautes d’image) mais tout de même très correcte et dans la bonne moyenne des standards de la haute-définition.
Son
Il va falloir éviter de pousser le volume car le mixage en faux 2.0 à vite tendance à saturer. La piste musicale, lointaine et monotone, s’efface pour laisser le champ libre à des dialogues parfaitement intelligibles.
Interactivité
Pertinente, passionnante et parfaitement référencée, l’analyse du film par le journaliste Nachiketas Wignesan vaut son pesant de cacahuètes et offre un regard enthousiaste sur une œuvre qu’il est pourtant convenue de considérer comme mineure. Petit regret : le passage sous silence du remake télé de 2009 avec Lou Diamond Philips et Luke Perry.
Liste des bonus
Le film par Nachitekas Wignesan (25 minutes) / Bandes annonce.