Après Antoine et Cléopâtre qu’il réalisa en 1972, La Fièvre de l’or est la deuxième des trois réalisations de Charlton Heston (la troisième étant une adaptation pour la télévision cette fois-ci d’Un Homme pour l’éternité). Étonnant de voir dans ses choix de réalisation cette Fièvre de l’or qui paraît à mille lieues de ces drames à l’allure Shakespearienne qu’il affectionnait tant (et qui se ressent dans ses deux autres films en tant que metteur en scène). Étrange aussi de voir figurer cette société de production, pour ainsi dire inconnue, au générique du nom de Agamemnon Films. La réalité est finalement loin d’être aussi étonnante ou étrange puisque derrière tout cela se cache le nom de Fraser C. Heston, le fils de papa (et d’une maman aussi d’ailleurs). Si le nom de Fraser est surtout connu pour avoir réalisé l’adaptation du Bazaar de l’épouvante d’après l’œuvre de Stephen King, il a fait ses armes comme scénariste en 1980 sur la Fureur sauvage avec comme interprète principal (on vous le donne dans le mille) : Charlton Heston ! C’est sous l’égide de sa toute nouvelle société de production qu’il distribuera son second synopsis. De là à dire que l’origine de ce film serait comme un coup de pouce forcé du destin pour propulser le fiston sur le devant de la scène, il n’y a qu’un pas.

Folie contagieuse

Le film, même s’il faut avouer qu’il n’est pas une franche réussite, n’en est pas moins intéressant pour autant. A la recherche de son mari disparu, Andrea Spalding engage un pseudo aventurier pour le retrouver dans les territoires perdus canadiens. Ils tomberont sur le mystérieux Silas Mc Gee qui couve sa mine comme une poule ses poussins dans l’espoir d’y trouver de l’or depuis 30 ans.
Le film tourne autour de ces trois personnages et le casting pousse à la curiosité. Outre la tête d’affiche Charlton Heston qui n’apparaît qu’au bout d’une demi-heure en mode cabotin, nous retrouvons l’acteur Nick Mancuso qui s’illustrera dans nombre de série B et de téléfilms. Mais l’attrait principal est surtout la jeune Kim Basinger. Pas encore trente ans, elle trouve ici son deuxième rôle pour le grand écran avant d’enchaîner et de se faire réellement connaître avec l’officieux James Bond Jamais plus jamais. Si aucun ne crève l’écran ici, on se laisse embarquer par cette histoire qui mélange plutôt habillement les genres. De film aux allures d’aventures, le long-métrage bascule dans sa seconde partie vers le survival où la fameuse fièvre de l’or du titre s’emparera d’une bonne partie du casting atteint d’avarice confirmant l’adage « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » C’est dans cette partie que Charlton Heston réalisateur se montre le plus intéressant. Il arrive à distiller par moments un côté anxiogène et claustrophobe dans ce dédale minier où la sortie se cache dans des jeux d’ombres et de clair-obscurs. S’il n’évite pas les longueurs, Charlton Heston arrive suffisamment à captiver son public pour ne pas ennuyer. Loin d’être désagréable, cet inédit en support numérique nous offre un bon petit film d’aventures à l’ancienne aux allures mystiques où la divinité serait le métal doré. Et sur ce sujet, les mentalités ne sont pas près de changer.