L’ÂME SŒUR
Höhenfeuer – Suisse – 1985
Support : Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Fredi M. Murer
Acteurs : Thomas Nock, Johanna Lier, Dorothea Moritz, Rolf Illig, Tlli Breidenback…
Musique : Mario Beretta
Image : 1.66 16/9
Son : Suisse-Allemand DTS HD Master Audio 5.1 et 1.0
Sous-titres : Français
Durée : 119 minutes
Éditeur : Carlotta Films
Date de sortie : 16 janvier 2024
LE PITCH
Un adolescent sourd-muet et sa sœur vivent avec leurs parents dans une ferme isolée quelque part dans les Alpes. Entre les deux enfants s’installe une grande tendresse. Elle apprend à son frère à lire, à écrire et à compter. Tous deux, isolés du monde, vivent dans leurs rêves. Dans un moment de révolte, le jeune garçon décide d’aller vivre dans la montagne aride. Une nuit, sa sœur le rejoint : ils deviennent amants. Quelques temps après, elle s’aperçoit qu’elle est enceinte. La colère de leur père provoque le drame…
La montagne bleue
Grand Prix de l’UCC (Union de la critique de cinéma) et Léopard d’or à Locarno en 1985, L’Âme sœur est resté un film assez discret passant un peu sous les radars du public lors de sa première sortie en France. Un drame rural où la majesté des paysages naturels fait éclore des sentiments sauvages.
Il est frappant de voir que l’action du film se situe bel et bien en 1984, au cœur de la décennie la plus excessive du monde occidental, de la musique new wave, du fluo, du blingbling et de la course à une modernité synonyme de réussite. Comme à des années-lumière de là, dans une montagne suisse (en l’occurrence les Alpes uranaises), vit une famille quasiment recluse sur sa propriété. On observe bien les voisinss du versant d’en face avec des jumelles, on commande quelques produits exotiques (vêtements, gâteaux…) par la poste et on descend très brièvement en ville pour l’enterrement d’une connaissance, mais l’essentiel de la vie se tient là sur ce lopin de terre transmis de génération en génération où l’on fait pousser quelques céréales et où on élève les cochons. Une vie particulièrement aride, répétitive, sans fantaisie entre un père qui ne célèbre que la vie rude et une mère fragile et effacée, Belli (qui aurait voulu devenir institutrice) et le Boueb, jeune garçon sourd et muet, sont élevés comme frère et sœur. Mais l’ennui, la nature, la proximité et une innocence bien loin des codes de la civilisation va faire naitre une tendresse de plus en plus charnelle entre eux deux.
Eden lointain
Une étreinte partagée alors que Le Boueb s’était une nouvelle fois enfui dans les cimes, une grossesse, et le crime initial, celui du parfum défendu et d’une certaine façon de l’inceste, fait s’étioler l’ordre et le fragile équilibre familial. Filmé aux lisières du témoignage documentaire, d’un réalisme bressonnien, mais constamment avec une force sourde, terrienne, L’âme sœur décrit la tribu, le cercle autarcique comme un microcosme écrasant où le carcan parental ne peut jamais totalement éteindre les flammes de la jeunesse, qu’elles soient un besoin d’évasion ou d’explorations sensuelles. Incarné dans une superbe photographie minérale, faisant constamment contraster la luminosité presque aveuglante des journées ensoleillées et les intérieurs de la demeure comme éclairés à la bougie, le film marque par ses compositions toujours inspirées, délicates et la célébration naturaliste de paysages pastoraux à couper le souffle. Il marque aussi par sa volonté de constamment rester calqué sur le rythme laborieux et lourd du quotidien des personnages, jamais très loin d’un cinéma vérité lancinant, témoignant de la dureté de la survie agraire où les sentiments ne s’expriment jamais ouvertement, et où le travail physique est la seule valeur qui tienne.
Un film contemplatif, plastiquement impressionnant, pertinent dans sa mise en forme d’une fable païenne, ante-biblique, mais qui, il faut l’avouer peut s’avérer assez hermétique dans son refus de toute forme de véritable libération passionnelle.
Image
Le film profite d’une toute récente restauration en 2K. Pas beaucoup plus d’information précise, mais le retour à la source semble évident tant l’image se montre particulièrement propre et stable et surtout respecte avec beaucoup de soin l’esthétique minérale du film, sa large profondeur, ses fortes matières et son grain organique. Les couleurs sont chaudes et élégamment contrastées, et les jeux sur les clairs obscurs, les faibles luminosités intérieures sont impeccablement rendues. Très beau.
Son
Le film est proposé dans sa version originale suisse-allemande avec un mixage DTS HD Master Audio 1.0 forcément très centré, mais net et clair et bien équilibré, mais aussi un légèrement plus ample DTS HD Master Audio 5.1 qui sans en faire trop saupoudre le film de quelques effets spatiaux venant appuyer l’aspect naturaliste du film.
Liste des bonus
Bande-annonce.