LA CITE DE LA VIOLENCE

Città Violenta – Italie, France – 1970
Support : Bluray & DVD
Genre : Thriller, Policier
Réalisateur : Sergio Sollima
Acteurs : Telly Savalas, Michel Constantin, Charles Bronson, Umberto Orsini, Ray Saunders, Jill Ireland
Musique : Ennio Morricone
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titre : Français
Durée : 108 minutes
Distributeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 16 février 2023
LE PITCH
Tandis qu’il circule en voiture avec sa compagne Vanessa, le tueur à gages Jeff Heston tombe dans un piège. Blessé, il échoue en prison. Libéré, il ne poursuit désormais plus qu’un double objectif : se venger de ceux qui l’ont trahi et retrouver celle qu’il aime. Sa croisade sanglante débute à la Nouvelle Orléans où la mafia locale l’attend de pied ferme…
Balade pour un tueur
En pleine période européenne, Charles Bronson croise un Sergio Sollima en quête de renouvellement. A l’arrivé, une coproduction européenne presque entièrement tournée aux USA, et un film de gangsters étonnement mélancolique célébrant avec force le silence animal de son interprète.
Etabli aux cotés de ses collègues Leone et Corbbucci comme l’un des trois grands Sergio du western italien, Sollima a définitivement marqué le genre avec ses trois chefs d’œuvre que sont Colorado, Le Dernier Face à Face et Saludos, hombre. Mais le cinéaste a des envies d’ailleurs et trouve un certain écho dans un projet de coproduction franco-italienne qui devient La Cité de la violence. Un thriller à priori assez bateau, une simple histoire de rédemption, mais qui va lui permettre de s’exporter pour la première fois aux Etats-Unis. Obtenant l’autorisation de remanier intégralement le script, avec l’aide de Saura Scavoloni (Amour et mort dans le jardin des dieux, Ton vice est une chambre close dont moi seul ait la clé…) il va alors sérieusement le transformer, le déstructurer à l’aide de flashbacks, mais aussi lui insuffler une atmosphère beaucoup plus délétère, moins héroïque. Et que ce soit à la réécriture ou au montage, Sollima ne va aussi cesser de couper dans les dialogues, creuser la narration dans les silences et les regards. Une approche idéale pour Charles Bronson, pas encore tout à fait le héros bourrin que l’on connait, mais dont la présence animale, le visage buriné et surtout le charisme taiseux explose ici à chaque plan. Son regard froid et son refus du verbe semble contaminer la grammaire du film. Ainsi les dix premières minutes, sans aucune parole, apporte à une spectaculaire poursuite en voiture concoctée par Remi Julienne une sécheresse rare, tout autant qu’une étrange atmosphère de cauchemar éveillé qui s’avère des plus révélatrices sur la dynamique du film.
Aux coupables les mains pleines
Car si Jeff Heston est avare en parole, les autres eux ne semble cesser de vouloir le noyer sous un flot de paroles. Que ce soit son faux ami et avocat véreux interprété par Umberto Orsini (César et Rosali, Les Damnés…), le vieux mafieux mielleux au crane brillant de Telly Savalas ou le collègue Michel Constantin (devenu vrai alors frère de sang de Bronson) tueur filou aussi traitre que toxico, tous n’évoquent alors que tromperie, trahisons, mensonges et reflets d’un monde qui a perdu toute noblesse. Bronson est ici plus que jamais une figure esseulée, le dernier représentant d’un monde révolu (qui fait directement écho aux westerns) perdu dans cette modernité où la criminalité à pris la forme de consortiums industriels qui ont pignon sur rue. La Cité de la violence est donc le récit d’une mort annoncée, d’une lente agonie provoquée par une passion amoureuse pour une femme (Jill Ireland, la véritable épouse de Bronson) qui ne va cesser de le manœuvrer, de faire appel à ses désirs de chevalerie pour répondre à ses propres ambitions de pouvoir et de grandeur. Et que ce soit dans ses élans nerveux, son implacable tension ou son lyrisme sentimental, la partition inoubliable d’Ennio Morricone sait toujours rappeler le nihilisme prégnant par ses orchestrations faussement minimalisme. Mais même lui doit se taire lorsque Bronson achève sa vengeance par un double meurtre éclatant, aux airs de suicide, somptueusement réalisé, où seul le bruit des balles percutent la bande sonore.
Trop souvent déconsidéré aussi bien du coté de la filmo de Sollima que de celle de Bronson, La Cité de la violence est une élégante réussite, soignée, inspirée et peut-être même l’un des films qui a le mieux compris la présence filmique de l’acteur.
Image
Sidonis propose ici un nouveau master restauré 2K (qui a priori n’est pas identique à celui sorti il y a quelques mois dans les pays anglo-saxons). Le travail est évident du coté de la propreté des cadres, de la fermeté des bords et de la définition générale, même si quelques plans de fondus (entre autres) restent définitivement marqués par un léger flou. C’est du coté de la colorimétrie qu’il y a cependant quelques petits soucis avec des chairs parfois trop boostées, quelques sensations de filtres verdâtres qui perturbent les blancs. Est-ce dû à de mauvais choix des techniciens ou à une source trop abimée ?
Son
Version anglaise et française sont proposée ici. La seconde se montre étonnement la plus efficace dans son mixage (en plus de profité de doubleurs très solides), mais trahis aussi les intentions du film en particulier dans ce final silencieux qui nos chers distributeurs français ont choisi de doubler et d’accompagner du thème de Morricone. On préfèrera alors forcément la mouture en anglais, avec les vraies voix de Bronson, Ireland et Savalas, même si le mix semble un poil plus plat.
Interactivité
Proposé sous la forme d’un Mediabook avec un excellent visuel, La Cité de la violence est donc introduit par un nouveau livret signée Olivier Père. Sur le disque proprement dit on retrouve l’excellent, même si un poil courte, interview de Sergio Sollima enregistrée pour un ancien DVD de Blue Uderground. Un monsieur toujours passionnant qui ne cache pas les faiblesses du scénario original et son intérêt pour le projet essentiellement pour son aspect international. La présence de Charles Bronson, le génie de Morricone font partie des thèmes abordés.
A cela, Sidonis ajoute deux rencontres franco-françaises avec d’un côté François Guérif face caméra et qui opère une présentation plutôt mais efficace du film, et Jean-Baptiste Thoret, en voix off, qui verse plus volontiers dans l’analyse filmique et décortique la narration. Complet même si par curiosité, on aurait bien aimé nous aussi accéder aux montages US et Italien du film disponibles chez nos voisins anglo-saxons.
Liste des bonus
Un livret rédigé par Olivier Père (32 pages), Interview de Sergio Sollima, Présentation du film par François Guérif, « Fragments d’une mort annoncée » par Jean-Baptiste Thoret, Reportage sur le tournage.