LADY IN WHITE
Etats-Unis – 1988
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Frank LaLoggia
Acteurs : Lukas Haas, Len Cariou, Alex Rocco, Katherine Helmond, Jason Presson…
Musique : Frank LaLoggia
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 118 minutes
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 31 mars 2024
LE PITCH
Un auteur de romans d’épouvante établi à Los Angeles revient dans sa ville natale. Se recueillant sur deux tombes au cimetière, il se souvient… Willowpoint Falls, 1962. Victime d’une mauvaise blague d’Halloween, Frankie Scarlatti, 9 ans, écrivain en herbe, se retrouve enfermé dans le vestiaire de sa classe après les cours. Durant la nuit lui apparaît une fillette, Melissa Montgomery, dont il revit le meurtre survenu dix ans plus tôt. Peu après, revenu sur les lieux de son crime pour retrouver un indice compromettant, le tueur s’en prend au garçon qu’il laisse pour mort. Alors que le gardien de l’école, un Noir, est faussement accusé des meurtres, Frankie, aidé par Geno, son frère aîné, feront éclater la vérité.
Chair de poule
Les plus vieux l’avaient découvert au ciné et en vidéo (surtout) sous le titre crétin de Les Fantômes d’Halloween, puis le Lady in White de Frank LaLoggia (Fear no Evil) avait fini par disparaitre du paysage hexagonal. Injustice certainement pour ce film fantastique poétique, entre chronique familiale et épouvante.
Petite production indépendante sortie dans une relative indifférence (malgré quelques très bonnes critiques), Lady in White s’est forgé avec les années une jolie réputation. Celle d’un film hors des sentiers battus, d’une curiosité quelques-peu étrange et maladroite, mais investie d’une atmosphère très particulière. Souvent vendu comme un banal film d’horreur, avec une mise en avant des liens avec la légende urbaine de « la dame blanche », le film ne repose certainement pas sur de quelconques sensations fortes, mais bien sur le regard très personnel de son auteur Frank LaLoggia. Un réalisateur plus que rare (seulement trois films au compteur) qui s’embarquait là vers le récit presque autobiographique en s’inspirant fortement de ses propres souvenirs de jeunesse, de sa vie dans une petite bourgade américaine bucolique au sein d’une famille d’émigrés italiens et de son décalage certains par rapport à son frère ou à ses camarades de classe. Le fragile mais imaginatif Frankie Scarlatti (joué par le Lukas Haas de Witness) est donc une extension de lui-même et le point de vue principal d’un film qui se veut presque intégralement à hauteur d’enfant. Un peu à la manière des belles réussites de la Amblin ou du E.T. de Spielberg, Lady in White se laisse volontiers emporter par la naïveté enfantine de son protagoniste et surtout par sa propre vision du monde qui l’entoure et par son imaginaire.
Fantômes en fête
La photographie est colorée et nostalgique, les instants de classe sont joyeusement fantasmés, les disputes spectaculaires entre papy et mamy tournent à la comédie rocambolesque, et les zones d’ombres et la vieille maison abandonnée près de la falaise se teintent inévitablement d’une aura inquiétante et fantastique. Une chronique de l’enfance, un conte initiatique douçâtre et pourtant Lady in White est constamment hanté par un monde plus sombre et dangereux : celui des adultes, de la violence, de la monstruosité et de l’injustice. La petite bourgade est ainsi le théâtre d’une série de disparitions et de meurtres d’enfants auxquels vont être directement confronté Frankie, laissé pour mort, étranglé, mais aussi témoin de l’apparition du fantôme de l’une des jeunes victimes de l’assassin. Un basculement qui fait de lui un détective en bicyclette, constamment en danger, écartant autant les apparences trompeuses que les frontières du réel, pour découvrir par lui-même la dure réalité de la mort et de l’au-delà. Lady in White croise ainsi constamment les tonalités, alterne les séquences comiques, les moments tendres avec un réalisme tragique tout autant qu’un fantastique débridé fait de collages et de décors en studio dignes d’un conte de fée, avec tout autant de franche réussites visuelles que parfois de petites errances dans son rythme, dans la direction de certains second rôles (très théâtraux) ou justement dans l’adjonction d’élans opposés soulignés par une musique un peu lourde.
Frank LaLaloggia met clairement beaucoup de lui même dans le film, se livre sans retenue et expérimente avec ferveur les collages visuels et dramatiques, quitte à ce que le métrage perde un peu de sa tenue, de sa fermeté ou de son efficacité. Des faiblesses certes, mais qui n’entament certainement pas la sympathie que l’on peut avoir pour cette proposition aussi sincère qu’originale, parsemé de belles séquences lyriques et de petits instants volés à l’enfance perdue.
Image
Si en France le film avait quelque peu disparu des carnets depuis la VHS, Lady in White a connu quelques éditions DVD et Bluray aux USA dont la plus récente se fit chez Shout Factory. Le matériel du Chat qui fume provient de cette dernière et reprend donc la meilleure restauration existante du film, effectuée avec l’aval du réalisateur, pour un résultat très soigné, doté d’une définition plus que convaincante, un traitement généreux des couleurs et un maintien agréable des textures cinéma. La source initiale, parfois encombrée par les effets spéciaux optiques, semble tout de même avoir quelque peu souffert des années et le master dénote régulièrement de petites scories encore visibles et de fluctuations du grain (en particulier sur les plans composites justement). A noter que la version longue, constitué à l’aide d’un interpositif retrouvé il y a quelques années, laisse apparaitre des inserts bien plus abimés et au piqué moins solide.
Son
Ici seules les petites stéréos d’origines sont présentes, mais avec une restitution claire et sobre pour la version originale et un peu plus écrasée pour le doublage français (uniquement présent sur le montage cinéma). Les performances sont forcément modestes, mais néanmoins assez propres là aussi et très confortables.
Interactivité
Proposé sous la forme d’un digipack trois volets avec fourreau cartonné et design épuré, Lady in white nous est une édition double Bluray. C’est que celle-ci propose les trois montages existants du film. En priorité le Director’s Cut du film apparu pour la première fois en Laserdisc en 1997 et proposant le meilleur équilibre entre les aspects familiaux du film et les élans horrifiques, mais aussi le montage cinéma (plus court de 5 minutes) et un beaucoup plus récent « Director’s cut version longue ». Celui-ci fourmille de petites différences de montages, de plans et scènes légèrement plus longues, mais parfois au dépend, il faut l’avouer, du rythme et de la cohérence générale. Dans tous les cas les fans du film ne peuvent qu’être ravis.
L’édition propose aussi une introduction nostalgique du vétéran de la critique Christophe Lemaire se remémorant une grande époque du cinéma fantastique où celui-ci se déversait à profusion sur les écrans quitte à rendre la visibilité d’un film comme Lady in White un peu difficile.
Empruntés à l’édition US on retrouve aussi une bonne sélection de scènes coupées, rallongées ou inédites, dans des conditions un peu brutes et parfois sans le son, un court making of présenté par le réalisateur qui permet surtout d’observer quelques images des coulisses et surtout la bande annonce / court métrage montée par Frank LaLoggia dans le but de convaincre les financiers. Le casting y est très différent, les moyens sont encore plus limités, mais on y reconnait de nombreux plans reproduit tels quels dans le long métrage final, ainsi que des ambitions artistiques déjà très présentes.
Liste des bonus
Le film en versions longue (126’) et version cinéma (113’), « Souvenirs de Lady In White » par Christophe Lemaire (17’), Making of présenté par Frank LaLoggia (16’), Scènes coupées (36’), Court métrage promotionnel (7’), Bande-annonce.